Fini les pénuries de vaccins et de médicaments
«Ce qui s’est passé auparavant n’aura plus lieu à l’avenir, le médicament sera produit en Algérie. Nous allons jouer dans la cour des grands», a lâché le ministre de la Santé.
L’Oncle Sam débarque à Alger avec sa biotechnologie. Fini donc les pénuries de vaccins et de médicaments, le remède sera américain. Une étude technique américaine relative au projet de création de ce pôle d’excellence régional doit être finalisée dans trois mois, a indiqué hier, le ministre de la Santé, Djamel Ould Abbès.
Le projet intitulé «Algeria Vision 2020» consiste à créer en Algérie, en partenariat avec les laboratoires pharmaceutiques des Etats-Unis d’Amérique, un pôle d’excellence régional dans le domaine de la biotechnologie qui rayonnerait sur l’Afrique et le Moyen-Orient, à l’image des autres pôles régionaux que sont ceux de Singapour et d’Irlande. «L’étude technique est en cours et doit être finalisée dans un délai de trois mois par le cabinet de conseil international Delloitte, engagé par les laboratoires américains», a précisé M. Ould Abbès à l’occasion de la cérémonie d’installation du Haut comité algéro-américain de pilotage et de suivi de ce projet de partenariat dans le domaine de la biotechnologie. Il a affirmé que les deux parties, à savoir les «neuf plus grands laboratoires au monde et les responsables algériens ont réitéré de manière claire leur ferme volonté de mettre en oeuvre le mémorandum, signé à Alger à l’issue du forum algéro-américain des 8 et 9 juin 2011, et d’aller de l’avant dans la concrétisation de l’ambitieux projet de partenariat qui en constitue l’élément central». Les laboratoires concernés sont Bayer, Janssen-Cilag, Roche, Abbot, Pfizer, Amgen, Novartis, Eli Lily et MSD/Merk. Le mémorandum a été signé par l’association américaine PhRMA, qui regroupe les laboratoires de recherche et de fabrication de médicaments, et le ministère de la Santé. Il prévoit notamment le lancement par l’industrie d’une étude pour faire une analyse de l’environnement réglementaire en Algérie et des recommandations pour la mise en place de la biotechnologie à l’horizon 2020. Ainsi, viennent d’être tracés les premiers sillons d’une coopération algéro-américaine inédite.

Hésitants et cantonnés pendant longtemps dans le Sud pour l’exploration, la production pétrolière et tout ce qui se rapporte aux hydrocarbures, les Américains remontent au Nord en investissant d’autres créneaux tout aussi stratégiques que le pétrole comme le médicament. Le personnel ministériel présent hier à Djenane El Mithaq pour cette cérémonie renseigne sur le caractère stratégique de ce créneau. Pas moins de cinq ministres du gouvernement étaient présents.
Il s’agit de Djamel Ould Abbès, ministre de la Santé, Mourad Medelci, ministre des Affaires étrangères, Rachid Harraoubia, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Cherif Rahmani, de l’Aménagement du territoire, Tayeb Louh, ministre du Travail et de Mohamed Benmeradi, ministre de l’Industrie. Côté américain, la toute nouvelle chargée d’affaire auprès de l’ambassade des Etats-Unis en Algérie, Elisabeth Aubin, et des représentants des laboratoires Bayer, JanssenCilag, Roche, Abbot, Pfizer, Amgen, Novartis, Eli Lily et MSD/Merk.
Le mémorandum a été signé par l’association américaine PhRMA, qui regroupe les laboratoires de recherche. Les retombées de ce projet gigantesque est de permettre à l’Algérie de cesser, en matière de santé, d’être un pays «importateur-consommateur», de couvrir à terme ses besoins en médicaments et autres produits pharmaceutiques, et d’être également un pays exportateur. «D’ici 2015, 70% des médicaments consommés en Algérie seront fabriqués en Algérie», a déclaré, en marge de cette rencontre, le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, Djamel Ould Abbès. «Ce qui s’est passé auparavant n’aura plus lieu à l’avenir, le médicament sera produit en Algérie. L’importation-consommation qu’on a connue jusque-là suffit. On mérite mieux que ça!», a poursuivi le ministre en indiquant que cette fois, «nous allons jouer dans la cour des grands». M. Ould Abbès a fait savoir, en outre, qu’une feuille de route a été élaborée pour la mise en oeuvre de ce projet confié au comité algéro-américain. Pour sa part, Mohamed Benmeradi confie: «Dans le secteur du médicament comme dans d’autres secteurs d’ailleurs, on agit pour la création des richesses pour cesser l’importation d’une part, et mettre en place des opportunités pour la création de postes d’emploi d’autre part.»
Le problème du médicament a atteint son paroxysme ces deux dernières années. Des pénuries très graves sont à chaque fois signalées. Pourtant, le ministre de la Santé ne cesse de répéter qu’il n’y a pas de pénuries mais un problème de distribution. En effet, la dernière rafale du ministre a emporté au moins 200 distributeurs de médicaments à qui les agréments ont été retirés. D’ailleurs, d’après son secrétaire, M. Bouchnak, 41% de vendeurs en gros «ne disposent pas d’un plan de rappel de médicaments et 40% ne respectent pas la loi dans la vente des substances venimeuses et stupéfiants».