La campagne électorale pour les élections locales du 29 novembre prochain, en vue du renouvellement des assemblées communales et wilayales, démarre dimanche en Algérie avec, en compétition, 52 partis politiques et 179 listes indépendantes. Les panneaux d’affichages destinés à accueillir les listes des candidats ont de nouveau refait leur apparition sur les places publiques, les grandes avenues des villes et villages pour permettre aux électeurs de choisir leurs futurs représentants.
Au total ce n’est pas moins de 185.187 candidats qui sont en lice pour siéger dans les 1541 Assemblées communales et les 48 Assemblées de wilaya, selon le chiffre du ministère algérien de l’Intérieur qui assure que « toutes les conditions administratives et logistiques sont réunies pour un déroulement normal de cette élection ». « Le score des candidats, des partis ne nous intéresse pas en tant qu’administration, ce qui nous intéresse en revanche c’est d’avoir à asseoir des élections crédibles, transparentes, bien organisées et sans incidents », estime Mohamed Talbi, directeur des Libertés publiques et des affaires juridiques au ministère de l’Intérieur dans un entretien, dimanche au quotidien Liberté.
Mais au-delà du souci d’organisation, le ministère de l’intérieur redoute en creux surtout un faible taux de participation pour une élection qui ne passionne pas traditionnellement les algériens, quand bien même il s’agit d’assemblées locales en charge de la gestion directe des affaires des citoyens. Ainsi l’universitaire Mohamed Saidji, interrogé par Algérie1 considère, « ces élections seront une copie des précédentes, c’est-à-dire sans grand intérêt pour les citoyens qui savent que les élus locaux n’ont aucun pouvoir de prendre la moindre décision sans le consentement du représentant de l’exécutif au niveau local ».
En effet, le maire comme le président de l’APW départementale, quand bien même élus au suffrage universel, restent placés sous la tutelle du chef de l’exécutif qui reste l’ordonnateur principal s’agissant de la politique locale , notamment pour ce qui est des investissements et des dépenses.« Plus de compétences pour les élus locaux » a été une revendication permanente des partis politiques depuis de très longues années. Malheureusement cette revendication, qui s’inscrit pourtant dans une tendance universelle de la démocratie de proximité, n’a pas trouvé un écho favorable chez les députés du parlement sortant, à majorité FLN –RND qui ont préféré gardé un code (communal et de wilaya) d’inspiration centralo-bureaucratique.
Donc pour le pouvoir local des élus, ce n’est pas encore demain la veille. Avec des élus sans compétence, le citoyen ne voit pas vraiment l’intérêt de ces élections locales. Ce qui fait prédire au politologue Mohamed Saidji une forte probabilité d’abstention, d’autant plus ajoute t-il que les réformes politiques promises par le président Bouteflika sont loin de se traduire avec toute l’envergure qu’il faut sur le terrain. « Les réformes politiques promises par le président Bouteflika pour empêcher l’occurrence du printemps arabe en Algérie ne sont qu’une opération cosmétique. Rien n’a fondamentalement changé après les législatives du 10 mai 2012 et pourquoi voulez-vous que les algériens aillent voter, sachant que les élus n’ont aucun pouvoir », argumente t-il.
Doute des partis politiques
« Les changements espérés par les citoyens ne sont pas venus. Cela explique peut être le manque d’enthousiasme des citoyens pour cette échéance électorale », soulignait pour sa part Ali Laskri, Premier secrétaire du Front des forces socialistes(FFS), un parti de l’opposition démocratique, lors d’une conférence de presse animée samedi. Du côté des islamistes, encore sonnés par leur déroute lors des législatives du 10 mai, avec à peine une cinquantaine de députés sur les 462, alors qu’ils escomptaient décrocher la majorité, en tablant sur un effet domino du printemps arabe, c’est le doute qui prévaut au démarrage de cette campagne électoral.
« Nous allons participer avec 653 listes pour les communes et 45 sur 48 pour les départementales, avec des alliances au niveau locale juste pour ne pas pratiquer la politique de la chaise vide », affirme de son côté le chef du MSP qui ne se fait pourtant guère d’illusions sur les « intentions » du régime algérien « à reconduire le statut quo » . Un statut quo qui pourrait se traduire par la même configuration du rapport de force politique , c’est-à-dire avec les deux partis du système dominant et des partis islamistes et démocrates comme force d’appoint pour donner un peu de vraisemblance au pluralisme politique en panne de souffle.