Environ 280 familles bénéficiaires d’appartements dans la cité 300 Logements d’El Khafdji, dans la périphérie ouest de Ouargla, ont décidé d’une journée de protestation, dimanche matin 24 mai 2009, pour exprimer leur colère devant la dégradation de leurs logements et de l’environnement et pour attirer l’attention des responsables locaux sur le laisser-aller qui caractérise leur cadre de vie.
D’après A. H. Ayoub, l’un des bénéficiaires, les problèmes ont commencé à la réception desdits logements, où des malfaçons, des vices de forme et des insuffisances ont été constatés : manque d’isolation sonore entre voisins, carrelage mal posé se détériorant facilement, compteurs d’eau remis aux bénéficiaires installés par les propres moyens de ces derniers, w.-c. et salles de bains bouchés ou inachevés, fuites fréquentes de canalisations d’eau potable. Malgré plusieurs mises en demeure de l’AADL faites aux bureaux d’études et aux entrepreneurs, rien n’a été entrepris. En ce qui concerne l’environnement externe, ces bénéficiaires signalent le manque d’éclairage public et la présence de chiens errants dangereux proliférant la nuit, les routes non bitumées et cabossées empêchant les minibus de transport privé de parvenir jusqu’à leur cité, le camion de ramassage d’ordures qui ne passe qu’une seule fois par semaine (mardi) au lieu de deux à trois fois et ce malgré une convention avec l’APC de Ouargla, les éclatements fréquents des conduites d’eau non réparées, le manque de reboisement et d’espaces verts, le manque d’infrastructures pour les jeunes, le harcèlement fréquent des jeunes filles du quartier par des voyous et des jeunes ouvriers des chantiers voisins, les vols de voitures et les effractions d’appartements.
Certains de ces logements AADL non encore achevés sont devenus, nous dit-on, des repaires de voyous, de voleurs ou de drogués. Il y a deux ans, une commission du ministère de l’Habitat était déjà venue pour s’enquérir sur place des problèmes et des doléances des habitants pour essayer de les résoudre. Des promesses avaient été faites aux habitants, mais rien n’a été fait jusqu’à présent. Le même interlocuteur nous a informés qu’au niveau de la direction AADL d’Alger, quatre directeurs se sont déjà succédé et tous avaient promis d’apporter des améliorations, mais là aussi rien n’a encore été fait. En 2007, un reportage de la TV nationale (émission « Min waquiîna ») avait déjà donné un aperçu de la situation de ce quartier devant attirer l’attention des responsables locaux, mais aucune action depuis. Avec cette manifestation de protestation, les habitants veulent pour la énième fois attirer l’attention des responsables, à tous les niveaux, sur leur malvie et la médiocrité de leur cadre de vie s’ils ne veulent pas qu’une telle cité ne se détériore encore plus et devienne un ghetto insalubre et invivable. Craignant des débordements, les services de police présents avaient écouté les doléances des habitants qui brandissaient des banderoles. Toujours d’après notre interlocuteur, le directeur de l’AADL Ouargla, en mission à Ghardaïa depuis hier, n’avait pas pu rencontrer une délégation des habitants de cette cité qui le réclamaient, mais avait promis d’organiser une rencontre dès son retour de mission.