Christopher Ross a-t-il échoué?
Les responsables sahraouis ont fait part de leur «profonde préoccupation…» quant à l’absence d’avancées à l’envoyé spécial de l’Organisation des Nations unies.
Le dossier sahraoui n’aurait pas évolué d’un iota. C’est ce qui explique sans doute, en grande partie, l’extrême discrétion du représentant personnel du Secrétaire général de l’ONU. Le diplomate américain qui ne désespère pas de mettre fin au statu quo dans lequel est plongé le conflit du Sahara occidental, a pourtant redoublé d’énergie et d’effort afin de le sortir de l’impasse. Fait rarissime, il a effectué deux tournées dans la région en l’espace de moins de trois mois depuis le début de l’année 2014. Rien n’a filtré des discussions qu’il a eues avec les deux parties en conflit (Maroc et Front Polisario).
Le président sahraoui, sans trop être prolixe à ce sujet, vient de donner un sérieux indice qui montre que la mission du représentant personnel de M. Ban, n’est finalement pas de tout repos. On savait déjà que cela serait difficile, mais peut-être pas pour patiner à ce point. Mohamed Abdelaziz, a, en réponse à une question sur l’état d’évolution de la question du référendum d’autodétermination déploré «l’absence d’une quelconque avancée dans le sens de permettre au peuple sahraoui d’exercer son droit légitime à l’autodétermination», à l’issue d’une audience qu’il a accordée le 11 mars au camp Chahid El-Hafed des réfugiés sahraouis, à une délégation parlementaire algérienne.
Le secrétaire général du Front Polisario a indiqué à cette occasion que la partie sahraouie a fait part à l’envoyé personnel du Secrétaire général de l’ONU, M. Christopher Ross, lors de sa dernière visite aux camps de réfugiés sahraouis, de «sa profonde préoccupation quant à l’absence d’avancées dans le sens de la tenue du référendum d’autodétermination, en raison des obstacles continus de la partie marocaine, que dénonce le Front Polisario», rapporte l’agence de presse officielle sahraouie SPS datée du 11 mars 2014.
Christopher Ross a-t-il échoué? De telles déclarations permettent en tout cas d’affirmer qu’il n’a pas réussi à faire bouger les lignes, malgré qu’il ait changé son «mode opératoire». A la fin d’une précédente tournée dans la région qui l’a conduit ensuite en Europe (du 27 octobre au 15 novembre 2012), il avait annoncé la fin du processus de négociations informelles qui a prouvé son inefficacité. «Nous avons eu neuf de ces sessions, depuis août 2009, sans résultat», avait reconnu M.Ross.
Comment procéder dorénavant? «Nous entamerons une période de diplomatie itinérante avec les parties concernées et les pays voisins», avait indiqué l’envoyé spécial de l’ONU. Le Maroc qui avait pris l’habitude de commenter abondamment les visites de M. Ross a donné l’impression de les avoir carrément zappées cette fois-ci. Une stratégie? pas tout à fait. Si le Makhzen a décidé de faire le dos rond, c’est que les événements ne plaident pas en sa faveur. Les dernières tournées du représentant personnel du SG de l’ONU,
Ban Ki-moon, pour le Sahara occidental interviennent en effet alors que le Maroc est accablé par des rapports d’organisations internationales (RFK Center, Human Rights Watch, Amnesty international…), du département d’Etat américain en ce qui concerne les violences, la torture et les exécutions sommaires, dont ont été victimes les populations du Sahara occidental.
La question de la mise en oeuvre d’un mécanisme de surveillance des droits de l’homme va davantage radicaliser les positions des uns et des autres. Le président sahraoui, Mohamed Abdelaziz, espère que «la décision du Conseil de sécurité de l’ONU, attendue fin avril prochain, charge la Minurso (Mission des Nations unies pour l’organisation d’un referendum au Sahara occidental, Ndlr) de contrôler la question des droits de l’homme au Sahara occidental». Le Maroc est sur le qui-vive et l’ONU en appel.