Les intentions d’Ould Kablia se précisent davantage. Les notions d’atteinte à l’ordre public et d’ingérence contenues dans le projet de loi sur les associations sont si élastiques qu’elles engloberont la liberté de protestation. Une fois le texte adopté, aucun sit-in à l’initiative des associations ne sera toléré.
Le ministre de l’Intérieur est catégorique : les associations agréées n’ont aucune raison d’appeler à des manifestations sur la voie publique. Les sit-in et autres rassemblements de protestation leur seront interdits en vertu des articles contenus dans la loi sur les associations. Les craintes du mouvement associatif se confirment. L’étau va sérieusement se resserrer autour des associations quels que soient leur nature et leur domaine d’intervention. Des restrictions que le ministre de l’Intérieur justifie par l’impératif de respecter la souveraineté nationale. Les associations à caractère religieux seront quant à elles soumises à un autre régime. A la demande du ministre des Affaires religieuses, ces associations seront régies par des articles différents de ceux destinés aux autres associations, au regard de leur nombre et de leur domaine d’intervention. Le ministre de l’Intérieur qui répondait hier aux sénateurs au cours d’une séance consacrée à l’examen de la loi sur les associations expliquait que son département avait recensé 14 774 associations à caractère religieux. Il affirme que les associations estudiantines feront également l’objet d’une autre loi, estimant qu’il fallait redéfinir la qualité d’étudiants puisque, dit-il, certaines associations dites estudiantines sont présidées par des personnes ayant fini leurs études depuis plus de dix ans et que des associations de jeunes ont à leur tête des personnes plus âgées que lui. Ould Kablia promet également de mettre sous la loupe les associations satellitaires proches de certains partis politiques.
Les relations entre ces deux entités seront surveillées de près, dit-il. Quel sort réserve le texte aux comités de soutien qui voient régulièrement le jour à l’occasion des élections ? Le ministre indique qu’il ne pouvait s’agir d’associations puisque ces comités «agissent dans l’informel» et sont créés de manière conjoncturelle. En réponse aux interpellations des sénateurs, le ministre de l’Intérieur a fait le point sur la cartographie du mouvement associatif. Il en ressort que les associations à caractère national sont au nombre de 1 005 activant dans le domaine culturel, professionnel ou au profit des jeunes. Pas moins de 90 000 associations activent au niveau local. Il s’agit essentiellement s’associations de quartier, de parents d’élèves ou d’associations à caractère religieux. La wilaya d’Alger en compte le plus grand nombre avec 44 000 associations tandis que Annaba se place au bas du tableau. Comme il l’avait fait devant les députés, le ministre de l’Intérieur s’est défendu de vouloir interférer dans les affaires des associations, qualifiant de nécessaires les dispositions de la loi qui sera soumise au vote au niveau du Sénat demain au même titre que la loi sur les partis politiques.
N. I.
LES PRIMO DEMANDEURS PRIORITAIRES
Pas de remise en cause du passeport biométrique
Une cinquantaine de daïras pilotes ont été retenues pour le lancement des opérations de délivrance du passeport biométrique. Dès le mois de janvier, elles devraient commencer à en délivrer. Les primo demandeurs seront les premiers à en bénéficier. Le ministre de l’Intérieur a nié catégoriquement l’intention de son département d’abandonner le projet du biométrique. Il reconnaît la difficulté que rencontrent les Algériens établis à l’étranger pour obtenir le 12 S. Une réunion avec les consuls est prévue pour bientôt afin de mettre en place un mécanisme facilitant l’obtention dudit document nécessaire à l’établissement du passeport biométrique.
N. I.