Pourquoi le tout nouveau secrétaire général du FLN, Djamel Ould Abbès, insiste-t-il tant sur l’éventualité d’un cinquième mandat en 2019 ? Quelques heures seulement après le « limogeage » de Saâdani, le sénateur du tiers présidentiel surprend tout le monde en lançant tout de go cette phrase aussi claire qu’énigmatique : « Le FLN soutient le président Bouteflika pour briguer un cinquième mandat ! ».
Il répètera cette phrase une fois, puis une autre fois devant un journaliste de l’APS, avant-hier lors d’un meeting d’un parti politique islamiste modéré.
Depuis une semaine, des informations incessantes font état de la création, encore timide, de comités de soutien pour applaudir cette ambition.
Mieux encore, Ould Abbès vient de trouver un allié politique, en l’occurrence le leader du MPA, Amara Benyounès, qui vient d’affirmer qu’il est « pour la candidature de Bouteflika en 2019 ».
Le chef du FLN est allé encore plus loin dans sa dissertation pour nous convaincre de la possibilité de ce cinquième mandat, en faisant le parallèle avec des exemples à l’étranger, comme celui du président américain Roosevelt ou du président français Mitterrand. Il dira à une chaîne de télé locale, venue l’interroger sur sa feuille de route au sein du FLN, que « l’état de santé du président est bon.
Il est sur un fauteuil roulant, mais tel qu’il est, nous le soutenons ».
Pour le SG du FLN, les dernières apparitions du chef de l’Etat (comme celle d’hier au chantier de la grande mosquée d’Alger) sont la « preuve » que son état de santé s’améliore. Expliquant cette position, Ould Abbès affirme qu’ »il était évident que le parti désigne son président comme candidat à la présidentielle de 2019, si ce dernier consent ». « Il est tout à fait traditionnel et normal, comme cela s’est fait par le passé, que le parti désigne son premier responsable comme candidat ».
Pour ainsi dire, les observateurs expliquent cette propension à lancer aux médias cette possibilité d’un cinquième mandat par des calculs politiques bien ficelés.
Il s’agirait surtout de « redresser la barre et le gouvernail du FLN », pour reprendre des sources internes au vieux parti. C’est ainsi qu’on croit savoir que l’ancienne direction du parti aurait « aiguillonné ses appareils organiques vers le soutien d’un autre candidat à cette présidentielle », croyant surtout que le chef de l’Etat n’ambitionnerait pas ou ne voudrait pas briguer un cinquième mandat en 2019.
C’est d’ailleurs la fameuse phrase de Saâdani en mars dernier, quand il dira que « le FLN ne soutiendra pas Ouyahia », qui prend tout son sens politique. Il y a quelques semaines, l’entourage de Saâdani n’a jamais mis sur ses tablettes une candidature de Bouteflika en 2019, préférant le soutenir ou le conforter jusqu’à l’apparition des premiers « symptômes » d’une candidature.
Il est évident que plusieurs clans et des personnalités ambitieuses, nationales et politiques, cherchent le soutien d’une machine aussi puissante électoralement que le FLN. D’autant que ce processus devrait atteindre un premier objectif, celui des législatives en mai 2017, suivies des municipales en octobre de la même année.
Le rappel de Ould Abbès n’est pas innocent puisqu’il vient de dire, indirectement, que le FLN ne soutiendra personne en dehors du président du parti. Autrement dit, les batailles d’avant-garde qui ont commencé à voir le jour sur la scène nationale sont vaines et « caduques ». Pour le moment, seul Benyounès semble l’avoir compris.