“Je suis de nature optimiste, mais je m’interroge sur l’avenir de ce pays”, a affirmé l’ancien ministre de l’Intérieur, en marge d’une conférence animée jeudi à Boumerdès.
Daho Ould Kablia, qui s’exprimait en tant que président de l’Association des anciens du Malg, a considéré que le pays est dans l’impasse du fait de la nature autoritaire du régime. “Nous avons été des commis de l’État, nous avons beaucoup plus été des technocrates, nous n’avions aucun pouvoir de décision ni faculté d’initiative, nous agissions sur directives, c’est pour cela que nous sommes arrivés à une impasse”, reconnaît le président de l’Association des anciens du Malg. Et d’ajouter : “Ce pouvoir est de nature autoritaire et, de ce fait, le pouvoir de décision appartient à un groupe très restreint d’hommes qui sont autour du chef de l’État.”
Mais c’est le le chef de l’État qui décide, précise l’ex-ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales. “Personne ne peut avoir la preuve que le Président ne décide pas, je ne suis pas de cet avis. Je pense que le Président est très soucieux de son statut de chef. Il ne laisse pas les autres diriger à sa place. Il est diminué, certes, cela n’est qu’un élément biologique”, explique-t-il. Pour lui, la situation du pays est floue. Pour autant, toujours selon lui, il n’y a pas lieu d’être défaitiste. “Je suis de nature optimiste, mais je m’interroge sur l’avenir de ce pays. Les dangers sont réels et les véritables dangers sont l’insécurité et la déstabilisation. Je ne crois pas à l’histoire de la main étrangère car le mal est en nous”, ajoute-t-il. Sur l’affaire El Khabar, il dira que “cette affaire est un écran de fumée” sans s’étaler davantage laissant entendre que cette affaire masque d’autres intentions réelles. Un autre message codé envoyé par Ould Kablia lorsqu’il parle de l’intégrité et de la loyauté des anciens responsables du Malg qui se sont succédé depuis 1962 aux postes de responsabilité dans différents gouvernements et auxquels on n’a jamais reproché des affaires scabreuses comme c’est le cas aujourd’hui. “Je défie quiconque de me citer un nom d’un ancien du Malg qui a occupé un poste de responsabilité et qui a été accusé de vol, de détournements ou mêlé à une quelconque affaire.” “Nous avons été (les cadres du Malg) nombreux à gérer les affaires du pays après l’Indépendance, je cite 3 chefs de gouvernement, 20 ministres, 3 commandants de Gendarmerie nationale, 5 directeurs de la Sûreté nationale et des dizaines d’autres cadres, parmi eux des responsables de l’ex-DRS. Aucun de ces responsables n’a été évoqué dans une quelconque affaire”, dira t-il.
“Le dernier des malgaches resté au poste de ministre c’était moi”, lâche t-il en souriant avant de préciser que “les anciens du Malg ont été éduqués pour servir le pays avec loyauté et à mettre les intérêts du pays au-dessus des intérêts personnels”. Sur le fondateur du Malg, il dira que Boussouf, qui nous a enseigné à être loyaux envers la patrie, n’affichait aucune ambition pour le pouvoir. “Lors du congrès de Tripoli et pendant que les gens se battaient pour le pouvoir, il a préféré se retirer de la scène et il est allé s’installer à Tunis.” L’ex-ministre rappelle aussi que “les anciens du Malg ont pu éditer plus de 25 ouvrages sur l’histoire du pays et sur la Révolution”. “Dommage que ces livres n’aient pas été exploités”, regrette-t-il.