Question à prendre très au sérieux, l’enlèvement des enfants devient un phénomène de société. Non préparé, le gouvernement n’a pas trouvé de mécanisme de réaction rapide.
Après l’innommable double assassinat d’enfants à Constantine, le gouvernement confie une certaine inquiétude. Une attitude qu’il n’a pas eu concernant les enlèvements qu’il y a eu en Kabylie. Il est vrai que le phénomène de kidnapping d’enfants a gagné les quatre coins du pays.
C’est « une question qui nous préoccupe énormément », a déclaré samedi à Bechar le ministre de l’Intérieur, Daho Ould Kablia, dans un élan d’humanité rare. S’exprimant à la presse, en marge de la visite de travail du Premier ministre, Abdelmalek Sellal, dans cette wilaya, le ministre a affirmé que « cette question nous préoccupe énormément, malgré le fait que beaucoup d’affaires de ce type ont été élucidées par les services de sécurité ».
Pour autant, les citoyens de la Kabylie ont à maintes reprises interpelés les autorités en manifestants, en vain. Pourquoi a-t-il fallu qu’il y ait l’ignoble assassinat de ces deux innocents enfants pour que les autorités fassent semblant de réagir ? Si le problème a été pris sérieusement en charge dès 2006, à l’apparition de ces premiers enlèvements, on n’en serait sans doute pas là.
Pour calmer les inquiétudes qui montent de la société, le ministre de l’Intérieur multiplie les annonces. Comme la tenue d’une réunion dimanche avec l’ensemble des représentants des secteurs concernés pour l’examen des différents aspects opérationnels de prévention et de lutte contre ce type de crimes, notamment la Sûreté et la Gendarmerie nationales, qui disposent de moyens pour résoudre ce type de criminalité.
Au cours de cette rencontre, seront aussi examinés les différents aspects psychologiques de prévention et de lutte contre ce genre de crimes, a ajouté Ould Kablia. Cependant, il faut rappeler ici qu’aussi étrange que cela puisse paraître le gouvernement, encore moins le ministre de l’Intérieur ne s’est pas inquiété de la soixantaine d’enlèvements qu’il y a eu en Kabylie depuis les cinq dernières années.
Pourquoi réagit-il seulement aujourd’hui ? La presse a fait l’écho de nombreux quartiers de villes importantes comme Oran ou Alger passés sous le contrôle de bandes armées. Rien ou presque n’est fait pour rassurer et sécuriser les honnêtes citoyens. Le ministre de l’Intérieur s’est-il rappelé enfin ses missions ? C’est à espérer.
R. N.APS