« Notre compatriote Hervé Gourdel a été assassiné par un groupe terroriste lâchement, cruellement » (Hollande)
Le président américain Barack Obama a exprimé mercredi la solidarité de son pays avec la France, dont un ressortissant a été décapité par un groupe terroriste lié à l’organisation Etat islamique.
« Nous sommes avec vous et avec le peuple français alors que vous faites face à une terrible perte, et que vous êtes debout contre la terreur pour défendre la liberté », a déclaré, s’adressant au président français François Hollande, Barack Obama lors d’une réunion du Conseil de sécurité de l’ONU consacrée à la lutte contre le phénomène des terroristes étrangers.
Le gouvernement algérien a également dénoncé mercredi comme un acte « odieux » et « abject » l’assassinat de Hervé Gourdel.

« Dès l’enlèvement (dimanche) du ressortissant français, les autorités algériennes ont mobilisé toutes les énergies et tous les moyens humains et matériels pour libérer l’otage », a indiqué dans un communiqué le gouvernement en réitérant sa « détermination à poursuivre (sa) lutte contre le terrorisme sous toutes ses formes ».
« La France ne cède pas devant le chantage »
Le président français François Hollande a condamné mercredi à New York le lâche et odieux assassinat d’un otage français en Algérie par un groupe affilié au groupe Etat islamiste, soulignant qu’elle renforçait sa détermination à lutter contre cette organisation.
« Notre compatriote Hervé Gourdel a été assassiné par un groupe terroriste lâchement, cruellement honteusement », a déclaré le chef de l’Etat français devant la presse depuis la mission française auprès de l’ONU où il devait s’exprimer peu après devant l’Assemblée générale de l’organisation.
Le visage fermé, François Hollande a déploré un crime odieux dont les auteurs devront être châtiés.
« Nous continuerons à lutter contre le terrorisme, partout et notamment contre le groupe qu’on appelle Daech (acronyme arabe de l’Etat islamique, NDLR) qui répand la mort en Irak et en Syrie », a-t-il souligné, martelant que les opérations militaires aériennes (françaises en Irak) se poursuivront « tout le temps nécessaire ».
François Hollande a également annoncé qu’il réunirait dès demain jeudi à l’Elysée un conseil de défense pour à la fois fixer les buts que nous avons assignés à nos opérations militaires et renforcer encore la protection de mes compatriotes.
Devant l’Assemblée générale de l’ONU, Hollande a concédé que La France « vit une épreuve » mais « ne cède jamais devant le chantage », assurant que la « lutte contre le terrorisme devait être poursuivie et amplifiée ».
La vidéo de la décapitation de l’otage publiée sur internet

Un groupe lié à l’organisation Etat islamique (EI) a annoncé, dans une vidéo postée mercredi, avoir décapité un Français enlevé dimanche en Algérie.
Ce groupe, Jund al-Khilafa, avait menacé lundi de tuer Hervé Gourdel, un guide de haute montagne de 55 ans, si la France ne renonçait pas sous 24 heures à ses frappes aériennes en Irak, un ultimatum rejeté mardi par le président François Hollande.
La vidéo, postée sur des sites de terroristes et intitulée « Message de sang pour le gouvernement français, débute par des images de M. Hollande prises au cours de la conférence de presse durant laquelle il a annoncé les frappes françaises contre l’EI en Irak.
Elle montre ensuite l’otage, agenouillé et les mains derrière le dos, entouré de quatre hommes armés et le visage dissimulé. En quelques mots, il témoigne de son amour pour sa famille.
L’un des hommes lit ensuite un message dans lequel il dénonce l’intervention des croisés criminels français contre les musulmans en Algérie, au Mali et en Irak notamment.
Il affirme qu’au terme du délai accordé à la France pour cesser sa campagne contre l’Etat islamique et sauver son ressortissant, le groupe a décidé de le tuer pour venger les victimes en Algérie (…) et en soutien au califat, proclamé par l’EI sur les régions qu’il contrôle en Irak et en Syrie.
L’Algérie avait déployé ces deux derniers jours quelque 1.500 soldats en Kabylie (nord-est) pour tenter de retrouver Hervé Gourdel.
Ce randonneur avait été enlevé au lieu-dit Tizi N’kouilal, un carrefour routier au coeur du parc national du Djurdjura, un haut lieu du tourisme, devenu sanctuaire des groupes armés islamistes dans les années 90.
La mise en scène de sa décapitation ressemble à celles des deux journalistes américains enlevés en Syrie James Foley et Steven Sotloff et du travailleur humanitaire britannique David Haines par des membres de l’EI ces dernières semaines.
Jund al-Khilafa a surgi sur la scène de terreur à la fin août, en publiant un communiqué annonçant avoir quitté Al-Qaïda, dénoncée pour sa déviance, et proclamé son allégeance à l’EI auquel il est disposé à obéir au doigt et à l’oeil, selon le texte.
Des journaux algériens ont indiqué mercredi que le principal ravisseur d’Hervé Gourdel serait un ex-conseiller militaire d’Abdelmalek Droukdel, chef d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi).
Cet homme, Abdelmalek Gouri, alias Khaled Abou Selmane, est âgé de 37 ans et faisait partie d’une cellule d’Aqmi à l’origine des attentats suicide contre le palais du gouvernement et un bâtiment de l’ONU en 2007 à Alger.
Il serait également derrière l’attaque qui a coûté la vie à 11 soldats en avril à Iboudrarène, dans la même zone où s’est produit l’enlèvement.
M. Hollande avait rejeté l’ultimatum du groupe de terroristes et affirmé que la France poursuivrait ses opérations en Irak. Nous ne cèderons à aucun chantage, aucune pression, aucun ultimatum, fût-il le plus odieux, le plus abject, avait-il déclaré à New York.
L’enquête ouverte par le parquet de Paris après l’enlèvement et la séquestration en Algérie d’Hervé Gourdel, porte désormais sur des faits d’assassinat en lien avec une entreprise terroriste, a-t-on appris mercredi de source judiciaire.
Hervé Gourdel était un guide de haute montagne du parc national du Mercantour, au nord de Nice, passionné de photographie et de voyages. Il organisait notamment des stages dans l’Atlas marocain depuis une vingtaine d’années.
« Effroi devant la barbarie »

Manuel Valls a fait part mercredi de son « effroi devant la barbarie », après l’annonce de la décapitation de l’otage français enlevé par un groupe lié à l’organisation Etat islamique (EI) en Algérie, assurant que la France « ne cédera jamais ».
« Effroi devant la barbarie. Soutien de la Nation tout entière à la famille d’Hervé Gourdel. La France ne cédera jamais », a déclaré le Premier ministre sur son compte Twitter, suivi de ses initiales pour signifier qu’il a lui-même rédigé le message.
L’instance de représentation de la première communauté musulmane d’Europe, le Conseil français du culte musulman (CFCM),s’est dite mercredi « horrifiée » après l’annonce de la décapitation d’un otage français enlevé en Algérie, dénonçant un « crime barbare ».
« Le CFCM est horrifié par l’annonce dramatique (selon laquelle) notre compatriote Hervé Gourdel vient d’être odieusement exécuté par ses ravisseurs », écrit dans un communiqué l’instance de représentation de la première communauté musulmane d’Europe, forte de quelque 5 millions de membres.
Dans son texte, « le CFCM s’associe à la douleur de la famille et à l’ensemble de la Nation devant un tel crime qui ne mérite qu’un châtiment exemplaire par la justice de Dieu et celle des hommes ».
Le Conseil, présidé par le recteur de la Grande mosquée de Paris (liée à l’Algérie) Dalil Boubakeur, espère « de tous ses voeux » que « soit mis fin à ces actes barbares par une solidarité entre toutes les nations », poursuit le communiqué.
« Je suis dans une colère noire, j’ai la rage contre ces criminels, ces assassins d’une organisation qu’on peut appeler Daesh, Etat islamique, qui n’a rien à voir avec l’islam ni aucune religion », a confié Abdallah Zekri, l’un des responsables du CFCM.