Il y a eu forcément une précipitation dans la presse locale et internationale à annoncer l’exécution de notre diplomate par le MUJAO qui détient en captivité encore quatre fonctionnaires.
Des agents consulaires qui ont été kidnappés en plein exercice dans l’enceinte de notre consulat à Gao à la faveur de la confusion qui a prédominé lors de l’invasion du nord du Mali par différents groupes de rebelles.
Je n’ai personnellement aucune leçon de retenue à donner ni de remarque déplacée à faire à mes confrères journalistes tant je connais l’effervescence d’une rédaction en possession de ce genre d’info et tant il est normal de rapporter, froidement parfois, les faits de l’actualité.
Pour autant, le risque de tomber dans le jeu du terrorisme en relayant l’intox n’est pas écarté quand seuls les communiqués veulent dicter la vérité avant toute authentification.
Au moment où j’écris dans ce commentaire, avec la pesante appréhension d’une dépêche officielle qui viendrait confirmer l’horrible nouvelle, il est encore permis d’espérer un retour de situation. Malgré les condamnations de l’assassinat par des parties si proches de la question que leurs déclarations prennent valeur de confirmation…
C’est aussi parce que le hasard d’un reportage au Mali, de Bamako jusqu’au septentrion comme les Maliens désignent le Nord qu’ils ne veulent pas perdre, m’a permis de rencontrer les agents consulaires de Gao à la veille de leur kidnapping. Plus de 1200 km à travers un pays hospitalier où les Algériens sont choyés, quoi qu’on dise depuis la crise du mois de janvier 2012.
A Gao, mon collègue photographe Riad Abada et moi-même avons été préservés d’un malheur grâce à la vigilance de cette équipe de diplomates qui a tout fait pour nous dissuader d’aller à la rencontre du commandant Nadjim, le leader «libyen» du MNLA avec qui nous devions réaliser un entretien. «La région (Kidal, ndlr) est infestée de toutes sortes de groupes armés ; si vous avez rendez-vous avec le MNLA, vous pouvez tomber sur d’autres individus en armes avec d’autres intentions…»
Ce sont les propos du consul, aâmi Boualem, un diplomate en fin de carrière très gêné d’interférer dans le programme d’un organe de la presse indépendante mais pas moins protecteur, humain. Un patriote dont nous témoignions, dans notre édition intitulée «La diplomatie du courage», au lendemain de la prise d’otages, pour raconter comment il a voulu nous rassurer par le biais d’un sms.
Nous étions rentrés à Alger pour notre part, et des articles de journaux rapportaient qu’il avait été agressé dans un mouvement de foule. Il apporta son démenti en s’affirmant toujours en poste pour accomplir sa mission auprès de son staff.
Une mission en réalité à vocation surtout humanitaire puisque Boualem Sias et son équipe ont régulièrement réceptionné des avions cargos en provenance de l’Algérie, chargés de vivres, de médicaments et d’équipements civils qu’ils remettaient aux autorités locales.
Aujourd’hui que nos frères endurent cette épreuve dans le cadre du devoir et au nom de l’Algérie, il me semble que nous devons resserrer les rangs autour de notre diplomatie et laisser les critiques naturelles pour plus tard. Parce qu’on ne peut pas polluer l’héroïsme par des considérations politiciennes, fussentelles fondées et pertinentes.
Et qu’on ne doit pas enterrer trop tôt nos compatriotes que le destin et le dévouement mènent à subir de très pénibles moments à la hauteur de leur bravoure. Des compatriotes dont les familles qui prient pour un dénouement heureux ont besoin qu’on espère avec eux, jusqu’au bout. En leur adressant un message de solidarité et en les assurant que l’Algérie ne peut leur être que reconnaissante.
Nordine Mzalla