D’où vient la crise alors ? Pourquoi cette crise ? Qui est dernière la pénurie de médicaments sur le marché ? Le ministère de la Santé accuse toujours mais sans donner de noms.
Drôle de crise de médicaments en Algérie. Alors que les patients, les malades chroniques, notamment, sont livrés à eux-mêmes en raison de l’indisponibilité de certains médicaments, les pouvoirs publics occultent la crise, soulignant que tous les médicaments sont disponibles à l’exception de deux ou trois marques ! D’où vient la crise alors ? Pourquoi cette crise ? Qui est dernière la pénurie de médicaments sur le marché ? Le ministère de la Santé accuse toujours mais sans donner de noms. En effet, Djamel Ould Abbès a dégagé hier toute responsabilité quant à la rupture de stocks qui ne cesse de s’étendre. «Je n’accuse pas les lobbies. Je fais des constats. Et le constat que j’ai pu faire est amer. Il y a opacité dans le marché de médicaments. Des facteurs exogènes à la santé polluent et créent des situation de crise», a dit le ministre lors d’une rencontre tenue hier au siège de son ministère avec les opérateurs de l’industrie pharmaceutique. Pour lui, certains opérateurs «manquent de sincérité et doivent être remis à l’ordre par la loi». Dans ce cadre, le responsable a fait état de «l’importation illégale, de surfacturation, de la location des diplômes de pharmacie, et des pressions exercées sur sa personne». «Des gens m’appellent pour me proposer des conteneurs de médicaments arrivés au port d’Alger en dehors des programmes d’importations», révèle-t-il. Le ministre a annoncé la sanction de sept importateurs de médicaments en raison des comportements contraires à la loi. «Ils aiment importer sans qu’il y est un programme d’importation. Désormais, il faut avoir un projet de fabrication pour importer», dit-il. Déclarant que les pénuries sont souvent «fabriquées » et profitent à une certaine catégorie de gens, le ministre promet de régler le problème. A cet effet, une commission mixte composée de plusieurs intervenants de l’industrie pharmaceutique sera mise en place afin de se pencher sur le problème de distribution qui est à l’origine de cette pénurie de médicaments dans les pharmacies. «560 distributeurs ! C’est un chiffre surréel», estime le ministre, en comparant avec les pays voisins, prenant l’exemple de la Tunisie qui compterait, selon lui, 40 distributeurs. Ainsi, le ministre a affirmé que l’Etat appliquera à partir de l’année 2011 un contrôle rigoureux sur les médicaments importés. Le secrétaire général du ministère de la Santé a soutenu, pour sa part : «Les produits identifiés comme connaissant une baisse des stocks existent mais en Dénomination commune internationale (DCI), sous d’autres noms de marque». Pour ce dernier, les états de stocks des opérateurs pharmaceutiques sont transmis mensuellement au ministère de la Santé. Les opérateurs qui ont signalé une baisse des stocks ont été destinataires d’une «demande d’explications». Les réponses collectées ont permis au ministère de conclure qu’«il y a une disponibilité de tous les produits liés aux pathologies d’urgence et aux maladies chroniques». Pour le ministère, les produits utilisés dans les pathologies réputées de saison (notamment ceux largement consommés pendant le ramadhan), mais aussi des médicaments nécessaires pour les diabétiques, sont disponibles. «Les insulines et les antidiabétiques oraux sont disponibles», souligne le SG du ministère. Les contraceptifs oraux qui ont connu une certaine tension, sont actuellement en cours de dédouanement, souligne l’intervenant. Répondant aux préoccupations des associations de malades chroniques de la wilaya d’Oran, le ministre n’a pas manqué d’afficher son étonnement quant à l’indisponibilité d’antiviraux utilisés dans le traitement de la trithérapie (trois médicaments), des malades atteints du VIH sida. «Pourquoi spécialement Oran ?», s’est interrogé le ministre. «Comme le carburant et le cheptel, le médicament n’échappe pas aux lobbies. Et là on touche directement à la santé des Algériens, c’est très grave», a indiqué le ministre sans pour autant citer «ces lobbies qui prennent en otage les malades».
Par Hocine Larabi
