Ouverture des Entretiens de la Méditerranée à Hammamet, Sur fond de doutes existentiels pour l’UPM

Ouverture des Entretiens de la Méditerranée à Hammamet, Sur fond de doutes existentiels pour l’UPM

La deuxième édition des «Entretiens de la Méditerranée» a été ouverte, hier, à Hammamet, en Tunisie, sur fond d’interrogations existentielles sur l’avenir de l’Union pour la Méditerranée .

Le report du sommet de l’UPMau mois de novembre a plané sur l’ouverture de la rencontre. Les documents préparés pour la rencontre et qu’il était trop tard de retirer ou de corriger portaient l’intitulé générique «7 projets pour le 7 juin». Difficile dès lors d’oublier le fait que le sommet du 7 juin de Barcelone a été un rendez-vous raté.

Le Premier ministre tunisien Mohamed Ghannouchi qui a ouvert les «Entretiens» parrainés par le président Zine El Abidine Ben Ali sans évoquer directement ce report a relevé que le processus euro-méditerranéen «reste en deçà des aspirations» et qu’il a «grandement besoin d’une nouvelle impulsion pour accélérer le pas sur la voie de l’aplanissement des obstacles existants…».

A l’appui de constat, il a relevé que les investissements européens dans le sud et l’est de la Méditerranée restent fort modestes et que les échanges entre les pays du sud sont faibles… Le Premier ministre tunisien invite néanmoins à ne pas céder au pessimisme et à agir. Pour souligner l’importance d’un partenariat euroméditerranéen, il souligne qu’une croissance de 1% du PIB au sud génère entre 0.2 à 0.3% de croissance du PIB au nord et qu’une croissance de 1% en Europe génère entre 0.4 et 0.6% de croissance au sud. Le Premier ministre tunisien a particulièrement insisté sur la question du financement des projets. Le contexte européen incite en effet à se poser des questions sur la volonté de l’Europe de prendre des engagements dans ce domaine.

De l’optimisme, Jean-Louis Guigou, délégué général de l’Ipemed (l’Institut de prospective économique du monde méditerranéen), en a fait beaucoup preuve en estimant que la crise actuelle dans la zone euro incite au rapprochement entre les pays européens et ceux de la rive sud. L’Europe a besoin du sud où la croissance est élevée tandis que le sud a besoin d’un ancrage avec des économies développées et modernes.

Il a insisté à ce propos, en se faisant le porte-voix des entreprises, sur le besoin de sécurisation de l’investissement dans l’espace euro-méditerranéen. C’est la condition préalable à l’accroissement des investissements, estime-t-il

LES 5+5 ET LE NON-MAGHREB

Comme pour conjurer les doutes qui entourent l’entreprise euro-méditerranéenne, le délégué général de l’Ipemed a estimé que les «peurs et les angoisses» ne doivent pas gagner les populations. Mme Elisabeth Guigou, ancienne ministre de la Justice, tout en voulant éviter de trop s’appesantir sur les obstacles politiques considère que la mise en œuvre de projet de partenariat articulé sur des projets concrets est de nature à «surmonter les obstacles».

Elle estime qu’il faut se battre dans le cadre européen pour arracher des financements. Si les interventions ont évité de trop remuer les raisons du report du sommet de l’UPM, l’assistance n’a pas laissé passer l’occasion.

Un journaliste tunisien a estimé excessivement optimiste l’idée que l’actuelle crise en zone euro serait de nature à favoriser le rapprochement entre l’Europe et le sud de la Méditerranée. Certains ont fait valoir qu’il faut cesser de vouloir rassembler tout le monde et qu’il faut «s’engager avec ceux qui sont disposés à le faire». D’autres ont estimé qu’il est vain d’attendre, dans une perspective même moyenne, à une amélioration de la météo politique du Proche-Orient et qu’il faut faire le choix de développer le cadre des 5+5 qui fonctionne actuellement de manière satisfaisante.

Tarek Cherif de l’Institut arabe des chefs d’entreprises tout en notant que chacun pouvait avoir son analyse sur la question mais qu’il faut faire preuve de pragmatisme et parler des projets. Sur le 5+5, Mme Guigou qu’il faut démontrer qu’il fonctionne et que l’on peut sortir des relations bilatérales entre l’UE et chacun des pays maghrébins.

En filigrane, la question du non-Maghreb déjà posée, deux semaines plutôt lors de la rencontre des hommes d’affaires maghrébins, est revenue avec insistance. Plusieurs ateliers sont organisés dans le cadre des ces Entretiens notamment sur le développement durable, la sécurité alimentaire, la mobilité professionnelle et la régionalisation de la mondialisation.

Hammamet (Tunisie): M. Saadoune