C’est à 17h aujourd’hui que le président Sarkozy coprésidera avec le Premier ministre britannique David Cameron la conférence sur la Libye. Parfois nommée conférence sur la Libye, d’autres fois désignée «conférence des amis de la Libye, l’appellation n’est pas précise, mais pour Sarkozy l’événement est de taille.
Si ses invités et notamment les grosses pointures — la Russie et la Chine — ont finalement répondu oui à son invitation, c’est une première victoire. La deuxième est naturellement la victoire sur le terrain en Libye et la troisième, enfin, est incontestablement son blason qui en sort redoré en politique étrangère et il en a bien besoin.
Environ 60 représentants et personnalités étrangères de «haut niveau» seront présents ce soir à la conférence sur l’après-Kadhafi, assure le Quai d’Orsay. Le secrétaire général des Nations unies devrait être de la partie, tout comme Hilary Clinton ou la chancelière allemande, Angela Merkel.
Si la liste des participants n’est pas totalement bouclée (au moment où nous mettons sous presse), l’on apprend toutefois qu’au moins deux grands pays jusque-là réticents répondront finalement à l’invitation : la Russie d’abord qui s’était abstenue de vote de la résolution 1973 de l’ONU qui avait permis l’intervention militaire en Libye et avait refusé de reconnaître le CNT sera finalement représentée cet après-midi par Michaêl Marguelov, l’émissaire spécial du Kremlin pour l’Afrique. Quant à la Chine, autre pays s’étant lui aussi positionné contre l’intervention étrangère en Libye, elle vient d’annoncer que son vice-ministre des Affaires étrangères la représentera. Mieux encore, le porte-parole des AE chinois a déclaré que la Chine «est prête à jouer avec la communauté internationale un rôle actif dans la reconstruction de la Libye». Autrement dit, ce n’est pas aux seuls membres de la coalition et à ceux qui ont voté la résolution du Conseil de sécurité de partager le gâteau de la reconstruction libyenne. Mais justement de quoi vat- on discuter à la grand-messe de cet après-midi ? «Ce n’est pas une conférence de levée de fonds, mais plutôt d’appui, de soutien, de mobilisation mais aussi d’écoute de ce que les Libyens ont à dire ou à demander à la communauté internationale.» Là est la réponse officielle du Quai d’Orsay qui ne rate aucune occasion pour rappeler que l’État français a été le premier à reconnaître le CNT. Les Libyens d’ailleurs le lui rendent bien dans la mesure où le CNT a d’ores et déjà annoncé (voir Soir d’Algérie du 27 août) que ne profiteront de la reconstruction que ceux qui ont accompagné ou reconnu le CNT dans sa révolution. Pour Nicolas Sarkozy, qui traîne encore la casserole de l’invitation et l’accueil en grande pompe du dictateur libyen, c’est là l’occasion d’effacer à jamais cette image et dans la foulée de faire oublier aussi la position de la France et son soutien aux anciens dictateurs tunisien et égyptien.
C’est si vrai, que la conférence d’aujourd’hui, qui, là aussi, rappellent en permanence les officiels de l’Hexagone, se tient à l’initiative de la France, trouvera également écho lors d’une autre rencontre, celle annuelle des ambassadeurs qui se tient depuis hier et se poursuivra jusqu’à demain (2 septembre). Le thème, pour faire redondance et appuyer les efforts français pour marquer les esprits, est cette année «Le printemps arabe et son impact sur l’action diplomatique et les moyens d’accompagnement ». C’est le premier point de l’ordre du jour de cette année pour les 181 chefs de missions diplomatiques français. Cette conférence permettra- t-elle aussi et plus globalement comme annoncé par les officiels français «d’élaborer une feuille de route de la communauté internationale pour accompagner la transition en Libye» et surtout de quelle nature sera cette feuille de route ? Seulement économique et consacrée aux seuls projets de reconstruction qui pourraient donner du grain à moudre aux économies en déclin ? Nous le saurons très bientôt.
K. B.-A.
Réaction du Quai d’Orsay à l’accueil par l’Algérie de la famille de Kadhafi
Quelle est la réaction officielle de la France suite à l’accueil par le pouvoir algérien de la famille de Kadhafi ? C’est la question posée par un journaliste au porte-parole du Quai d’Orsay qui a répondu : «Nous n’avons pas de commentaire particulier si ce n’est d’appeler les Algériens et les Libyens à prendre les mesures les plus appropriées concernant le sort de ces personnes.» Et lorsqu’il lui est demandé de préciser quelles sont «ces mesures appropriées », le porte-parole esquive totalement la question. Et la France, a-t-elle été surprise de voir les membres de la famille Kadhafi en Algérie ? «Nous n’avons pas à être surpris ou pas, mais à travailler sur la réalité telle qu’elle se présente à nous.» Quant à savoir si la France exerce des pressions sur l’Algérie pour qu’elle reconnaisse finalement le CNT, une autre question de journaliste, le porte-parole a eu cette réponse, attendue d’un diplomate : «Ce n’est pas à nous de dire aux Algériens et aux Libyens ce qu’ils doivent faire. C’est à eux d’évoquer cette question. Nous ne fonctionnons pas avec des pressions, mais sur le mode de la responsabilité partagée».
K. B.-A.
Aïcha Kadhafi quitte l’hôpital de Djanet
Aïcha, la fille de Mouammar Kadhafi, qui a accouché d’un fille mardi, devait quitter l’hôpital de Djanet hier, a rapporté, hier en début d’après-midi, l’agence AFP qui cite une source gouvernementale algérienne. «Aïcha doit sortir à 16h (15h GMT) de l’hôpital où elle a accouché», a déclaré cette source à l’AFP sous couvert de l’anonymat. La fille de Kadhafi, qui a accouché mardi très tôt à l’hôpital de Djanet (2 300 km au sud-est d’Alger), a eu une petite fille, Safia. «Toutes deux sont en très bonne santé», a ajouté ce responsable qui n’a pas voulu fournir de détails supplémentaires sur la présence de la famille Kadhafi en Algérie, explique l’AFP.