– Pas d’agrément pour les partis avant la tenue des congrès constitutifs.
– Des sanctions pénales prévues contre ceux qui veulent déroger aux règles de la transparence.
– La promulgation de la nouvelle loi sur les partis imminente.
“Les élections législatives devraient avoir lieu entre le 1er et le 15 mai prochain », c’est ce qu’a annoncé, hier, le ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales, M. Daho Ould Kablia, sur les ondes de la Chaîne III de la Radio algérienne.
M. Ould Kablia a expliqué que lorsque cette date sera fixée officiellement, « Nous déterminerons la date de départ de la convocation du corps électoral qui doit se situer entre le 1er et le 15 février ».
D’autre part, le ministre qui s’exprimait dans l’émission « l’Invité de la rédaction », a assuré que 56.000 urnes transparentes seront prêtes dès le 11 janvier et 110.000 fin février pour « satisfaire les 45.000 bureaux de vote avec la marge de sécurité ».
Au sujet des craintes soulevées par certains partis à propos de l’abstention lors du prochain scrutin, il a indiqué : « Personnellement, c’est une crainte qui m’habite », dans la mesure, a-t-il expliqué, où « compte tenu que le scrutin législatif par le passé n’a pas mobilisé grand monde. »
« C’est le scrutin où il y a le plus fort taux d’abstention comparativement aux élections locales où les intérêts sont plus grands et aux élections à caractère national telles que les élections présidentielles où les référendums », a-t-il souligné.
Il a, dans ce sens, mis en évidence les appréhensions soulevées par les uns et les autres qui boycottent sous prétexte que « le résultat était connu d’avance. »
« Nous disons que c’est un argument qui ne peut plus être valable », a-t-il répliqué. L’autre raison de ne pas se rendre aux urnes tient, selon M. Ould Kablia, au profil des candidats choisis « qui ne répondraient pas au souhait des électeurs. »
« En ce qui nous concerne, nous faisons ce qui est en notre pouvoir de faire, à savoir assurer la transparence et rassurer le citoyen pour lui dire qu’il n’a rien à craindre à ce sujet et que son choix sera respecté. Il reste aux partis de désigner des candidats crédibles », a-t-il poursuivi.
Toujours dans le même ordre d’idées, Daho Ould Kablia signalera le fait que des walis et des responsables locaux pourraient être révoqués en cas de manquement aux règles de transparence lors des prochaines élections législatives. « J’ai menacé les walis et les responsables (au niveau local) que s’il n’y a pas la transparence, ils payeront le prix fort. Ils seront tout simplement révoqués. »
« Le prochain scrutin ne ressemblera en rien à ceux qui l’ont précédé »
Mettant en avant les mesures prises pour garantir la neutralité de l’administration, le ministre a averti que « des sanctions pénales, y compris la prison, sont prévues contre tous les fauteurs et tous ceux qui perturbent et qui veulent déroger aux règles de transparence.»
Interrogé sur la neutralité de l’administration lors du prochain scrutin, le ministre de l’Intérieur a estimé que « la fraude a toujours été l’alibi et l’argument de ceux qui échouent. Même si les élections que nous projetons se dérouleront dans la transparence la plus parfaite, il y aura ceux qui échoueront et qui parleront de fraude. »
Faisant valoir les garanties qui ont été données pour le bon déroulement du scrutin, M. Ould Kablia a cité notamment les procès-verbaux de dépouillement qui seront remis aux représentants des partis ou des candidats en lice et le dépouillement qui sera ouvert au public. « Donc, personnellement, je ne vois pas comment on risque, durant le jour du scrutin, de frauder de façon massive », s’est-il demandé.
« Il y aura, probablement, de petits incidents, mais il y a des possibilités de recours à tous les échelons et la justice pourrait même être saisie » a-t-il assuré.
Rappelant que le Président de la République « a dit et répété que le prochain scrutin ne ressemblera en rien à ceux qui l’ont précédé », M. Ould Kablia a appelé l’administration, la justice, les commissions de contrôle et les partis politiques à prendre leur responsabilité « pleine et entière » pour « assurer aux électeurs des conditions nouvelles de pratique d’un droit constitutionnel. »
« Il y a volonté nouvelle de changer les choses. S’il y a des réformes qui ont été menées, c’est que tout doit changer et tout doit aller de la meilleure manière possible », a-t-il insisté.
« Ceux qui ne veulent pas y croire, ceux-là engagent leur responsabilité », a-t-il dit. De plus, le ministre de l’Intérieur a considéré la présence d’observateurs étrangers aux prochaines élections comme un « gage supplémentaire de bonne volonté du pouvoir d’aller vers des opérations sincères et inédites. »
« Nous étions assurés que nous mènerons cette bataille électorale dans la transparence et avec succès. C’est un gage pour certains partis algériens et c’est un gage également pour l’extérieur », a-t-il noté.
Agrément de nouveaux partis : « une dizaine de partis peuvent être autorisés à tenir leur congrès »
Concernant les demandes d’agréments des nouveaux partis, le ministre ne se dérobera pas, précisant qu’il y a effectivement « une vingtaine de partis qui ont soumis des dossiers plus au moins complets, mais il y en a une bonne dizaine qui ont plus de chance que les autres, compte tenu du nombre d’adhérents qu’ils présentent et en fonction également du nombre de fondateurs qui parrainent la création de ces partis ».
Aussi, selon lui, « Nous considérons qu’il y a une dizaine ou une douzaine de dossiers qui peuvent passer la première étape, celle de l’autorisation qui va leur être accordée pour tenir les assises de leur congrès constitutifs. »
Toutefois, le ministre a tenu à préciser que « cela ne veut pas dire que la porte est fermée. » « Au fur et à mesure, nous leurs demandons d’apporter les aménagements nécessaires pour qu’ils puissent franchir toutes les étapes », a-t-il dit.
Pour M. Ould Kablia, « le problème de l’agrément des partis ne se traite pas en quantité, mais en terme de la qualité des dossiers », faisant remarquer que « si le dossier correspond aux dispositions de la loi sur les partis qui n’est pas encore promulguée, nous les acceptions sans problème. »
Sans donner plus d’indications sur les noms des partis susceptibles d’être agréés, il a estimé que cela est tributaire des résultats des congrès constitutifs de ces nouvelles formations politiques.
Le ministre de l’Intérieur a fait savoir également que « la plupart des partis ont présenté des statuts conformes à un statut type », ajoutant que « dans ces conditions, il ne faut pas considérer l’agrément comme étant quelque chose d’impossible à obtenir. »
« Nous agissons pour que le maximum de partis puissent aboutir à l’obtention de cet agrément », a-t-il assuré.
Au sujet de certains partis qui ont déjà programmé leurs congrès constitutifs, M. Ould Kablia a rappelé que la tenue de ces assises est tributaire d’une autorisation préalable de son département ministériel.
Il a, cependant, précisé que cette autorisation ne pourrait être délivrée qu’après la promulgation de la nouvelle loi organique sur les partis.
Montée de la mouvance islamiste : « l’Algérie pourrait faire l’exception »
Justement, la promulgation de la nouvelle loi sur les partis politiques est « imminente », expliquera le ministre qui indiquera que le Chef de l’Etat « signera cette loi après qu’il aura fait sa dernière lecture », a-t-il ajouté
Interrogé sur la montée des partis de la mouvance islamiste dans certains pays arabes, notamment la région du Maghreb, le ministre a répondu que la comparaison avec les autres pays « n’est pas aussi probante. »
« L’Algérie a ses spécificités et ses valeurs sociétales qui ne ressemblent pas forcément à ce qui existe ailleurs où les votes ont sanctionné des politiques plutôt que des valeurs », a-t-il expliqué, considérant que l’Algérie « pourrait alors faire l’exception ».
« Personne ne peut se mettre à la place du peuple pour dire vers quelle direction va se porter son choix », a affirmé M. Ould Kablia à propos d’une éventuelle alliance entre partis de cette mouvance à l’occasion des prochaines législatives.
« Alliance entre partis islamistes ou non, l’électeur algérien connaît bien son monde », a-t-il soutenu.
Concernant le gel de l’agrément de nouveaux partis durant les douze dernières années, le ministre de l’Intérieur l’a attribué à « la situation instable qu’a connue le pays sous l’emprise de l’état d’urgence. »
« Mais cette période est, aujourd’hui, largement dépassée et la nouvelle loi (sur les partis) est destinée à ouvrir le champ à toutes les libertés dans le strict respect de l’Etat de droit », a-t-il assuré.
Réagissant aux récentes déclarations de certains membres fondateurs du parti dissous (l’ex-FIS), M. Ould Kablia a tenu à rappeler que ce parti a été dissout par voie judiciaire pour « les raisons que l’ont connaît. »
Pour ce qui est de l’interdiction de toute activité politique des ex-dirigeants de ce parti, le ministre a fait observer que « ce n’est pas l’actuelle loi (sur les partis) qui a tranché, mais plutôt l’ordonnance de 2006 portant application de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale qui a interdit l’activité politique aux commanditaires du mouvement séditieux violent contre les institutions et attributs de l’Etat, de même pour ceux qui se sont rendus coupables de crimes collectifs. »
Le ministre a expliqué, à ce propos, que « mis à part les membres du parti dissous cités dans l’ordonnance de 2006, il y a des militants de ce parti qui n’ont rien perdu de leurs droits civils et politiques. Ces derniers peuvent mener une activité politique à condition de ne pas créer un parti », a-t-il tranché.
C’est la raison pour laquelle, « la liste des membres fondateurs de partis sera examinée au cas par cas », a-t-il poursuivi.
« Lorsque les enquêtes réglementaires donnent des avis défavorables, nous demanderons aux partis concernés d’exclure ces membres de la liste des membres fondateurs, tout en ayant, éventuellement, l’autorisation de militer dans ces partis », a encore précisé M. Ould Kablia.
Interpellé sur la reconfiguration de la scène politique nationale à la faveur de l’agrément de nouveaux partis, le ministre a indiqué que « la chance est accordée à tous et ce sera le peuple qui fera le tri en choisissant ceux qui répondent le plus à ses attentes. »
« Les partis qui n’obtiendront pas un pourcentage déterminé de voix, ne seront pas admis à figurer au niveau des assemblées élues », a-t-il averti.
Commentant le retrait du MSP de l’Alliance présidentielle, M. Ould Kablia pense qu’il s’agit d’une position « tout à fait tactique » pour ce parti « qui veut se préparer tactiquement à la bataille électorale avec un esprit de compétition pour se libérer de toute forme de tutelle et aller aux élections avec un programme probablement différent, susceptible de lui apporter le plus de voix possibles. »
« Ceux qui suivent la politique dans notre pays savent que les partis islamistes existant ont des idées tout à fait différentes qui ne sont pas forcément des ambitions doctrinales, mais des ambitions de personnes », a-t-il enfin ajouté.
Synthèse Amel Z.