Après les membres du conseil national et les coordinateurs de wilayas, c’était au tour du bureau du groupe parlementaire du RND d’ouvrir hier, à l’APN, la collecte des signatures en vue du retour d’Ahmed Ouyahia à la tête du parti. Selon des sources, les deux pétitions seront adressées, jeudi matin, à l’actuel SG Abdelkader Bensalah, appelé à céder sa place «sans résistance».
Climat tendu hier, dans la salle de l’Assemblée populaire nationale. Une députée qui visiblement arrivait en retard à la séance plénière consacrée au projet de loi sur le livre, se fait interpeler dans les couloirs par un de ses collègues du RND. Des chuchotements.
Puis la députée élève la voix. «Signer quoi au juste ? je ne comprends plus rien. Je ne vous cache pas que cette histoire m’intrigue… et puisque je suis la dernière à être informée, je ne mettrai pas mon nom dans cette pétition avant de savoir à qui profite réellement cette démarche», lance-t-elle, confuse, à son collègue. Approchée, la députée en question était gênée d’avouer qu’elle vient à l’instant d’apprendre que le bureau de son groupe parlementaire avait ouvert dans la matinée une collecte de signatures pour le retour d’Ahmed Ouyahia à la tête du parti. «Je monte au bureau m’enquérir de l’objet réel de cette pétition… apparemment Bensalah partira de la même manière qu’il était venu», ironise-t-elle avant de s’éclipser.
«Le feu vert a été donné par la Présidence»
Selon une source proche du groupe parlementaire, environ 210 membres du conseil national du RND ainsi que des coordinateurs de wilayas ont déjà signé la pétition pour le retour d’Ouyahia.
«Chaque bureau de wilaya a fourni séparément ses signatures. Le dernier en date, celui de Médéa, dimanche dernier. Le tout est déjà assemblé au bureau du groupe parlementaire du parti», révèle notre source. Chose faite, la seconde étape consistait ainsi à lancer une autre pétition regroupant les signatures des parlementaires RND des deux chambres (APN, Sénat). Une réunion regroupant les députés et sénateurs RND était prévue ce mardi (aujourd’hui ndlr), à 14h, pour la signature de la pétition.
Finalement, ordre a été donné d’annuler cette démarche qui risque de faire trop de bruit. Il a été convenu d’ouvrir les signatures d’une manière individuelle au bureau du groupe parlementaire du parti. Le dernier délai est fixé au mercredi soir. Les deux pétitions seront adressées à Abdelkader Bensalah jeudi, dans la matinée, «pour céder sa place sans résistance.
La seule option qui peut s’offrir à lui est de démissionner en douce, tel fut le cas d’Ouyahia le revenant», explique notre source. Mais pourquoi le retour d’Ahmed Ouyahia qui a fait lui-même l’objet d’une large contestation, avant de démissionner du parti en janvier 2013 ? Dans la forme, notre source explique qu’il est reproché à Abdelkader Bensalah de gérer le parti comme l’on gère une administration : «Le RND est complètement absent de la scène politique au moment même où l’actualité nationale est bouillonnante.
Le parti ne compte presque plus d’activités politiques et militantes et ne joue plus son rôle d’un des remparts forts du pouvoir, face à la montée en puissance, ces derniers temps, de l’opposition. Plusieurs évènements ont eu lieu récemment et Abdelkader Bensalah n’a pas jugé utile de rendre public ne serait-ce qu’un communiqué de presse pour mieux situer la position du parti. Il faut dire aussi que sur le plan interne, il n’a pas eu la poignée forte pour désigner les coordinateurs de wilayas, et ce depuis le dernier congrès du parti. A trop craindre de mécontenter les uns et les autres, il a fini par réunir tout le monde contre lui.»
Sur le fond, avoue notre source, l’équation est plutôt simple : «Croyez-vous que les parlementaires RND des deux chambres auraient entrepris de leur propre initiative la récolte des signatures ? Le feu vert a été donné par la présidence de la République. Abdelkader sera bientôt destitué de la présidence du parti. Ahmed Ouyahia reprendra les rênes du RND.»
M. M.