A l’instar de toute la région des Aurès, les habitants d’Oum El Bouaghi célèbrent à leur manière »Amenzou n’Yennayer » (le jour de l’an amazigh), perpétuant avec beaucoup d’attachement rites et traditions restés gravés dans les mémoires.
Si d’après les habitants de cette région la célébration de Yennayer est beaucoup moins ostentatoire qu’auparavant, il n’en demeure pas mois que de nombreuses familles veillent aujourd’hui à faire perdurer l’esprit du nouvel an amazigh et ses valeurs laissées comme héritages par les ancetres.
Partout, au nord comme au sud de la région d’Oum El Boughi, la nuit de Yennayer est le théatre de rites rappelant toute la singularité du peuple amazigh et les hautes valeurs qui le caractérisent tels que la solidarité, l’attention à ses proches ou encore l’esprit de famille.
Fadila Mechri, présidente de l’association locale »El Assala wa Tawassol » pour la promotion de la culture Chaouie dit à ce sujet que Yennayer est « une occasion pour de nombreuses familles de se retrouver et d’entretenir jalousement bien des traditions, comme celle qui veut que les membres de la grande famille se réunissent au coin d’un feu pour raconter une multitude de contes et de légendes ».
»C’est dans cette atmosphère si joyeuse que les grand-mères s’évertuent à raconter des histoires véhiculant de belles lecons de vie comme »Loundja Bent el Ghoul », »El Zazia », »El Soltane » et autres contes populaires que les enfants comme les adultes écoutent avec beaucoup d’attention, poursuit-elle.
La tradition veut également que « les membres de la famille organisent la veille du premier jour de Yennayer, des jeux d’énigmes et devinettes melant rimes et subtilité et puisés dans notre patrimoine culturel immatériel », selon Mme Mechri.
Le repas de Yennayer, symbole de partage et d’unité
En terre chaouie comme dans la plupart des régions du pays, Yennayer se veut une porte sur une ère nouvelle, un nouveau cycle, et sa célébration reste inscrite au plus profond des superstitions locales.
Ainsi pour accueillir la nouvelle année, il convient de nettoyer le foyer, les cendres sont évacuées et les « Inyen » ou les pierres du « kanoun » au nombre de trois sont remplacées, alors aujourd’hui, meme si les familles chaouies ont troqué leurs anciennes habitudes contre des moyens modernes et ne cuisinent plus leurs repas au feu de bois, les rites de nettoyage, de renouvellement de la vaisselle, se perpétuent encore dans de nombreux foyers de la région.
Le jour de Yennayer, un repas copieux est préparé pour le diner. »El Aich »(connu dans d’autres région sous le nom de Berkoukes), plat préparé à base de semoule en forme de gros grains de couscous, de légumes de saison, de fèves séchées et de viande sechée, demeure le « met phare » de cette célébration si particulière, relève Mme Khadra qui habite un petit hameau non loin de la commune d’Ain Fakroune.
»Dans mon village, l’on continue à perpétuer cette tradition culinaire qui veut que toute la famille se réunit autour de ce plat qui est généralement servi dans une +gassa’à+ (plat en bois ou en terre), spécialement confectionné à cette occasion », explique-t-elle.
Néanmoins, ce qui rend cette fete si unique, pour Mohamed, la soixantaine, originaire de la région de Lahssi dans la commune de Berriche, c’est cet esprit de communion et de solidarité qui continue à ponctuer le jour de Yennayer.
« A l’occasion de Yennayer, les voisins et amis échangent les voeux qui cimentent les relations », souligne-t-il.
Pour l’enseignant universitaire à la retraite, Mohamed Rachid Zemouchi, la promotion de la culture amazighe se doit d’etre l’affaire de toute personne soucieuse de préserver l’identité culturelle de l’Algérie.
Regrettant de voir les rites associés à Yennayer disparaitre petit à petit dans sa ville d’Ain El Beida, cet académicien a appelé à promouvoir cette fête qui »fait partie intégrante de l’ensemble des traditions constituant l’identité des peuples du Maghreb et la richesse culturelle de la région ».