Ouverture aujourd’hui du 9e Festival international du théâtre de Béjaïa : Une édition dédiée à la condition féminine

Ouverture aujourd’hui du 9e Festival international du théâtre de Béjaïa : Une édition dédiée à la condition féminine

Écrit par Khedija Arras

Le coup d’envoi de la 9e édition du Festival international du théâtre de Béjaïa  est prévu, aujourd’hui, au Théâtre régional de Béjaïa Abdelmalek-Bouguermouh, sous le thème générique «Propos de femmes »  avec au programme, huit spectacles dont plus de la moitié est dédiée à la condition féminine.

«Valoriser et promouvoir le talent féminin et mettre à contribution le théâtre pour dire la condition féminine et les émotions qu’elle cache est l’objectif du festival », explique Slimane Benaïssa, le commissaire de cette édition. A  ce sujet, il citera plusieurs pièces représentatives à l’instar de la pièce «Le petit boucher » de Stanislas Cotton, ou «Une histoire irlandaise» de la Franco-irlandaise, Kelly Rivière, qui constituent «des concentrés tant elles rendent compte de leurs silencieuses tragédies», rapporte l’APS.

Satire, drame ou comédie, chacune des œuvres proposées entend lever le voile, en effet, sur des émotions, des visions de l’existence et des destins féminins qui ne sont pas forcément de même nature, mais qui traduisent des douleurs, ressentis, silences, rêves et des espérances identiques. Des histoires intemporelles et partagées sous toutes les latitudes et qui résonnent à chaque fois comme un appel d’air humain pour plus de justice, équité et d’équilibre sociétal.

A l’évidence, les pièces choisies n’interrogent pas sur la condition féminine, mais rendent la parole à celles qui en sont victimes pour dire des choses qui sont tues en choisissant pour le faire la voie de la dérision et de l’humour, voire du fatalisme. Dans «Le petit boucher », qui évoque les effets des affres de la guerre sur les femmes, «Félicitée», tombée enceinte après un viol, n’en discoure pas sur sa douleur et sans honte, mais focalise sur son souci de préserver son entourage du scandale qui l’accable. Une attitude, en somme, qui emprunte de la grandeur au personnage, mais qui n’enlève rien à l’intime douleur de sa tragédie.

Et le cas vaut aussi pour les héros de «Zokwezo», de la Suissesse Silvia Barreiros et du Congolais Julien Mabiala Bissila qui, confrontés au regard hostile et incompréhensible des autres, vont devoir vivre l’enfer pour donner suite à leur relation amoureuse. L’une est blanche de peau et mère adultère de quatre enfants et, l’autre, noir et homosexuel, vont s’occuper à penser aux autres même s’ils ont tort. Il en sort, évidemment, une fresque humaine colorée certes, mais d’une solitude intérieure bouleversante.

En fait bien que les histoires soient différentes et diverses, parmi lesquels il y est inclus, «Splendides exilées», d’Arezki Métref, et «Désacralis-ément lucides très lucides» de Tiziana Troja et Michela Sale Musio d’Italie, le programme met en lumière, sur les planches, des restitutions de paroles, un tour de piste de plusieurs horizons, distrayant et utiles pour mieux entrevoir l’avenir. La femme en est un de ses artisans.

Pour l’occasion, sur un autre registre, deux pièces algériennes sont attendues. Il s’agit de «H’zam el ghoul», de Abdelmalek Bouguermouh en 1989, revue et affinée par Mouhoub Latrèche en 2017, et «Mabkat Hadra» de Mohamed Cherchal, primée au Festival du théâtre professionnel d’Alger en 2017.

Cette 9e édition sera, par ailleurs, animée par des masters class, des séances de lecture de pièces et des conférences universitaires sur le théâtre, le tout ponctué par un hommage au comédien Sid-Ahmed Aggoumi.