Organisation de la CAN-2019: Le Maroc pourrait se substituer au Cameroun

Organisation de la CAN-2019: Le Maroc pourrait se substituer au Cameroun

La 32e édition de la CAN de football «seniors-garçons» confiée en 2016 au Cameroun pourrait être délocalisée. C’est le président de la CAF, le Malgache Ahmad Ahmad qui le confie avançant qu’une décision finale sera prononcée à la fin de ce mois lors de l’Assemblée générale extraordinaire de la CAF programmée à Sharm El-Cheikh, en Égypte.

La réunion de Sharm El-Cheikh n’a rien d’ordinaire. Son ordre du jour comporte quatre points d’importance aussi bien sur le plan politique qu’économique. Le board de la Confédération devrait notamment discuter de gros contrats portant droits TV avec le géant français Lagardère Sports ainsi que la représentativité de la CAF au sein de l’instance internationale. Et certainement donner des nouvelles sur la tenue de la 32e édition de la CAN confiée par Issa Hayatou, l’ex-patron de la CAF, à son pays. Un tournoi remodelé dès lors qu’il n’est plus question d’une manifestation à 16 mais à 24 équipes, nombre qui recommande beaucoup plus de moyens logistiques. C’est justement à ce titre que le gouvernement camerounais «bégaie» avant les réalisations nouvelles qui, en réalité, ne seront pas livrables fin mai 2019, la compétition étant programmée à partir de la première semaine du mois de juin de l’année prochaine. Les stades mais également des infrastructures d’accueil (aéroports, routes et hôtels) ne sont pas opérationnels. Leur livraison ne se fera pas comme convenu, quelques semaines avant l’entame du tournoi. La CAF qui a envoyé ses commissions d’inspection mais qui a aussi désigné un cabinet d’audit français pour estimer les «avancées des différents chantiers» n’a jamais caché son optimisme quant à voir le pays de Paul Biya relever le défi. Or, sur le terrain, de nombreuses structures sont à l’arrêt pour cause de financement insuffisant en sus des difficultés liées au relief de certaines zones qui verront l’édification des stades et des hôtels. Récemment, un complexe hôtelier édifié à Garoua, d’où est originaire l’ancien président de la CAF, a croulé sous le poids de malfaçons. Ce ne serait pas un cas isolé à en croire des échos en provenance du Cameroun.

Ahmad Ahmad «prudent»

Des insuffisances qui inquiètent au sein même du comité local d’organisation de Cameroun-2019. Pourtant, à la CAF, l’on persiste à rester «zen» à l’exemple du président Ahmad Ahmad qui, depuis Niamey, où il a assisté à un tournoi préliminaire de la CAN U17 de la zone B de l’UFOA, a demandé un moment de répit afin de voir plus clair. «Laissons la CAF se réunir à la fin du mois, et vous allez entendre par nos moyens de communication quelle est la position de la CAF par rapport à ça», dira-t-il avant de préciser que s’il y a décision de délocalisation, la CAF n’y sera pas directement responsable. «Ce que je peux vous dire, c’est que ce n’est pas la CAF qui retire la CAN à un pays ou à un autre. C’est le pays qui n’est pas prêt et qui se désiste. La CAF met tout simplement un cahier des charges. «Vous êtes prêts, on organise. Vous n’êtes pas prêts, ça veut dire que vous vous retirez vous-mêmes de cette organisation. «La réalité, c’est le pays qui veut ou qui ne veut pas. Et le reproche doit aller au pays, pas à la CAF», affirme le premier dirigeant de la Confédération qui souligne, toutefois, que la décision du Comité exécutif de la Confédération se basera sur les recommandations qui lui seront adressées par le cabinet d’audit Roland Berger ainsi que par la commission d’évaluation qui s’est rendue en août dernier au Cameroun. Un pays qui s’apprête à organiser des élections présidentielles avec Paul Biya comme principal candidat à sa propre succession. Le président camerounais qui a fait du «projet CAN-2019» son leitmotiv pour arracher un septième mandat consécutif (il est au pouvoir depuis 35 ans) verrait d’un mauvais œil un retrait de la phase finale de la Coupe d’Afrique des Nations une semaine avant sa réélection. Un scénario que les «politiques» de la CAF n’envisagent pas non plus.

Puzzle réinventé ?

En ce sens que le Cameroun pourrait être remplacé par un pays qui serait capable d’accueillir les 24 sélections dans des conditions adéquates avec la certitude de lui confier l’édition d’après, celle de 2021 que devait abriter la Côte d’Ivoire. Cette dernière devrait abriter l’édition de 2023 alors que la Guinée accueillerait celle de 2025 pas encore attribuée par la CAF. C’est le scénario le plus plausible pour éviter une humiliation au gouvernement de Yaoundé et sauver une édition qui n’aurait jamais du être confiée au Cameroun sans le coup de force de Hayatou. Celui-ci, déstabilisé par la décision du Maroc de ne pas recevoir l’Afrique du football à cause d’Ebola, avait tout entrepris pour offrir les éditions à venir à des pays amis, de surcroît de sa zone continentale (Afrique de l’Ouest) privant d’autres pays comme l’Algérie de la possibilité d’accueillir la fête du sport roi en Afrique. Aujourd’hui, alors que le Cameroun vit une crise économique sans précédent, la CAF se voit contrainte de «négocier». D’abord une délocalisation de la 32e édition du Cameroun et sa rétribution à un pays, certainement le Maroc où Ahmad Ahmad ne compte que des «amis», qui a échoué dans sa quête de convaincre la Fifa de lui confier l’organisation du Mondial-2026.

M. B.