M. Abdelkader, commerçant de 36 ans, Kh. Ahmed, vendeur de vêtements de 31 ans, et N. Dahou, transporteur clandestin de 29 ans, ont été condamnés à 7 ans de prison pour viol avec violence sur mineur, B. Mohamed, lycéen de 17 ans.
Le procès qui s’est tenu ce mardi au tribunal criminel d’Oran a révélé l’un des aspects les plus glauques de la société algérienne : celui de l’égarement d’une certaine partie de la jeunesse algérienne, analphabète ou de faible instruction, en perte de repères et prise dans les griffes de différentes drogues. Selon les faits rapportés par l’arrêt de renvoi, la genèse de l’affaire remonte à la journée du jeudi 18 décembre 2014 dans le quartier très fréquenté de Akid Lotfi. L’un des gardiens autoproclamés, en l’occurrence B. Mohamed, jeune lycéen, s’approche d’une des quelques voitures garées dans “sa zone de gardiennage” pour demander le percevoir le droit de stationnement. Les occupants de la Skoda Fabia, quatre trentenaires, un peu taquins, un peu provocateurs mais pas menaçants refusent de payer.
L’un d’eux descend du véhicule et invite Mohamed à se joindre à eux. “Je ne sais pas ce qui m’a pris, je suis monté dans la voiture. Ca a été la plus grosse erreur de ma vie”, se souvient-il à la barre. Une fois à bord du véhicule, l’adolescent se rend rapidement compte que les quatre occupants de la voiture sont en état d’ébriété avancée et semblent même avoir consommé de la drogue. Peu à peu gagné par la peur, il demande qu’on le laisse descendre mais ses “nouvelles connaissances” refusent et le chauffeur démarre. L’adolescent se rend compte que la voiture prend la direction de la corniche oranaise et, quelque temps plus, elle se gare à Cap Falcon, devant un cabanon désert. Selon ses déclarations -qu’il a maintenues tout au long de l’enquête et de l’instruction- les quatre hommes l’ont séquestré dans le cabanon pour attenter à sa pudeur à de multiples reprises. “On m’a ramené dans mon quartier aux environs de 3 heures du matin”, a-t-il conclu devant le tribunal en soutenant le regard de ses “violeurs”, qui l’observaient depuis le box des accusés. Mais pendant le trajet qui les ramenait de Cap Falcon à Oran, deux de ses agresseurs échangèrent avec lui leurs numéros de téléphone. Et ce sont ces numéros qui permettront à la police de retrouver leur trace quand, le lendemain matin, la victime et son père allèrent déposer plainte à la 9e sûreté urbaine. Durant l’instruction, les trois accusés M. Abdelkader, Kh. Ahmed et N. Dahou (le quatrième n’a pas été identifié) diront tout et son contraire. Ils nieront les faits puis en reconnaîtront une partie avant de se rétracter et de rejeter toutes les accusations.
Seul Kh. Ahmed avouera avoir eu des relations intimes « mais consenties » avec la victime et sans menace avec arme blanche. Abdelkader et Dahou nieront tous les faits qui leurs sont reprochés et clameront leur innocence. Le représentant du ministère public a évoqué l’ampleur du phénomène des kidnappings et des viols dans la société algérienne avant d’affirmer que les accusations portées contre les trois inculpés sont fondées. Pour cela, le magistrat requis huit années de prison. Dans leurs plaidoiries, les différents avocats de la défense ont tenté de décrédibiliser la victime et jeter le doute sur sa version des faits. Tous plaidèrent l’acquittement à l’exception de l’avocate de KH. Ahmed qui a demandé la requalification des chefs d’accusation en atteinte à la pudeur.