L’enquête sur la disparition de Khadidja Bengrine, jeune femme d’origine algérienne, survenue en 2004 dans le Finistère, a été rouverte et se concentre sur la thèse de l’homicide. Son ex-conjoint pourrait être jugé aux assises, une décision qui sera prochainement prise par le pôle des Cold Cases de Nanterre.
Suite à la clôture de cette enquête, le pôle Cold Cases de Nanterre doit maintenant se prononcer. Le parquet va décider si son ex-conjoint, mis en examen pour « séquestration suivie de mort » et qui clame son innocence, sera jugé. La décision finale reviendra ensuite à la juge d’instruction. Après le classement sans suite de l’enquête préliminaire ouverte par le parquet de Quimper en 2013, le dossier avait été rouvert en 2022 par le pôle dédié aux cold cases du parquet de Nanterre.
À l’été 2003, Khadidja Bengrine, alors en rupture familiale, rencontre un homme à la gare de Quimperlé. Le couple s’installe ensemble et ouvre une pizzeria en juillet de la même année.
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Les premières recherches sur la disparition de Khadidja infructueuses
En 2004, Khadidja disparaît. Son conjoint de l’époque, Philippe C., affirme qu’elle est partie sans laisser de nouvelles, mais sa mère révèle un détail crucial : sa fille l’avait appelée pour lui dire qu’elle rentrait à la maison, car son conjoint « l’avait arnaquée« .
Les premières enquêtes n’ont rien donné, le dossier avait été classé sans suite après une brève réouverture en 2012. Suite à une nouvelle enquête menée par l’unité spécialisée Diane de la gendarmerie, il a été confirmé que Khadidja Bengrine, alors âgée de 21 ans, n’a laissé aucune trace numérique ni aucun signe de vie depuis sa disparition en 2004, ni en France, ni en Algérie, le pays d’origine de ses parents.
Les enquêteurs ont également écarté plusieurs hypothèses, dont celle d’un suicide ou d’un meurtre par un tueur en série, après des recherches approfondies. Plusieurs investigations avaient été menées à la demande de la famille de la jeune disparue, notamment en 2004, 2005, 2006, 2008 et 2010.
Le corps de la victime n’a jamais été retrouvé
En écartant les autres pistes, la gendarmerie privilégie désormais la piste de l’homicide. L’ex-conjoint, principal suspect, continue de nier toute implication. Les recherches pour un corps, effectuées en 2023 à Port-Launay, n’ont rien donné.
« La reprise des investigations s’est tout d’abord orientée vers de nouvelles recherches de Khadidja Bengrine, dont aucun signe de vie sur le territoire national n’a pu être découvert depuis sa disparition à l’été 2004, ni aucune correspondance avec des corps non identifiés recensés. Les demandes de renseignements diffusées à l’étranger sont restées, à ce jour, sans réponse« , indique, le 26 juillet 2022, le parquet de Nanterre.
Le suspect, qui avait déjà été entendu comme témoin dans le cadre d’une précédente enquête, est incarcéré à la maison d’arrêt de Brest depuis 2019. Il purge une peine pour viol sur deux adolescentes, des faits sans lien avec cette affaire et pour lesquels il a été condamné, en 2022, à douze ans de réclusion.
Pistes vérifiées sur les traces de Khadidja Bengrine
Le dossier de la disparition mystérieuse de Khadidja Bengrine a été rouvert en 2021, grâce à un bénévole de l’Association pour la recherche des personnes disparues (ARPD), sollicité par la famille de la victime. Ce dernier a mis en lumière l’arrestation de Philippe C., dans le cadre d’une affaire de viol sur mineur.
Le bénévole a également mis au jour de nouveaux éléments : Khadidja avait laissé derrière elle des affaires personnelles (bijoux, affaires de toilette), ce qui est peu probable en cas d’un départ volontaire. Il a aussi établi que ses visites régulières à la pharmacie s’étaient brutalement arrêtées.
C’est ce travail de recherche qui a permis de confier ce dossier au pôle des Cold Cases du parquet de Nanterre en 2023, juste avant qu’il ne soit frappé de prescription. Initialement placé en détention dans cette affaire, le suspect est aujourd’hui en liberté sous contrôle judiciaire.
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