Ouverture aujourd’hui de la session d’automne de l’APN,Les réformes politiques au menu

Ouverture aujourd’hui de la session d’automne de l’APN,Les réformes politiques au menu

La session d’automne du Parlement s’ouvre solennellement aujourd’hui. Une session au cours de laquelle les députés et les sénateurs auront la lourde responsabilité d’avaliser ou de rejeter les textes de loi devant asseoir le lit juridique des réformes politiques telles que conçues par le président Bouteflika.

Pas moins de six projets de loi très engageants devront atterrir sous peu sur le bureau de l’Assemblée populaire nationale (APN). A en croire le ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci, invité jeudi d’Elkabache sur Europe I, la mise en branle effective des réformes politiques annoncées interviendra dans une quinzaine de jours. Ce qui laisse déduire que l’exécutif s’est attelé à la tâche avec abnégation, ressentant certainement l’urgence de passer à l’acte concret après les discours annonciateurs de l’engagement d’une nouvelle ère politique en Algérie.

Il faut souligner que le pouvoir algérien, menacé, comme le reste des pouvoirs autoritaires, par les vents de changements qui soufflent sur la sphère arable, ne s’est pas découvert une subite volonté politique de promouvoir des réformes démocratiques. D’ailleurs, ce serait allé trop vite en déduction que de qualifier les réformes promises de démocratiques. Il est aisé de se faire une idée sur la nature des réformes politiques que le pouvoir entend entreprendre à la lecture des avant-projets de loi concoctés par l’exécutif. Il en ressort en effet que le pouvoir reste foncièrement partisan du statu quo. A tel point que même les adeptes du «changement en douce» se sont surpris à ruminer des regrets de s’être laissés séduire par l’annonce présidentielle du printemps dernier.

Abdelhamid Mehri, pour ne citer que lui, doute sérieusement de la volonté du pouvoir à aller vers des changements tels que réclamés par la société au tout début de l’année. L’opposition démocratique, quant à elle, n’a pas attendu la confection des avant-projets de loi pour dire tout son scepticisme relativement aux chantiers que le chef de l’Etat a promis de lancer.

Et elle a raison de n’avoir pas applaudi. Rien, dans tout ce qu’elle a confectionné comme textes juridiques, ne crédite le pouvoir d’une volonté d’être en phase avec les aspirations de la société. Plutôt qu’un large débat autour des réformes promises, le chef de l’Etat s’est suffi d’organiser la récolte de mémorandum auprès de ses clientèles. Une mission confiée au président du Sénat. Un vaudeville, en fait, auquel l’opposition politique s’est vite éveillée. Et elle aurait certainement ri, si ce n’était le dramatique de la situation. Car, dans la lettre de mission de la commission Bensalah, il était lisiblement écrit que c’est le chef de l’Etat qui déciderait en dernier ressort de ce qu’il y a lieu de faire. Les avant-projets de loi relatifs à la wilaya, au régime électoral, aux associations, aux partis politiques ne traduisent pas les avancées attendues. Ce que l’opposition politique a dénoncé. Quant à la loi sur l’information, dont la révision est intégrée dans le lot des lois à soumettre au Parlement, elle reste liberticide, puisque le département de Nacer Mehal a maintenu des dispositions stipulant l’emprisonnement des journalistes pour des faits diffamatoires, ceci alors que, dans un précédent acte législatif, la dépénalisation du délit de presse a été opérée à travers la révision du code pénal.

Et si ce nouvel arsenal juridique ne prend pas en compte les revendications démocratiques de la société, qu’en sera-t-il alors de la prochaine Constitution ? Il est fort à parier qu’elle ne sera pas révolutionnaire. Paradoxe algérien : la révision de la Constitution interviendra comme un acte ultime des réformes politiques alors que ce devrait être l’acte fondateur.

S. A. I.