Faute de pouvoir lancer une initiative populaire en rangs serrés avec ses partenaires de l’ISCO, le président du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) a préféré organiser un rassemblement en solo cet après midi à la salle Atlas de Bab El Oued (Alger). Il a pu remplir cette salle grâce aux convois de militants qui ont afflué de tous les régions de Kabylie notamment. Ceci pour le décor.
Dans le fond, le parti de Mohcine Belabbas, a réitéré à l’occasion son discours qui consiste à annoncer l’imminence de «l’effondrement du système politique construit sur la cooptation et la corruption». «Notre pays entre dans un moment charnière de son devenir. Jamais les incertitudes et les doutes n’ont pesé aussi lourdement sur la vie politique, économique et donc sociale, c’est-à-dire sur notre quotidien», lance le président du RCD.
Un constat du reste connu de tous notamment de ce parti d’ailleurs qui en fait un leitmotiv y compris durant les années Said Sadi. Cependant ce système tant décrié, à tort ou à raison, résiste curieusement à s’effondrer. Et là, il faut bien que le RCD et tout ceux qui tablent sur la fin de ce système, reconnaissent qu’ils se sont trompés de prédications même sil leur diagnostic parait correct.
Mohcine Belabbas n’a du reste pas manqué de souligner qu’il reste encore des chances de sauver le pays bien que la situation soit d’après lui très difficile. «Certes, le pays vit une crise grave et complexe. Certes, cette crise risque d’emporter la nation si nous restons spectateurs et inactifs. Mais nous savons aussi qu’une crise, même grave et dangereuse, peut être une opportunité pour se remettre en cause, pour agir et donner naissance à une ère nouvelle», a-t-il souligné.
La crise est grave mais…
Qu’est ce qu’il y a lieu de faire ? Pour le RCD il y a des solutions : «Pour nous. Rien ne peut se faire si le peuple ne décide pas souverainement», assène Belabbas dans sa plaidoirie en faveur de la «refondation républicaine». Celle-ci passe d’après lui par une «réorganisation administrative» qui doit redonner du sens aux territoires par la consécration de régions dotées de larges pouvoirs afin d’impliquer le citoyen et de libérer l’initiative et l’innovation.
On le comprend bien, le RCD fait sienne la fameuse «régionalisation modulable» chère à Said Sadi qui semble faire désormais partie des fondamentaux de ce parti. Pour autant le RCD ne divorce pas d’avec l’Etat central comme le fait le MAK par exemple. Le parti de Mohcine Belabbas estime que : «C’est l’Etat unitaire régionalisé qui permet aux citoyens le rapprochement des centres de décisions, une meilleure participation à la gestion de la cité et le sens du devoir et d’appartenance à une communauté».
Réhabiliter la région
Sachant la sensibilité du sujet, le leader du RCD, ajoute : «donner du pouvoir à nos régions signifie aussi un renouveau agricole et touristique qui nous sort d’une dépendance alimentaire dangereuse pour la sécurité du pays». Mieux encore, il appelle à «réhabiliter la fédération des Etats nord-africains voulue par les dirigeants des mouvements de libération» pour inscrire sa «refondation» dans une perspective globale.
Mohcine Belabbas a même appelé à la réouverture des frontières avec le Maroc qu’il justifie par «l’impératif de stimuler la compétitivité et de nourrir le libre débat». Pour lui, cette occurrence, équivaut à «rapprocher les points de vue, additionner les moyens et élargir le marché pour nos usines». Et d’accuser «Ceux qui se braquent, chez nous ou chez nos voisins, contre ce destin» de tirer «bénéfice de l’isolement par la rapine et la confiscation des capacités nationales».
Au final, le meeting du RCD à la salle Atlas lui a surtout servi de baromètre pour jauger l’impact des vagues de démissions enregistrées dans ses rangs ces derniers jours. Pa rapport à cela, ses responsables peuvent pousser un ouf de soulagement quoique…