«Les marches sont interdites à Alger, non pas parce que c’est le RCD ou la coordination qui y ont appelées. Le refus n’est pas uniquement signifié à l’opposition».
La Coordination nationale pour le changement et la démocratie ne marchera pas le 12 février prochain à Alger. Le ministre de l’Intérieur et des collectivités locales, Daho Ould Kablia, a affiché, dans un entretien accordé au journal Liberté, un niet catégorique aux initiateurs de cette action de protestation. «Les marches sont interdites à Alger, non pas parce que c’est le RCD ou la Coordination qui y ont appelées.
Le refus n’est pas uniquement signifié à l’opposition», affirme-t-il. Ainsi, pour justifier la décision du gouvernement d’interdire les marches au niveau de la capitale, le ministre dira qu’«aucun parti, aucune association ne peuvent maîtriser une marche, garantir qu’elle se déroulera de manière pacifique. Les terroristes peuvent profiter de cette occasion pour pénétrer Alger».
«Les marches et rassemblements ne sont pas interdits ailleurs. (…) Les marches à Alger non», a insisté le ministre. La levée de l’état d’urgence, une exigence de plusieurs partis politiques et organisations de la société civile, n’est pas à l’ordre du jour, mais la question pourrait se poser prochainement. «C’est une question qui relève des prérogatives du gouvernement et non du ministère de l’Intérieur. C
’est au gouvernement qu’il revient d’estimer si l’état d’urgence est toujours nécessaire ou pas. Mais je ne veux pas me prononcer sur l’état d’urgence, si ce n’est pour dire que le gouvernement aura peut-être à examiner ce dossier pour voir si le fait qu’il soit toujours en vigueur peut apparaître positif ou si on peut s’en passer», affirme-t-il, évoquant «l’éventualité d’une discussion autour de la question de l’état d’urgence».
«Le mal est profond chez les jeunes»
Lors de l’interview, le ministre a nié avoir parlé d’une manipulation des jeunes lors des dernières émeutes qui ont secoué le pays. Pour lui, «il s’agissait d’un mouvement de jeunes et de moins jeunes qui n’avaient pas leur place dans l’histoire». Plus clair, le ministre reconnaît que «le mal est un peu plus profond». «Il touche relativement toute la société. Cela va du chômage, de la cherté de la vie, du manque de logement, le difficile accès des citoyens aux services publics, le mépris, la bureaucratie… Tous ces maux que l’on désigne communément par la ‘’hogra’’».
«Il y a une crise existentielle chez beaucoup de jeunes. Le manque de loisir, de liberté, pas au sens politique du terme, les difficultés d’obtention de visa sont une réalité. Les jeunes se retrouvent alors à tourner en rond avec ce sentiment de frustration qui leur fait penser qu’ils sont rejetés par leur pays», a expliqué Ould Kablia. Par ailleurs, le ministre a accusé les médias et les partis de l’opposition d’avoir un discours «négationniste» sur les réalisations de l’Etat ces dernières années. «Il faut le dire ! Des milieux, y compris une partie de la presse, ne mettent l’accent que sur ce qui est négatif dans l’action du gouvernement. Il y a beaucoup de choses réalisées depuis l’année 2000», dit-il.
«L’Algérie n’est pas la Tunisie ou l’Egypte»
Pour le ministre de l’Intérieur, le scénario tunisien ou égyptien est loin de se reproduire en Algérie, et ce, pour différentes raisons. «En Algérie, nous n’avons pas ressenti de revendications politiques. À aucun moment, et je ne parle pas seulement des évènements de ce mois-ci, mais de tous les évènements récents, nous n’avons décelé une empreinte politique, des noms cités.
Ce qui prouve, à mon avis, que l’État malgré tout jouit d’une certaine crédibilité. Au niveau de la population, du moins», affirme-t-il. «L’Algérie a ses propres caractéristiques. Il y a des possibilités d’évacuation de la colère, des cadres d’expression permettant aux gens qui ne sont pas d’accord de faire entendre leurs voix, une liberté d’expression qui est beaucoup plus large dans notre pays qu’ailleurs», ajoute le ministre qui accuse certains partis politique de «récupération» de ces évènements.
Par Hocine L.