Le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, Djamel Ould-Abbès, a instruit hier les responsables du groupe pharmaceutique public Saidal d’introduire dans les plus brefs délais une action en justice contre les «cercles» ayant déclenché la campagne calomnieuse ayant ciblé, ces derniers jours, l’un des produits phares de Saidal, en l’occurrence le Rhumafed (antigrippal).
De son côté, le PDG de Saidal a indiqué que ses collaborateurs sont en train de rassembler toutes les indications nécessaires devant démasquer les vrais «comploteurs». Acculé par les journalistes sur le caractère «lent» de la réaction du groupe par rapport à la polémique soulevée par l’affaire Rhumafed, M. Derkaoui a fait un aveu lourd de sens et… de conséquence. «Nous avons fait preuve d’une grande naïveté», a-t-il avoué hier à Alger lors d’une conférence de presse, devant une assistance médusée. «Cette attaque était tellement bien orchestrée, qui plus est par de véritables professionnels, que nous avons sous-estimé son impact», a reconnu le responsable révélant : «Nous ne sommes pas les champions de la communication, avouons-le !». Il s’engage toutefois «à communiquer davantage» à l’avenir. Il avoue : «C’est notre absence qui a engendré ce genre de manipulation. Mais ce n’est nullement de la couardise. Maintenant, il faut tirer les leçons». Et d’assurer qu’«en dépit de cette attaque, la crédibilité de Saidal n’a pas été affectée, puisque nous sommes en discussions directes avec sept partenaires étrangers dont des firmes de renommée mondiale pour la fabrication, entre autres, de l’insuline et des anti-cancérigènes». En outre,
M. Derkaoui fera savoir que son groupe est «en discussion avec deux groupes pharmaceutiques nationaux afin d’établir une charte d’éthique», suite à cette campagne. «Peut-être qu’il s’agit d’une erreur. Nous avons été trop naïfs sur ce coup-là.
Nous n’avons pas assez mesuré l’étendue d’une telle nouvelle.
Si nous avions détecté le moindre danger, nous aurions déclenché immédiatement une alerte sanitaire», a lâché M. Derkaoui qui a néanmoins promis que ce genre de manipulation «ne se reproduira plus jamais», d’autant que ses services vont redoubler de vigilance. Il assure, en outre, que la traçabilité a été «parfaitement assurée» par Saidal qui a rappelé immédiatement le seul lot qui présentait une anomalie. «Il y a eu effectivement une anomalie mais notre traçabilité demeure efficace», souligne le responsable. Le ministre de la Santé a de son côté pris la défense du groupe Saidal «fleuron de l’industrie pharmaceutique nationale».
Il devait dire à cette occasion : « (…) Cette campagne de dénigrement est une atteinte à la sûreté de l’Etat : semer la panique et dire qu’il y a des morts à cause du Rhumafed». «C’est voulu», a affirmé Ould Abbès, poursuivant : «Nous connaissons les laboratoires qui sont derrière. Et l’opinion aura des nouvelles dans les prochains jours», a-t-il promis. «Cette campagne n’est guère circonstancielle ; elle intervient dans un contexte de confusion générale qui entre dans le cadre d’une stratégie dont le but inavoué est de détruire l’économie nationale (…)
Non seulement, nous n’arrêterons pas la production du Rhumafed, mais j’interdirai en tant que ministre de la République tout produit qui équivaut au Rhumafed et à tout produit fabriqué par Saidal ou par un quelconque opérateur privé national», conformément aux orientations du Premier ministre à cause de certains importateurs qui font dans la rétention. D’autre part, Mlle Naït Wakli, directrice technique de l’usine de Dar El Beïda, assure que «si nous sommes ici aujourd’hui, c’est surtout pour rassurer nos concitoyens et les patients et autres prescripteurs sur le produit Rhumafed.
Je tiens à dire qu’il n’y a aucun danger à consommer le produit et en aucun cas, il n’y a eu mélange de produits, comme ont tenté de le faire croire à force de SMS et de e-mails certaines parties malintentionnées». Notons enfin que le PDG de Saidal a annoncé que «suite à cette affaire, un responsable du groupe a été suspendu de ses fonctions et aucune arrestation ou interpellation n’a été faite contrairement à ce qu’ont révélé des sources médiatiques locales».
Younès Djama