Ouverture de la 8ème édition du Festival de DimaJazz de Constantine

Ouverture de la 8ème édition du Festival de DimaJazz de Constantine

Sa musique métissée a un effet sur tous les esprits. L’Orchestre national de Barbès (ONB) a fait entrer en transe le public constantinois jeudi soir au Théâtre régional de Constantine (TRC).

C’est un nouveau goût musical, pour le diwan, le gnawi, le raï… le tout bien mixé et accentué par des riffs reggae, salsa et zouk, qui se révèlent aux adeptes du Festival international de DimaJazz dans sa huitième édition.

Se produisant pour la première fois en Algérie, cette troupe franco-maghrébine aura tout simplement enflammé la scène tant le live demeure sa prédilection.

Les onze musiciens, dont le fondateur et bassiste du groupe, Youcef Boukella, ont subjugué la jeunesse. Plus qu’une pause musicale, c’est une nostalgie profonde exprimée en danse. Leurs paroles parlent d’amour et revendiquent un monde sans frontières.

Avec son Salam Alikoum, l’ONB n’a laissé aucun mélomane insensible à ses percussions endiablées colorées par des contretemps.

Placée sous le thème «Centenaire de Django Reinhardt», célébré dans différentes capitales du monde, cette 8ème édition du DimaJazz, pour sa première soirée, n’a offert aucun phrasé jazz.

Les puristes n’ont pas trouvé le noyau jazzy auquel la manifestation est dédiée. Choix du programme ou stratégie s’inscrivant dans l’universalité de la musique.

«Franchement, je me suis déplacée pour suivre un concert de jazz pas de gnawi ou de raï», dira une femme qui espérait mieux pour la soirée d’ouverture, mais reste optimiste compte tenu de la variété du programme.

Il est vrai que la musique s’est fusionnée spectaculairement ces dernières années.

Mais est-ce une raison pour sacrifier la thématique originelle qui fonde le festival ? C’est une question à soulever, même si ce n’est pas l’avis de tous ceux qui ont attendu dans une file avant l’ouverture du TRC pour se procurer le ticket faute d’invitation.

Il importe de souligner que le public constantinois n’est pas fait que de puristes rigoureux.

Nombreux sont ceux qui ne demandent que des concerts de qualité, et peu importent les thèmes retenus. Ce que le DimaJazz leur procure. De fait, le TRC a tremblé doublement jeudi soir.

La qualité de la prestation de l’ONB et le déchaînement d’une jeunesse en manque de distractions donnaient un aspect de grande fête. A l’extérieur, sur la place de la Brèche, l’écran géant installé par les organisateurs avait autant d’effet.

Une foule était agglutinée.

«Je vous envie», devait avouer la chef de cabinet du ministère de la Culture, Mme Zehira Yahi, qui avait inauguré la manifestation en présence des autorités locales, dont le wali.

Une petite phrase qui dit le niveau de la qualité du DimaJazz qui se bonifie et progresse d’année en année, au fil des éditions. La représentante du ministère qui finance le festival institutionnalisé a réitéré la volonté de son département à poursuivre son soutien pour le pérenniser. Toutefois, elle ne manquera pas de soulever l’absence d’une grande salle de spectacles à Constantine.

«La capitale de l’Est bénéficiera lors du programme quinquennal d’une salle de 6 000 places. Il y avait beaucoup de personnes à l’extérieur qui n’ont pu avoir de siège, car le TRC reste exigu pour ce genre de festivités», a-t-elle fait remarquer.

En l’espace de deux éditions, Constantine aura été destinataire de deux messages.

Le premier, du wali qui inscrivait un projet d’opéra, et le deuxième sera cette annonce du ministère.

Au final, le DimaJazz, en plus d’apporter de la joie à des centaines de fidèles qui le suivent depuis huit ans, aura permis de mettre en évidence la nécessité d’une infrastructure dont le besoin se fait sentir depuis des années sans que cela ait pour autant décidé les responsables, tant locaux que centraux, à s’en occuper. C’est aussi cela l’impact d’un festival quand il est bien encadré et organisé.

Nasser Hannachi