C’est ce qu’on appelle poser un lièvre. Prévue dimanche 3 avril, l’entame des travaux des trois commissions chargées d’examiner les revendications des médecins résidents n’aura pas finalement lieu.
Un responsable du ministère de la Santé annonce aux grévistes qu’aucune réunion n’était prévue.
« Les 22 délégués de médecins résidents se sont rendus aujourd’hui au ministère de la Santé pour participer aux travaux desdits commissions mixtes, comme convenu mardi dernier. Sur place, un responsable du ministère nous a informés que rien n’est prévue », affirme le Dr Amine Benhabib, porte parole du collectif des médecins résidents.
Le ministre de la Santé, Djamel Ould Abbès, avait informé mardi 29 mars, lors d’une réunion tenue avec les délégués des médecins résidents, que l’entame des travaux des trois commissions est prévue pour dimanche, rappelle M. Benhabib, joint par téléphone.
« Au ministre, on ignore également la date de début des travaux. Des cadres du même départemental, membres des commissions mixtes, nous ont affirmé qu’ils n’étaient pas informés ou associés », ajoute-t-il, en soupçonnant le ministère de la tutelle de vouloir lancer des commissions « fictives. »
Sollicité, le secrétaire général du département de la Santé n’a pas daigné recevoir les délégués des médecins résidents sous prétexte qu’il était « débordé », dénonce le Dr Mohamed Sahnoun, membre du collectif.
Voulant récupérer le PV de la réunion tenue mardi 29 mars avec le ministère, la délégation est revenue bredouille. « On nous a dit que Le PV n’était encore prêt », estime t-il, fustigeant ainsi « le mépris » du ministère.
Le Dr Benhabib déplore, pour sa part, une dérobade du ministère de la Santé. « Nous sommes déçu, nous nous attendions à mieux. Malgré notre disponibilité à dialoguer, le ministre donne l’impression de ne pas coopérer », ajoute-t-il.
En début d’après-midi, le ministère de la Santé a finalement adressé une missive aux délégués de médecins résidents l’y invitant à l’installation des commissions pédagogique et du statut.
« Pour le service civil, nous n’avons rien reçu. Demain, nous irons au ministère. S’ils écident d’abroger les service civile, on siègera dans les deux commissions », indique M. Benhabib. Faut de quoi, les médecins résidents, pour qui la suppression du service civil est un préalable au dialogue, menacent de boycotter les travaux de ces commissions.
Face à la nouvelle attitude du ministère, les médecins résidents observeront lundi des sit-in et des rassemblements dans de nombreux hôpitaux à travers le pays, selon Mohamed Sahnoun.
Jeudi 31 mars, depuis Boumerdes, à l’est d’Alger, le ministre de la Santé avait affirmé qu’ « il n’y a aucun motif à la poursuite de cette grève, après deux semaines de dialogue ».
Entamée lundi 28 mars, la grève nationale illimitée est toujours maintenue. Dimanche, les taux de suivi du débrayage dans les hôpitaux d’Algérie avoisinent les 98 %, selon les estimations de M. Sahnoun. « La grève continuera jusqu’a l’aboutissement des trois commissions à des résultats concrets et satisfaisants », insiste le porte-parole du collectif.
Dans leur plate-forme de revendications, les blouses blanches réclament l’abrogation du service civil obligatoire auquel ils sont soumis durant une période allant de 1 à 4 ans, la mise en place d’un plan de carrière, l’ouverture de postes budgétaires et l’augmentation de leurs salaires.
Ils exigent également la révision du l’actuel statut qui devrait leur assurer un droit syndical, des congés de maternités pour les résidentes et des primes de contagion et de risque.
Le salaire de médecins résidents, 8000 sur le territoire national, est plafonné à 32 000 dinars (320 euros) alors que le salaire minimum garanti est de 15 000 dinars (150 euros).