Condamné pour corruption mais toujours pas jugé pour assassinat présumé. L’ex-chef de l’unité aérienne de la direction générale de la Sûreté nationale (DGSN), Chouaib Oultache, a été condamné mercredi 9 novembre à une peine de sept ans de prison ferme. La présidente du tribunal correctionnel de première instance de Sidi M’hamed (Alger) a condamné M. Oultache pour son implication dans une affaire de malversation en 2007 au profit de la société Algerian Business Multimedia (ABM). Poursuivi également pour le meurtre présumé de l’ex-patron de la police nationale, Ali Tounsi, le colonel Oultache n’est toujours pas jugé pour cette affaire.
Le colonel Chouaib Oultache ainsi que 24 autres inculpé étaient poursuivis, dans le cadre d’une affaire de malversation présumée au profit de l’entreprise ABM pour « passation de marchés publics en violation de la législation, dilapidation de deniers publics et trafic d’influence ».
Principal inculpé, Chouaib Oultache « a usé de son influence sur la commission d’évaluation technique des offres où il siégeait pour qu’elle choisisse la société ABM dans laquelle son gendre est actionnaire et également directeur général adjoint », indique l’arrêt de renvoi.
Samedi 22 octobre, le tribunal correctionnel avait requis dix ans de prison à l’encontre de l’ex chef de l’unité aérienne de la DGSN. La même peine à été requise à l’encontre de 24 autres inculpés dans cette affaire.
Lors de l’ouverture du procès mercredi 18 octobre, les avocats ont contesté les charges retenus contre les prévenus et dénoncé des entraves à la défense de la part de la présidente du tribunal. Celle-ci est accusée de soustraction de documents et de pièces de procédures.
« Nous avons exigé deux rapports d’expertise cités dans l’arrêt de renvoi mais elle a refusé d’accéder à notre demande », indiquait Tayeb Belarif, un des avocats d’Oultache.
Appelé à la barre, le colonel a balayé les accusations d’un revers pendant sa plaidoirie qui aura retenu l’attention de l’assistance. « Ali Tounsi (patron de la sureté nationale assassiné en février 2010, NDLR) avait approuvé ce marché sur la base d’avis d’experts algériens et étrangers spécialisés en informatique », a-t-il affirmé.
Oultache s’en était également pris à l’ancien ministre de l’Intérieur, Yazid Zerhouni, qui n’aurait pas approuvé le projet. « Bouteflika était séduit par la présentation du projet de modernisation des moyens de communication, de transmissions et d’information de la police et a approuvé son contenu, expliquait-il Seul le ministre de l’Intérieur de l’époque est entré dans une colère noire quand il a appris l’existence de ce projet de modernisation, car il voulait l’attribuer à des sociétés étrangères alors que nous avons des compétences. Il m’a téléphoné pour me dire ‘De quoi tu te mêles ?’ ».
Pour l’ex- colonel, cette affaire n’est qu’une cabale montée contre lui. C’est d’autant plus vrai, a-t-il avancé, qu’il a appris l’existence des poursuites judiciaires engagées contre lui alors qu’il se faisait soigner à l’hôpital.
La défense n’a pas seulement récusé la présidente du tribunal mais s’est elle étonnée de la rapidité avec laquelle le dossier a été instruit avant d’être programmé devant un tribunal.
« Ce qui est surprenant, développait un des avocats, c’est la rapidité avec laquelle la justice a traité cette affaire. Il ne lui a fallu que neuf mois pour que se succèdent l’instruction puis l’appel auprès de la chambre d’accusation de la défense et de la partie civile pour un complément d’enquête et enfin l’ordonnance de renvoi auprès du tribunal criminel. C’est un record absolu. On espère que la justice traitera tous les Algériens avec la même célérité.»
Ancien pilote de chasse, Chouaib Oultache est poursuivi dans le cadre de l’assassinat de l’ex directeur général de la Sûreté nationale, Ali Tounsi. Celui-ci a été tué le 25 février 2010 dans son bureau à Alger. Le colonel Oultache était depuis 2007 à la tête d’une commission technique chargée d’évaluer les besoins de la DGSN en équipements modernes.
Bien que l’instruction ait été bouclée depuis plusieurs mois, le procès de ce crime d’Etat n’est toujours pas programmé.