L’octroi d’une pension de compensation, l’application des textes de loi quant à la gratuité des transports, la révision de la loi-cadre de mai 2002 et la prise en considération des personnes handicapées dans l’élaboration des textes législatifs relatifs à leur insertion et la promotion de leurs droits, ont toujours été les principales revendications.
En sus de ces réclamations, les non-voyants exposent aujourd’hui un autre problème qu’ils qualifient de « grave ». Il s’agit, selon M. Abdel Ghani Abdouch, non-voyant, président de l’Union des Franco-Algériens, du manque d’accessibilité en général et particulièrement administrative. Selon notre interlocuteur, l’administration algérienne n’accorde pas tout l’intérêt à ce « handicap lourd » et ne considère pas, dira-t-il, les non-voyants comme des personnes normales ayant des capacités en matière d’acquisition des connaissances, de savoir et d’autonomie. M. Abdouch s’est plaint d’un problème rencontré dans un établissement bancaire. « Pour ouvrir un compte bancaire, les non-voyants sont contraints d’être accompagnés par un tuteur » légal. Selon lui, un non-voyant ne peut pas faire une transaction bancaire (retrait ou épargne) sans la présence d’un tuteur, c’est ce qui lui a été dit au niveau des banques. « Pour l’ouverture d’un compte, les non-voyants déposent un dossier au même titre qu’une personne valide », dira-t-il. Seul point noir, a-t-il soulevé : « Au moment de la signature, les responsables vous demandent un accompagnateur. Pourquoi un tuteur quand le non-voyant est majeur, cadre supérieur dans une entreprise nationale et est autonome ? », s’est-il interrogé. « Cette mesure est une offense à la personne non-voyante », s’est-il révolté. Pour lui, l’Algérie a signé en 2010 la convention internationale des droits des personnes handicapées leur permettant d’évoluer en toute liberté et d’avoir accès à toutes institutions que ce soit sur le plan administratif, formation, étude et autres. « Un non-voyant peut devenir autonome et bénéficier des mêmes prestations que les personnes valides sans pour autant qu’il ait un tuteur sauf si c’est un choix », a-t-il expliqué. « C’est anachronique », dira-t-il encore. Les différents établissements bancaires de l’Algérois (Banque Extérieure d’Algérie (BEA), Crédit Populaire Algérien (CPA) ainsi que la Banque Nationale d’Algérie (BNA), n’ont pas nié cette « ségrégation » entre les personnes valides et handicapées. Selon les responsables rencontrés au niveau de ces structures : « C’est la réglementation bancaire qui exige la présence d’un tuteur aux côtés de la personnes invalide », dira un employé à la BNA. « Au moment où le non-voyant se présente pour l’ouverture d’un compte bancaire, il devra présenter un document notarié (procuration) dans lequel figure la personne autorisée à avoir un œil sur le compte de la personne invalide », a expliqué une autre employée à l’agence CPA Che-Guevara. Pourquoi ne laisse-t-on pas le choix au non-voyant de décider lui-même d’avoir un tuteur ou pas ? Avec cette réglementation, ne pousse-t-on pas les handicapés à demeurer d’éternels assistés alors qu’ils sont des citoyens à part entière ?
Rym Harhoura