Il ne passe pas un jour, depuis la première annonce sur son état de santé et sa présence au Val-de-Grâce sans que des informations ne viennent contredire celles données la veille. Présent à Paris, parti en Suisse se reposer, revenu en Algérie, au repos en banlieue parisienne, ont été autant d’informations que les Algériens ont lu et écouté, curieux et éberlués à la fois.
France 24 rapportait il y a à peine quelques jours que Bouteflika avait définitivement quitté l’hôpital parisien, alors que le site du Parisien.fr affirmait, au contraire, que Bouteflika demeure au Val-de-Grâce et n’a pas quitté son lit d’hôpital : «Selon nos informations, le président algérien est toujours à l’hôpital militaire parisien du Val-de-Grâce», s’appuyant sur une source militaire française, qui précisait qu’«aucun changement n’a été demandé pour les prochains jours aux forces de sécurité qui entourent la présence du président algérien».
Dès les premiers jours de son hospitalisation, son médecin personnel en Algérie, le Pr Rachid Bougherbal, affirmait que l’état de santé de Bouteflika s’est «nettement amélioré», suite à un «petit AVC». Puis ce fut le black-out total sur l’évolution de l’état de santé du président. On le disait parti en Suisse, où l’Etat algérien vient d’acquérir un manoir imposant, «pour observer au moins une quinzaine de jours de repos».
Si, en France, on cultive les informations contradictoires, à Alger, c’est un optimisme béat, curieux et inquiétant, à la fois, et qui produit l’effet contraire à celui escompté. Ainsi, dix jours après son hospitalisation, le 27 avril, dans la capitale française, à la suite d’un mini-AVC, un communiqué officiel affirmait que le chef de l’État allait « beaucoup mieux ». Selon les termes du communiqué, l’état de santé du président Bouteflika s’est « nettement amélioré » mais il doit observer « une période normale de repos prescrite par ses médecins ».
Avant-hier, jeudi, c’est un nouveau communiqué qui dit que le président de la République a désigné le ministre de l’Agriculture et du Développement rural, Rachid Benaissa, pour le représenter au triple sommet de l’Agence panafricaine de la Grande muraille verte, du Comité inter-états pour la lutte contre la sécheresse dans le Sahel et de l’Autorité du Bassin du Niger, qui se tiendra samedi à N’Djamena, au Tchad.
Devant ces informations contradictoires, l’Algérien moyen reste perplexe. Où est le président ? La question reste sans réponse. Y a-t-il un accord tacite entre Alger et Paris pour maintenir les choses dans le flou ? Il y aurait bel et bien un problème de communication à Alger. Les citoyens ont le droit de savoir. Ils ont aussi le droit de connaître qui les gouverne pendant l’absence du président, absence qui pourrait se prolonger…
Fayçal Oukaci