Afin de marquer le 61e anniversaire du déclenchement de la Révolution du 1er Novembre 1954, l’association Med-Action d’Akbou a organisé, avant-hier, un colloque scientifique dédié à l’Histoire de la guerre de Libération nationale autour de la thématique : “Pourquoi le 1er Novembre 1954 ?”
D’éminents chercheurs et historiens algériens et français, ainsi que des acteurs de la Révolution ont pris part à cette rencontre-débat qui se voulait, selon les organisateurs, “une humble contribution à l’écriture de l’histoire”, tout en avouant qu’une telle “entreprise est éminemment délicate lorsqu’il s’agit surtout de la guerre d’Algérie avec, au demeurant, une Révolution en majuscule”.
“Notre initiative vise à donner une dimension scientifique à cette commémoration symbolique, à travers des communications académiques posant la question du 1er Novembre qui reste cet authentique sursaut populaire héroïque, salvateur, qui engendra une date, une révolution libératrice, essaimée à travers le monde, en symbolisant un flamboyant modèle de résistance pour les peuples opprimés”, nous a déclaré Hocine Smaâli, président de l’association, qui fait sienne la devise “Pour la jeunesse et la citoyenneté”. La première conférence, organisée dans la matinée, a été animée par l’historien français Gilbert Meynier, professeur émérite à l’université de Nancy, autour de la thématique centrale de la rencontre intitulée “Pourquoi le 1er Novembre 1954 ?”. Pour le conférencier, le déclenchement de la lutte armée en Algérie, le 1er Novembre 1954, ne retentit pas comme un coup de tonnerre dans un ciel serein.
Car, enchaînera-t-il, “en dépit des assertions officielles françaises qui affectèrent publiquement sur le registre du fait divers d’imputer l’événement à une organisation de malfaiteurs (…), elles dénoncèrent la main du Caire, représentée comme n’agissant que sur les directives de Moscou”. Remontant à l’origine de l’idée indépendantiste nationale, l’historien affirmera que celle-ci est apparue dans les années 1920, en France, dans les rangs de la première génération d’ouvriers algériens — surtout kabyles — exerçant principalement dans les mines du Nord et de Lorraine, à Paris, Marseille, Lyon et Saint-Étienne. Ces derniers se constituèrent en 1926, avec quelques comparses tunisiens et marocains, en Étoile nord-africaine (ENA), sous la houlette du Parti communiste français (PCF). “Mais l’ironie du sort a voulu logiquement que le chef des nationalistes qui émergeât fut un des rares ‘Arabes’, Messali Hadj, de Tlemcen, issu d’une confrérie musulmane populaire. Il fut porteur de la norme sacro-culturaliste, à la musulmane, même s’il fut, un temps, adhérent au Parti communiste”, a-t-il soutenu.
Lors des débats, l’orateur ne passera pas sous silence “les affrontements terribles entre les partisans de Messali (MNA) et les militants du FLN, notamment au mois d’avril 1956”. Le professeur estimera que “Messali Hadj était un homme beaucoup plus politique que militaire”. Emboîtant le pas au conférencier, l’ancien officier de l’ALN et écrivain, Rachid Adjaoud, prendra la parole pour assener : “L’histoire retiendra que les Messalistes nous ont combattus dès le début de l’année 1956, avant même l’avènement des harkis.” Interrogé sur les dessous de la mort d’Abane Ramdane, M. Meynier affirmera n’avoir aucun document ou autre justificatif en sa possession concernant l’assassinat de cet architecte de la Révolution algérienne. Toutefois, il reconnaît qu’il y avait eu “des antagonismes de pouvoir au sein de l’ALN, notamment entre les différents chefs historiques qui voulaient assurer la suprématie au lendemain de l’Indépendance”.
K.O