La loi relative à l’ouverture de l’audiovisuel au privé doit inclure des garde-fous précis pour garantir la promotion de la démocratie et le respect des opinions et empêcher les détenteurs de fonds de monopoliser le secteur, ont souligné à l’unanimité plusieurs partis politiques.
Cependant, des divergences ont marqué les positions de ces mêmes partis en ce qui concerne la possession par des formations politiques de chaînes audiovisuelles, les uns estimant que les partis doivent rester à l’écart de ce secteur, les autres ne voyant pas d’inconvénient à ce qu’une chaîne audiovisuelle appartienne à une formation politique tant que cette dernière s’en tient au cahier de charges.
Dans ce cadre, le membre dirigeant du Parti des travailleurs (PT), M. Djelloul Djoudi, a souligné que sa formation politique « ne voit pas d’inconvénient à ce que les partis possèdent des médias, à condition qu’ils s’engagent à respecter le cahier des charges et les dispositions de la loi relative à ce secteur ».
Pour sa part, le responsable de la communication du parti du Front de libération nationale (FLN), Aïssi Kassa, a mis l’accent sur la nécessité d’engager un débat public auquel participeront partis politiques, personnalités nationales et spécialistes en vue de trouver des « mécanismes et des cadres juridiques définissant les missions et le rôle des médias audiovisuels privés dans l’animation de la vie médiatique et politique en Algérie, la consécration de la démocratie, la préservation des libertés et la défense des intérêts stratégiques du pays ».
Dans ce cadre, le chargé de la communication du mouvement Ennahdha, Mohamed Hadibi, a souligné que l’ouverture de l’audiovisuel au secteur privé « doit servir d’outil pour unir les Algériens non pas pour les diviser, consacrer la démocratie, préserver les libertés et contrôler la performance du gouvernement et des assemblées élues ».
Les chaînes privées doivent être « un espace de confrontation d’idées et de programmes et un centre de diffusion de la culture du dialogue et de prise en charge des préoccupations du peuple pour mieux défendre les intérêts du pays et lutter contre tous les fléaux », a-t-il soutenu.
«Une enquête sur le financement de ces médias s’impose avant l’octroi de l’autorisation pour qu’ils ne soient pas instrumentalisés par des groupes d’intérêts ou des parties extérieures ». Pour le président du Front national algérien (FNA), M. Moussa Touati, la nécessité est «de mettre en place des garde-fous pour réguler et administrer ce secteur important afin qu’il ne plonge pas dans l’anarchie médiatique qui est loin de servir la démocratie ».
«Il n’est pas question que le secteur soit ouvert aux détenteurs de fonds aux origines douteuses », a-t-il insisté.
Selon lui la logique veut que soit promulguée une loi qui définisse les modalités de gestion des chaînes télévisées privées et « leur rôle dans la défense des constantes et intérêts du peuple ».
Il a préconisé, à cet effet, la mise en place d’un « code de déontologie de la profession qui délimite les responsabilités du propriétaire d’une chaîne » pour empêcher les détenteurs de fonds de monopoliser le secteur à des fins politiques ou économiques.
Le responsable de la communication du Mouvement pour la société de la paix (MSP), Mohamed Djemaâ, a souligné la nécessité de définir des mesures qui empêchent la mainmise, sur le secteur, « des détenteurs de fonds qui serviront leurs intérêts personnels au détriment du pluralisme médiatique et politique ». Le porte-parole du Rassemblement national démocratique (RND), Miloud Chorfi, considère, pour sa part, que «l’audiovisuel privé doit constituer le moyen d’exprimer et de transmettre les préoccupation de la société ».
« Il doit accompagner les grands projets et chantiers de réformes et apporter des alternatives aux problèmes qui se posent », a-t-il suggéré. Le Front des forces socialistes (FFS) a estimé par le biais de son premier secrétaire, Karim Tabbou, qu’«il n’y avait pas de volonté politique de permettre à l’audiovisuel privé de jouer son rôle conformément aux standards mondiaux et de concrétiser des réformes qui favorisent un changement en Algérie ».
Lakhdari Brahim