Le président du Front du changement, Abdelmadjid Menasra, a dénoncé, hier, les décisions du pouvoir qui veut faire de l’Algérie avec toute sa grandeur un État contrefaçon.
S’exprimant à l’occasion de la tenue de l’université d’été du Front du changement à l’institut de l’hôtellerie de Boumerdès et en présence de nombreux responsables de partis politiques et l’ancien chef du gouvernement Sid-Ahmed Ghozali, Menasra a mis en garde le pouvoir contre les tentatives de mettre en place un “État contrefaçon, un État démodé loin des principes fondamentaux du 1er Novembre et loin de la grandeur de l’Algérie, de ses institutions, de son histoire et des sacrifices de son peuple”.
L’orateur souligne que son parti n’acceptera jamais une quelconque falsification des fondements de l’État algérien tel que proclamé dans la déclaration du 1er Novembre. Pour Menasra, un État moderne ne peut se construire sans une constitution, fruit d’un consensus et sans démocratie véritable. “C’est faux de dire qu’un État moderne se construit avec une majorité, mais c’est avec un consensus national qu’on peut édifier un État moderne qui respecte la volonté d’un peuple”, affirme-t-il. Et de préciser : “La majorité donne, certes, une légitimité à un parti, mais il ne construit pas un État moderne notamment en ce qui concerne la situation que traverse actuellement l’Algérie.”
Pour sa part, Abderrezak Makri, président du MSP, est intervenu pour tirer à boulets rouges sur le pouvoir qui, selon lui, a mis l’État algérien dans une situation économique extrêmement difficile, voire explosive semblable à celle qui a produit la décennie noire. “Cette situation nous rappelle les années 86 et 88 qui nous ont ramené la décennie noire et il y a un risque que ce scénario se répète”, affirme-t-il.
Pour Makri, président du Mouvement de la société pour la paix (MSP), “le pouvoir a raté une occasion qui lui a été offerte durant quinze ans grâce au prix du pétrole pour mettre en place une économie viable et diversifiée qui aurait pu mettre à l’abri le pays et ses institutions du péril qui nous guette”, a-t-il, expliqué. “Quinze ans sont partis en fumée pour rien, bien au contraire, ces années ont non seulement mis en danger le pays, mais ont produit plus de corruption et plus d’injustice”, a-t-il ajouté. Selon lui, sans consensus et sans démocratie, l’Algérie ne s’en sortira pas, tout en exprimant son pessimisme sur une réelle volonté du pouvoir d’accepter un quelconque consensus. Le président du parti El-Islah a, lui aussi, dénoncé l’immobilisme du pouvoir qui, selon lui, continue à tourner le dos aux partis politiques et en refusant d’engager un vrai consensus national qui permet au pays de sortir de la crise.
Quant à Sid-Ahmed Ghozali, qui s’est exprimé en marge de cette rencontre, il a indiqué que la situation actuelle est le résultat de la faillite du gouvernement qui n’a rien fait pour éviter au pays sa dépendance au pétrole. “Il y a quinze ans, on vous disait que l’Algérie va bien et elle est riche car elle est bien gouvernée, aujourd’hui, on veut mettre dans la tête des citoyens algériens que la situation actuelle est le fait de la baisse du pétrole.” L’ancien chef du gouvernement va revenir aujourd’hui sur le sujet au cours d’une conférence qu’il va animer à Boumerdès.
M. T.