Pour le ministre de l’Intérieur, qui a animé une conférence de presse, juste après la clôture jeudi des travaux de la réunion avec les 48 walis, le mal de l’administration locale vient des petits cadres et du personnel d’accueil.
Daho Ould Kablia promet d’emblée une rupture avec les anciens réflexes par la création d’un nouveau cadre relationnel basé sur l’allégement et l’harmonisation des procédures en direction du citoyen, simple administré ou investisseur potentiel. Toutefois, il ne manquera pas de préciser qu’il n’y a pas de baguette magique pour que la situation soit maîtrisée du jour au lendemain. “Nous avons commencé par les choses sur lesquelles on peut progresser rapidement comme l’état civil, la carte grise, le permis de conduire, le passeport… Les efforts seront poursuivis jusqu’à la simplification de toutes les procédures administratives”, a-t-il tenu à rassurer. Plus réaliste, le ministre, qui avait dans la matinée de jeudi tenu un briefing avec les walis délégués des 13 circonscriptions administratives de la wilaya d’Alger, sachant que la capitale est “la caisse de résonance qui perçoit tous les soubresauts du pays”, n’a pas caché son dépit à l’encontre des petits cadres et du personnel d’accueil, les désignant comme responsables du mal qui ronge l’administration locale.
“Par méconnaissance des lois et réglementations, ces agents font ballotter les citoyens d’un guichet à l’autre. J’en ai marre de la république des plantons. Cette situation doit cesser”, assène le ministre dans ce sens, tout en citant le cas de la circonscription d’El-Harrach où le wali délégué a été contraint, pour la troisième fois, de faire une purge au sein du personnel. Sur la question du découpage administratif, décidé en 2009, mais resté cependant sans suite, le ministre a fait savoir que “le sujet n’est ni annulé ni à l’ordre du jour”, tout en reconnaissant le manque actuellement de cadres d’État à même de pourvoir les 106 nouvelles circonscriptions administratives. Pour le premier responsable de l’Intérieur, “il ne s’agissait au début que de quelques daïras, mais les demandes ont grimpé jusqu’à atteindre le nombre cité”. Abordant le nouveau statut de la capitale en tant que grande ville méditerranéenne, le ministre affirme qu’Alger aura une réglementation spécifique à l’instar des mégapoles comme Marseille ou Barcelone. La loi sur la ville devra d’abord être votée au niveau du parlement. Au chapitre habitat, le ministre est revenu sur les instructions données aux walis de procéder à la distribution des logements achevés depuis quelque temps, sans pourtant cacher son inquiétude sur les réactions que peuvent générer les opérations de relogement. Et c’est précisément le cas de la capitale où il est prévu la distribution, au cours de ce mois, de 1 900 logements. “Il vaut mieux les distribuer que d’avoir à faire à des squatteurs”, dira Ould Kablia expliquant que “certains retards dans la distribution sont souvent justifiés par la crainte de susciter la colère des mécontents comme cela s’est produit récemment à Batna où de violentes émeutes ont éclaté”.
Investissements locaux : le gouvernement prépare un texte
Au plan de la promotion de l’investissement et du foncier économique, il est prévu des mesures pour faciliter l’accès au foncier destiné à l’investissement. Dans ce cadre, le ministre a affirmé qu’entre autres contraintes, il est proposé la suppression de l’appel d’offres dans le but de favoriser l’investissement. En fonction de la disponibilité du terrain, le rôle du Calpiref permet d’aller plus vite.
Selon le ministre, les walis ont été instruits d’adresser à la tutelle des rapports sur tous les investisseurs, comme ils sont tenus de présenter les atouts de chaque wilaya susceptible d’attirer des investisseurs. Se voulant optimiste dans ce cadre, Ould Kablia a confié qu’une stratégie vise la réalisation de grands projets, précisant que les investissements dans les domaines de la pétrochimie, la mécanique, la pharmacie et la haute technologie relèvent des décisions de l’État. En revanche, il est accordé une priorité aux investissements devant permettre une substitution à l’importation et donc favoriser l’exportation.
Fermeture des églises : question de conformité
“Pour ouvrir un local destiné à un lieu de culte, il est nécessaire au préalable de se prémunir du certificat de conformité. La décision de fermeture de certains lieux de culte de confession chrétienne à Béjaïa n’a rien d’anormal. La loi sur les associations et l’avis préalable de la commission nationale du culte religieux sont clairs et ne souffrent d’aucune équivoque. Nous ne sommes pas contre l’exercice des cultes autres que musulman, mais exercer un culte dans un garage n’est pas permis par la loi.” C’est la réponse faite par le ministre de l’intérieur à la question relative à la fermeture, il y a quelques jours, de lieux de culte à Béjaïa appartenant à l’église protestante d’Algérie (EPA).