Oran: Trois cadavres rejetés par la mer

Oran: Trois cadavres rejetés par la mer
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Les gardes-côtes continuent à jouer un rôle de premier ordre en réussissant à chacune de leurs permanences d’intercepter plusieurs candidats au… suicide.

Trois corps en état de décomposition ont été rejetés par les vagues de la mer sur des plages de Gdyel et Cap Carbon, deux localités dans la partie est d’Oran en venant de la wilaya de Mostaganem. Les éléments de la Gendarmerie nationale se sont dépêchés sur les lieux en vue d’ouvrir une première note d’information d’une enquête devant tirer au clair une telle affaire qui intrigue plus d’un ces derniers jours.

Cette enquête s’ajoute à celle qui a été ouverte au milieu de la semaine dernière lorsque deux autres corps ont été repêchés au bas des falaises de la commune de Gdyel après qu’ils eurent été rejetés par les vagues de la mer. Les enquêteurs privilégient la piste du phénomène qui ne cesse d’endeuiller plusieurs dizaines de familles algériennes, la harga ou encore l’émigration clandestine à travers laquelle des dizaines de jeunes Algériens tentent l’aventure en ralliant illégalement l’eldorado incertain de l’Europe.

Dans ces aventures, ces jeunes empruntent des embarcations de fortune baptisées au nom de «Botti». Ces embarcations, toutes fragiles, sont constituées d’un assemblage de planches en bois ordinaire ne résistant aucunement aux courants maritimes ni aux fortes pressions de l’eau. Leur moteur est d’une petite puissance, acheté à un prix onéreux.

LG Algérie

D’autres utilisent des petits zodiacs de plaisance aux moteurs pouvant lâcher après quelque distance effectuée de la traversée. La destination voulue n’est indiquée que par le biais d’une petite boussole tout ordinaire. Ces aventures sont en majorité stoppées par les gardes-côtes de la partie ouest du pays. Dans leur surveillance des eaux territoriales, ces éléments des forces navales continuent à jouer un rôle de premier ordre en réussissant à chacune de leurs permanences d’intercepter plusieurs embarcations transportant des dizaines de candidats au… suicide.

En 2015, ce sont 19 affaires toutes liées à la harga qui ont été traitées. Celles-ci ont abouti à l’interception de 274 candidats dont 231 mis en cause ont été placés sous mandat de dépôt.

Le peu d’émigrants qui réussissent à échapper aux patrouilles des gardes-côtes sont souvent exposés à la nature et ses aléas rigoureux. Leurs petites embarcations finissent souvent par sombrer au fond de la Méditerranée, tandis que leurs passagers sont portés disparus. Un petit courant maritime ou encore une petite tempête intervenant par surprise envoie plusieurs dizaines de candidats à l’eldorado incertain, droit à la mort.

Au niveau national, pas moins de 200 candidats à l’éden incertain demeurent introuvables à ce jour. Les recherches qui ont été lancées sur leurs traces sont toujours infructueuses. A Arzew tout comme à Bethioua ainsi que dans plusieurs autres localités de la partie ouest du pays, plusieurs familles ont fait le deuil de leur progéniture ayant bravé les dangers de la mer. Des habitants de plusieurs localités sont allés jusqu’à observer la prière du mort après que leurs enfants n’eurent plus donné signe de vie depuis plusieurs mois après avoir fait leurs adieux à leurs camarades de leurs quartiers et des villes les ayant enfantés.

A Oran, tout comme un peu partout dans les villes et wilayas côtières, tenter la harga constitue l’un des premiers objectifs tracés par des jeunes en mal d’une vie meilleure sous d’autres cieux. S’ils parviennent à réussir la traversée en échappant aux contrôles des gardes-côtes algériens, rallier la rive nord de la Méditerranée, notamment celle des villes ibériques, n’est souvent pas une mission aisée.