OUVERTURE DES COMMERCES PENDANT L’AÏD, Pas de tomber de rideau…

OUVERTURE DES COMMERCES PENDANT L’AÏD, Pas de tomber de rideau…
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Le bilan est mitigé! Ce ne sont pas tous les commerçants qui ont ouvert boutique et, pour ceux qui l’ont fait, ces derniers confient que c’est dû au programme de permanences de l’Ugcaa et non aux menaces du ministre du Commerce.

Une fois n’est pas coutume, le ministre du Commerce Mustapha Benbada a tenu à moitié ses promesses! Les boulangers et les commerces n’ont pas tous baissé rideau pendant les deux jours de l’Aïd. Une situation qui change des Aïds précédents

où faire ses courses relevait du miracle.

Cette fois, le pain et les aliments de base étaient disponibles au grand bonheur des citoyens,

«nous sommes étonnés de trouver des boulangeries ouvertes pendant l’Aïd. C’est déjà une amélioration», nous confie, Safi, un citoyen rencontré le 1er jour de l’Aïd dans une boulangerie d’El Biar.

Ravi d’avoir trouvé du pain, Safi prend néanmoins ses précautions en achetant une double ration. «Je ne fais pas confiance, aujourd’hui (Vendredi), c’est ouvert, demain (Samedi) cela risque d’être fermé. Alors, je suis prévoyant», assure-t-il. Les précautions, Safi n’est pas le seul à les prendre, tous les citoyens rencontrés dans les boulangeries nous ont confié qu’ils ont acheté un peu plus que leur ration habituelle.

D’autres par contre ont carrément pris leurs dispositions la veille de l’Aïd en congelant du pain. C’est le cas de Khalti Ferroudja. «Je connais mon pays et je sais très bien que c’est un véritable parcours du combattant pour trouver du pain ou tout autre produit de base pendant l’Aïd. Alors, j’ai acheté du pain en grosses quantités et je le congèle», rapporte-t-elle.

«Heureusement que l’être humain a inventé le congélateur», ajoute-t-elle. La méthode Ferroudja est la même qu’utilise Hocine. «Mais comme j’ai vu que les boulangeries ont ouvert, j’ai préféré acheter du pain frais et laissé mon pain congelé pour d’autres occasions», souligne-t-il.

Benbada ou l’Ugcaa?

Les citoyens ont donc été agréablement surpris de trouver où pouvoir s’approvisionner. Leur surprise ne s’arrête pas là puisque même le deuxième jour de l’Aïd les boulangeries, pas toutes, étaient ouvertes. Les citoyens y faisaient la queue pour avoir du pain tout frais. Et tout semblait se dérouler normalement. Benbada semble donc avoir réussi son pari. Ses menaces ont-elles fait peur aux commerçants? Pas si sûr que cela car déjà le bilan est mitigé. Ce n’est pas tous les commerçants qui ont ouvert boutique. Et contrairement au centre de la capitale, des citoyens nous rapportent le fait qu’il était difficile de trouver du pain en banlieue. Mais ce n’est pas la seule chose qui remet en cause la réussite du plan «Benbada».

La majorité des commerçants qui ont ouvert nous confient qu’ils ne l’ont pas fait à cause des menaces du ministre du Commerce, mais suite à un plan de garde mis en place en collaboration avec l’Union générale des commerçants et artisans algériens (Ugcaa). Ce plan prévoit l’ouverture de 4000 boulangeries ainsi que 2 à 3 commerces d’alimentation générale par quartier.

«Au lieu de nous menacer, ils auraient dû nous aider à mettre en place ce plan de garde», peste un boulanger rencontré lors de notre tournée dans les artères de la capitale. «Si ça ne tenait qu’aux menaces du ministère, je n’aurai jamais ouvert», rétorque avec colère ce boulanger qui a ouvert son commerce. «On n’a pas peur d’un ministère qui n’est pas capable de réguler le marché et mettre fin à l’informel. Ils n’ont qu’à sanctionner, s’ils veulent», certifie-t-il. «En plus, on sait que ce ne sont que des menaces en l’air. Vont-ils sanctionner les commerçants qui n’ont pas ouvert? Je suis sûr que non, vous verrez», poursuit-il. «Déjà pour vous dire, il faut d’abord qu’il y ait un contrôle pour qu’on sanctionne. Or, même leurs agents de contrôle ont fait le pont. Alors…sans commentaire», estime-t-il.

Les rebelles…

Malgré les menaces et les sommations des autorités, certains commerçants n’ont pas ouvert. C’est le cas de ce boulanger de Ben Aknoun.

Celui-ci explique son refus «d’obtempérer» aux menaces de Benbada par le fait que ses employés sont issus des régions intérieures du pays.

Que voulez-vous qu’on fasse? Obliger de pauvres ouvriers venus des villes de l’intérieur du pays à rester travailler le jour de l’Aïd, alors que c’est le seul jour qu’ils ont pour aller voir leurs proches», se défend-il. «En plus, même si j’ouvre, cela ne sert à rien puisque les commerçants informels nous font de la concurrence», réplique-t-il. «Je me casserai la tête à ouvrir alors que les citoyens préféreront s’approvisionner sur les trottoirs au lieu de faire une longue chaîne d’attente dans ma boulangerie», témoigne-t-il. «Alors oui, je n’ouvre pas «ou yadazou maâhoum» (il font ce qu’ils veulent). Ils sanctionnent s’ils veulent», affirme-t-il. «Qu’ils commencent par combattre l’informel et mettre fin à la concurrence déloyale avant de nous menacer. Le marché est anarchique et ils veulent sanctionner les commerçants qui travaillent dans les règles. C’est quoi ce pays!», fulmine-t-il. La méthode Benbada ne semble donc pas avoir fait effet. Il lui reste l’après Aïd pour se rattraper… Toutefois, cela risque d’être compliqué! l’Ugcaa n’a prévu aucun plan. Les restaurants et autres cafés sont fermés.

Et il semblerait que la plupart vont prolonger leur congé au moins jusqu’à la fin de semaine. Même les fruits et légumes risquent de disparaître des étals. L’Ugcaa a d’ailleurs averti les concitoyens à ce sujet.

Dans une déclaration, mercredi dernier, le porte-parole de cette union des commerçants, Hadj Tahar Boulenouar, «les marchés de gros des fruits et légumes vont être vides à partir de jeudi. Ils ne seront approvisionnés qu’à partir de lundi ou mardi», ce qui veut dire que les détaillants ne pourront s’approvisionner que mardi ou mercredi.

Une semaine blanche se profile donc à l’horizon pour les commerçants. À Benbada de prouver le contraire…