Les pays développés et les Etats émergents se retrouvent, à nouveau, autour d’une nouvelle table de concertation.
De nouvelles divergences éclatent au grand jour, opposant les Européens aux Américains, les uns brandissent la pancarte de la rigueur budgétaire, tandis que les autres réfléchissent à de nouveaux mécanismes de soutien à la croissance
Le nouveau sommet du G20 qui s’ouvre aujourd’hui à Toronto (Canada) intervient dans un moment crucial, marqué surtout par le dérèglement de la finance européenne, né d’une crise grecque qui s’est avérée contagieuse. Le contexte mondial se caractérise aussi par une croissance qui ne décolle pas encore concrètement en dépit de tous les plans de relance mis en marche au temps d’une crise financière et économique aiguë.
Animés quelque peu par une espèce d’« égoïsme », les Américains veulent éviter coûte que coûte que leurs partenaires européens n’étouffent la reprise économique naissante en imposant le tout nouveau concept de rigueur budgétaire. D’ailleurs, le président américain Barack Obama a appelé, hier, les pays du G20, à prendre des mesures pour poursuivre les réformes et faire repartir la croissance économique mondiale, reléguant ainsi les préoccupations des Européens au second palier.
« Ce week-end à Toronto, j’espère que nous pourrons nous appuyer sur ces progrès en coordonnant nos efforts pour favoriser la croissance économique, continuer les réformes financières et renforcer l’économie mondiale », a souligné le président américain, lors d’une allocution prononcée à la Maison-Blanche. Pour ainsi dire, le dirigeant de la première puissance mondiale n’est pas allé par quatre chemins pour afficher clairement la position des USA. « Nous devons agir de concert pour une raison simple : cette crise a prouvé – et les éléments continuent de le démontrer – que nos économies nationales sont inextricablement liées », a-t-il dit. « Et la tourmente économique peut facilement se propager », a affirmé M. Obama, arrivé au Canada renforcé par l’accord trouvé, dans la nuit, au Congrès sur un projet de réforme de la régulation financière.
Barack Obama est déterminé ainsi à s’imposer dans le débat par sa seule carte de favoriser davantage la reprise de l’économie mondiale, renvoyant aux Européens leurs « angoisses » financières, issue de la crise grecque qui s’est répandue comme une traînée de poudre à travers certains Etats du vieux continent. De son côté, le secrétaire américain au Trésor, Timothy Geithner, a ainsi appelé, hier, l’Europe à « faire le choix de mettre en œuvre des réformes et des politiques susceptibles de déboucher sur des taux de croissance plus élevés à l’avenir ». Mis ainsi au pied du mur, les Européens, eux, cherchent une caution crédible aux politiques d’austérité décidées ces derniers mois en Allemagne, en Grande-Bretagne ou en France.
Les pays européens ont décidé de réduire de manière considérable leurs déficits, en s’imposant un train de vie si drastique qui pourrait compromettre le projet américain de stimuler la croissance par la consommation. Le président du Conseil européen, Herman Van Rompuy, a tenté, tant bien que mal, de rassurer les Américains en estimant que si l’Europe entend bien réduire ses déficits, elle le fera en donnant « la priorité à des stratégies favorisant la croissance », ajoutant que c’était « la confiance » qui assurerait la croissance en Europe.
La position européenne a été défendue, hier, par la chancelière allemande Angela Merkel qui a réaffirmé, devant la presse à Huntsville (Canada), où se tient le sommet du G8, qu’il était « temps de réduire les déficits ».
Cependant, les Américains n’entendent pas croiser les bras face à cette position de l’Europe en passe de s’ériger tel un fait accompli. Pour les Américains, la rigueur budgétaire est un problème propre aux Européens, mais au sommet du G20 ils envisagent de défendre l’idée de propulser davantage la locomotive de la croissance économique.
Par Ali Titouche