Otages algériens dans le nord du Mali,Cinq mois d’attente et de négociations

Otages algériens dans le nord du Mali,Cinq mois d’attente et de négociations

L’enlèvement du consul d’Algérie à Gao au Mali et de six de ses proches collaborateurs, le 5 avril dernier, serait-il en train de tourner à la tragédie?

L’annonce de l’assassinat du vice-consul par le porte-parole des ravisseurs appuie cette tournure dramatique et fait craindre le pire lorsqu’on sait l’acharnement avec lequel le Mujao s’en prend à l’Algérie, et cela depuis l’apparition énigmatique de ce groupe terroriste. Cette situation aux relents morbides, vers laquelle a mené l’obstination meurtrière d’une bande de tueurs est le résultat d’une odieuse machination dont le but demeure la neutralisation de l’Algérie, et au vu des circonstances qui prévalent dans la région du Sahel, elle risque de s’aggraver à cause de l’entrée en scène de plusieurs parties non identifiées. Tout indique que les ravisseurs ne sont plus maîtres de la situation et qu’ils sont obligés de suivre des «directives» venues d’ailleurs. Sinon, comment expliquer cette confusion qu’ils ont créée autour du meurtre non encore confirmé du vice-consul?

Le Mujao n’est en fin de compte que l’interface d’un énorme chantage à travers lequel les ravisseurs jouent le rôle d’exécutants. Ces derniers, et dans un communiqué transmis exclusivement à l’AFP, devenue, a priori, le porte-parole de cette formation intégriste, ont annoncé avoir exécuté le vice-consul, mais semblent tout faire pour entretenir le flou. A quels desseins? L’exécution du vice-consul d’Algérie n’a, à l’heure où nous mettons sous presse, pas été confirmée.

Dans cette totale confusion, les autorités algériennes préfèrent garder le silence, tout en restant prudentes. Ce qui est sûr, néanmoins, Alger qui vient de mobiliser ses troupes aux frontières, refuse de satisfaire les revendications de ce mouvement qui réclame la libération d’islamistes détenus sur le territoire algérien, dont le nombre n’est pas précisé, ainsi qu’une rançon de 15 millions d’euros. Jusqu’à une date récente, le porte-parole dudit mouvement, Adnan Abu Walid Sahraoui, annonçait toujours à l’AFP: «Les otages sont encore vivants. Le gouvernement algérien connaît nos revendications. Il est encore temps de se parler. Après, il sera trop tard». Pis encore, il menace: «Vraiment, nous pensons à attaquer l’Algérie, commettre des attentats similaires à celui de Tamanrasset qui a été exécuté par deux jeunes.» Une menace qui intervenait après l’échec des pourparlers et suite auquel le Mujao confirmait «la délégation algérienne a complètement refusé nos demandes, et cette décision mettra la vie des otages en danger».

En juillet dernier, trois des otages avaient été libérés. «Trois des sept otages algériens enlevés le 5 avril au consulat d’Algérie de Gao, dans le nord-est du Mali, par des membres d’un groupe islamiste armé, ont été libérés», confirmait alors, le ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci. Sur les circonstances de cette libération, rien ne sera divulgué.

L’Algérie a toujours su garder la plus grande discrétion dans le traitement des affaires d’otages pour ne pas exposer les victimes au danger. A ce même propos d’ailleurs, Mourad Medelci avait indiqué ne pas pouvoir en dire plus pour des raisons de sécurité. Et ce n’est pas dans le sillage de ce suspense mortel qu’il en dira plus.