L’Assemblée populaire nationale et le Conseil de la nation ont ouvert, hier, leur session printanière, dans une démarche purement protocolaire, puisque se limitant seulement à respecter l’article 118 de la Constitution et l’article 5 de la loi organique définissant l’organisation et le fonctionnement des deux chambres, l’actuelle législature de l’APN, la 6e étant arrivée à son terme et se devant se faire succéder par une autre à la faveur des législatives du 10 mai prochain.
Ce qui a fait que les présidents de l’APN et du Sénat ont mis à profit ce contexte électoral pour présenter, chacun en ce qui le concerne, le bilan de la mandature qui arrive à son terme.
Une mandature pourtant fortement décriée pour avoir été, de l’avis de nombre d’hommes politiques et d’observateurs de la scène nationale, la plus faible de toutes. Ce qui est aux antipodes du bilan que Abdelaziz Ziari et Abdelkader Bensalah ont présenté. Pour le président de l’APN, dont l’allocution s’est faite sur un air d’adieu pour nombre de députés, les bilans de la présente mandature sont meilleurs que ceux réalisés par les précédentes. Et à Ziari de faire part de pas moins de 72 projets de loi avec 4 200 articles, 303 plénières durant dix sessions, 109 réunions du bureau de l’Assemblée, en sus de 26 instructions.
Les députés ont, eux aussi, à contrôler l’action de l’exécutif avec débat sur sa déclaration de politique générale, à constituer une commission d’enquête sur la rareté des produits alimentaires de large consommation, adressé 883 questions écrites, 713 autres orales. Le président de l’APN, louant les mérites de l’Assemblée sortante, a procédé à 339 amendements sur les 2 165 proposés par les députés en rapport aux projets de loi ayant émané du gouvernement. Et au vu des colossales sommes injectées dans le cadre du quinquennat en cours et touchant à divers secteurs, la présente Assemblée a eu, selon son président, le mérite d’avoir réinstauré la loi de règlement budgétaire après 27 ans d’abandon, à l’effet, dira-t-il, de renforcer le contrôle parlementaire sur les énormes dépenses publiques avec, en sus, le renforcement des prérogatives de la Cour des comptes. Dans son bilan, Ziari n’a pas omis de revenir sur ce que la présente Assemblée a accompli comme avancées politiques, à commencer, dira-t-il, par l’amendement de la Constitution qui, dira-t-il, a consacré une place prépondérante à la femme. Le président de l’APN, tout comme Bensalah se sont enorgueillis du fait que les deux chambres aient accompagné les réformes politiques initiées par le président de la République en adoptant, dans l’«urgence», tout un ensemble de textes législatifs, entre autres les lois sur les partis politiques, les associations, celle sur l’information, la loi organique portant régime électoral, etc. Le duo ne s’est pas privé de faire appel à un vote massif lors des prochaines législatives. Vote que le président de l’APN considère comme «un devoir dicté par les valeurs civilisationnelles et républicaines et une obligation qui lui offrira l’opportunité d’adhérer à la construction de son avenir». Ceci au moment où le président du Sénat qualifie ce rendez-vous électoral d’«historique», affirmant que «les partis se partagent la responsabilité dans la sensibilisation des citoyens à l’importance d’accomplir son devoir le 10 mai prochain ».
M. K.
Ils ont dit
Présents, hier, à l’ouverture de la session parlementaire de printemps, Ahmed Ouyahia, Mourad Medelci et Noureddine Zerhouni ont commenté l’actualité. Attentat de Tamanrasset, relations avec la Libye et politique intérieure, les trois responsables sont revenus sur les sujets de l’heure.
Tarek Hafid
Attentat de Tamanrasset
Ahmed Ouyahia : «Le terrorisme est un acte criminel, et cela quelle que soit la dénomination de l’organisation qui a perpétré l’acte criminel contre le siège du groupement de gendarmerie de Tamanrasset. Nous dénonçons cet attentat et espérons un prompt rétablissement aux gendarmes et aux citoyens qui ont été blessés. Nous confirmons que l’Algérie poursuivra sa lutte contre le terrorisme, et ce, quel que soit le nom de l’organisation. L’Algérie combat le terrorisme. Le terrorisme nous a malheureusement frappés encore une fois. Nous continuerons notre combat pour le détruire, qu’il s’appelle Al Qaïda, GSPC ou je ne sais quoi. C’est un ennemi unique et indissociable. Bien entendu, c’est une période (pré-électorale, ndlr) durant laquelle il faut faire preuve de plus de vigilance. Ce sont des criminels. Nous les combattrons et nous les exterminerons. »
Noureddine Zerhouni : «Cet attentat n’est pas étonnant du fait de la situation sécuritaire dans la région (du Sahel).»
Relations avec la Libye
Ahmed Ouyahia : «Les canaux qui nous lient à nos frères libyens sont totalement ouverts. C’est un espace de dialogue fraternel, d’entente et d’échange. De retour de Libye, notre ministre des Affaires étrangères m’a annoncé avoir eu le plaisir de rencontrer son homologue libyen. Nous avons pour objectif de renforcer les liens avec nos voisins et nous n’avons pas à prendre en considération ce qui est rapporté par les médias. Trop de choses sont rapportées (par la presse), mais nous ne sommes pas concernés par ces propos.»
Mourad Medelci : «Il n’y a pas de normalisation avec la Libye car cela signifierait qu’il y a un problème. Nous n’avons rien à normaliser, nous avons des relations normales. Ma visite en Libye était programmée depuis déjà longtemps. Elle fait suite à la rencontre entre le président de la République et le président Abdeljalil. Elle fait également suite à une rencontre entre nos deux Premiers ministres à Addis-Abeba et à la visite de l’importante délégation conduite par le secrétaire général du ministère de l’Intérieur. C’est une étape dans le cadre d’une série de visites que nous allons nous rendre les uns les autres.»
Un futur Premier ministre issu de la majorité parlementaire ?
Ahmed Ouyahia : «Le Premier ministre est nommé par le président de la République. Et un Premier ministre ne peut pas définir les contours du futur Premier ministre.»
Appel au boycott des législatives
Ahmed Ouyahia : «Le boycott ne saurait être un programme politique. J’espère que les partis et les personnalités politiques puissent défendre leurs idées.»
Inscription de 33 000 militaires sur le fichier électoral
Ahmed Ouyahia : «Je regrette cette manière de faire de la propagande par des chefs de partis politiques. Cela touche en premier lieu à la crédibilité de l’Etat et de son armée populaire. Je rappelle qu’au moment de la révision du fichier électoral, ces militaires, la kalachnikov et la bonbonne de gaz sur le dos, portaient secours aux villageois piégés par la neige.»