Le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a prononcé dans la matinée d’hier un important discours à l’ouverture du débat général de la 64ème session de l’AG des Nations unies.
En ce qui concerne la crise financière et ses retombées dramatiques sur les économies émergentes, l’allocution du chef de l’Etat aborde, sans concession aucune, les raisons profondes et les conséquences dévastatrices de la terrible récession qui ne cesse d’affecter la sphère économique et sociale aux quatre coins du monde.
«Même si l’heure des bilans n’est pas encore arrivée, on sait maintenant qu’il ne s’agit point d’une crise conjoncturelle, ni de l’éclatement d’une bulle comme le système capitaliste en a connu par le passé», estime-t-il a juste titre, avant de montrer qu’il s’agit plutôt d’une crise de système qu’il va falloir changer impérativement.
«Le monde admet, aujourd’hui, qu’il est confronté à la crise d’un système régi par les règles de la mondialisation et de la globalisation», précise-t-il, en soulignant que tout règlement sérieux et durable de cette fâcheuse situation passe inévitablement par «des décisions courageuses et concertées destinées à promouvoir la mise en place d’une gouvernance économique mondiale fondée sur les valeurs de responsabilité, d’équité, de solidarité et de progrès».
Il convient de souligner, à ce propos, que l’Algérie préconise, depuis des années déjà, la levée du secret bancaire ainsi que la lutte sans merci contre les paradis fiscaux et le blanchiment de l’argent sale pour mettre un frein aux pratiques financières et commerciales opaques.
«Il est urgent pour la communauté internationale de prendre la mesure de la gravité de ces pratiques en les identifiant comme des menaces majeures à la paix et à la stabilité dans le monde et en leur opposant une riposte appropriée», suggère-t-il à l’adresse des Etats membres de l’ONU, en leur faisant voir que le manque de cohésion et de concertation, observé jusque-là dans la recherche de solutions, retarde manifestement l’avènement d’une alternative viable et profitable pour tous.
Un nouvel ordre économique mondial, basé sur les principes d’équité, de transparence et de prospérité partagée, constitue un préalable à la sortie de crise.
Cela favoriserait, selon lui, «l’émergence d’un multilatéralisme fondé sur les vertus de la concertation, de la coopération et du partenariat».
Mais, en attendant une telle issue, Bouteflika rappelle aux grandes puissances économiques toute l’urgence qu’il y a en ce moment à honorer les engagements pris en faveur des pays du Sud.
Ces contradictions et incohérences des institutions multilatérales ne sont pas également sans conséquences sur d’autres secteurs névralgiques.
Bouteflika cite, à ce sujet, le retard pris dans la négociation d’un nouveau traité qui remplacerait le protocole de Kyoto sur les changements climatiques en raison des égoïsmes nationaux des pays développés.
Cela vaut aussi, enchaîne-t-il, pour les objectifs primordiaux de désarmement et de non-prolifération nucléaire, otages de la politique de deux poids, deux mesures.
C’est encore le cas pour l’impunité des violations des droits de l’Homme et des crimes contre l’humanité commis contre des populations civiles.
La guerre inhumaine faite aux populations isolées de Ghaza étant toujours vivaces dans les esprits.
En guise de conclusion à son discours, le président Bouteflika a abordé la coopération internationale en matière de lutte contre le terrorisme, plaidant notamment pour le tarissement définitif des sources de financement du terrorisme et du crime organisé, dont l’interdiction de payement des rançons exigées par les preneurs d’otages.
Insistant sur l’attachement indéfectible de l’Algérie à la politique de bon voisinage, il a saisi cette occasion pour rappeler le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination.
Au final, un appel a été lancé à la communauté internationale pour apporter son appui et son soutien à l’Afrique à travers la satisfaction des promesses qui lui ont été faites pour le développement et l’intégration politique et économique du continent.
Il est surtout question de soutien aux actions entreprises dans le cadre de l’Union africaine.
Kamel Amghar