Plusieurs universitaires, chercheurs et syndicalistes ont qualifié cette circulaire de « pénalisante » et portant atteinte à toute la communauté universitaire.
Le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique est sorti, hier, de son mutisme pour apporter « sa propre lecture » de la circulaire n°628 du 18 mai 2010 relative à la participation des universitaires aux manifestations scientifiques organisées à l’étranger.
Dans une conférence de presse animée à cet effet, Saïdani Arezki, directeur de la coopération et des échanges universitaires au ministère, a démenti l’information faisant état de la restriction de la participation de chercheurs algériens aux congrès à l’étranger : « Nous tenons à rassurer la communauté universitaire qu’aucune restriction n’a été imposée à cet égard et que l’ensemble des enseignants continue, et sans restriction aucune, à prendre part à des manifestations à l’étranger. »
Plus loin, le conférencier s’est carrément contredit en reconnaissant « ouvertement » que la circulaire n’encadre pas uniquement la participation des universitaires algériens à l’étranger mais également l’organisation de manifestations scientifiques en Algérie, l’accueil de professeurs visiteurs étrangers en Algérie, l’organisation de relations de coopération avec les partenaires étrangers, l’inscription des étudiants et stagiaires étrangers en Algérie et l’organisation de déplacements dans le cadre de missions officielles à l’étranger.
Dans ce secteur, les universitaires devraient prendre leurs dispositions six mois à l’avance pour organiser en Algérie un congrès, un colloque, une conférence ou des journées d’études, en déposant un « dossier technique » et attendre la réponse, dans un délai d’un mois. Dans tous les cas de figure, la note du ministère rend obligatoire le passage par la direction de la coopération et des échanges interuniversitaires du ministère de tutelle !
Six mois pour organiser un colloque
Dans sa mise au point adressée plus particulièrement à ceux qui se sont élevés contre la circulaire, M. Saïdani a fait remarqué que la participation à des séminaires ou des rencontres scientifiques et technique susceptibles de contribuer au développement de l’organisme concerné demeurent plus que jamais des domaines d’intérêt et de priorité pour le secteur.
Le département de Harraoubia, par la voix du directeur de la coopération, a rappelé que la majorité des champs disciplinaires ne pose aucun problème. Seulement, explique-t-il, la circulaire a attiré l’attention des enseignants sur la participation à des manifestations organisées, sous le couvert scientifique, par des lobbies et ayant un caractère sensible sur la politique étrangère et les intérêts nationaux, qui peuvent amener les participants, à travers des pétitions et des motions, à prendre des positions contraires aux intérêts nationaux.
C’est pour cette raison, précise M. Saïdani, que le ministère a demandé à être informé sur le cas de participation à des manifestations pouvant revêtir un caractère sensible afin de se prononcer sur son opportunité et d’organiser la concertation avec le ministère des Affaires étrangères. L’objectif est de permettre à l’enseignant de disposer de toutes les informations nécessaires et utiles avant son déplacement. Notons que plusieurs universitaires, chercheurs et syndicalistes ont qualifié cette circulaire de « pénalisante » et porte atteinte à toute la communauté universitaire. Les responsables du ministère n’ont pas caché que certains universitaires ayant participé à un colloque au Maroc ont tenu des propos qui iraient à l’encontre de la politique du gouvernement et des intérêts de l’Etat : « Lorsqu’un enseignant universitaire ou un étudiant bénéficie d’une prise en charge pour participer à une manifestation à l’étranger, il ne doit pas ternir l’image de l’Algérie. »
M. Saïdani est revenu par ailleurs sur le nombre de bourses et de stages octroyés par le ministère pour l’année 2010 : « Nous avons mobilisé 24 995 bourses et 1000 stages d’un mois en 2010, dans le cadre de la coopération, qui touchent 65 pays. »
Par Nabila Amir