Oran : Le suicide fait l’actualité

Oran : Le suicide fait l’actualité

Les conséquences sont toujours les mêmes, le suicide laisse peu de chances de survie.

Un jeune homme de 20 années a été retrouvé, avant-hier, pendu dans son domicile sis village Aïn Tassa dans la commune de Aïn El Karma. Pour les besoins de l’enquête, la dépouille mortelle a été transférée au service médico-légal de l’hôpital de Aïn El Türck. Dans la même journée, deux autres jeunes ont tenté de mettre un terme à leur vie. Le premier est survenu à Misserghine, localité située dans la partie ouest d’Oran en allant vers Tlemcen. Le jeune en question a entouré son cou d’un tissu avant de passer à l’action. Celle-ci a été avortée par sa mère qui a informé à temps les éléments de la Protection civile.

Dépêchés sur le champ, les sapeurs-pompiers ont réussi à sauver le jeune homme d’une mort certaine avant de l’évacuer, dans un état de santé critique, vers l’hôpital Benzerjeb de Adda Benaouda, ex-Plateau. Ce n’est pas tout. A l’est de la ville d’Oran, très précisément à l’Usto, un trentenaire a, lui aussi, osé l’acte fatal en ingurgitant un liquide abrasif, de la javel. Est-ce un phénomène du siècle qui frappe de plus en plus les jeunes? La wilaya d’Oran n’est pas en reste face à un tel fait sociétal qui préoccupe, de jour en jour, aussi bien les sociologues que les psychologues et psychiatres. Avec plus de 600 tentatives de suicide et 60 suicides, cette contrée est précédée dans ce peloton pathologique par Tizi Ouzou, Constantine et Alger. En moins d’une dizaine d’années, attenter à sa vie a totalement changé de «règlement» prenant des ascensions fulgurantes. S’inscrivant dans la durée, le phénomène est devenu sujet à statistiques et de recherches aux conclusions multiformes. A chacun des chercheurs sa version, notamment en ce qui concerne les raisons. Dans un temps pas très lointain, le suicide se présentait comme l’ultime réponse face à une situation n’ayant pas de solution.

Sinon, il se présentait comme un acte de sédition menée par l’homme ou la femme se suicidant ou tentant de se suicider. Il (elle) manifeste sa révolte devant un fait qu’on lui impose. Toutefois, les raisons et les raisonnements sont multiples et variés tandis que les conséquences sont toujours les mêmes, le suicide laisse peu de chances de survie. Au Centre intermédiaire de santé mentale d’Es-Seddikia, l’on tente tant bien que mal d’adhérer au programme national expérimental, mis en place par le ministère de la Santé en 2001. Celui-ci repose essentiellement sur la prévention en anticipant les événements. Autrement dit, rechercher les dysfonctionnements psychologiques pour les traiter aux fins d’épargner la mort à ces jeunes candidats à l’acte fatal, le suicide.

Celui-ci est-il donc phénoménal à telle enseigne que tous les spécialistes se sont mis dans la recherche sans pour autant apporter de grandes solutions? Ces derniers sont unanimes à dire qu’il existe assurément plusieurs types de suicide dont la pathologie incontestable n’est autre que la dépression. Celle-ci constitue l’élément principal motivant le passage au suicide où dans plusieurs cas, le suicide est accompli. Il commence par la tentative et aboutit à la mort par suicide «réussi».

Dans une autre forme de cet acte, le sujet tente le chantage. Pour ceux se suicidant, il s’avère que tenter le suicide constitue un bon moyen pour faire pression. Et souvent, cette tentative finit par le suicide. Et le peu qui échappe est analysé dans des structures spécialisées en l’occurrence dans les unités de dépistage et de suivi en milieu scolaire, soit par les services de sécurité ou encore par le réseau familial. Malgré toutes ces manifestations pour stopper cette impulsion qui pousserait à se donner la mort, aucun des cas n’a réellement le désir quant à porter atteinte à sa vie, pas même chez plusieurs dépressifs, d’où la recherche se poursuivant pour déceler les véritables raisons menant au suicide, mais également la prise en charge de ceux tentant le suicide. Cela passe par un travail conjugué en joignant la psychothérapie individuelle, familiale au soutien médicamenteux considérant que le traitement psychiatrique sert de béquilles pour remettre le dépressif sur les rails.

Dans ce chapitre bien nommé, des psychiatres et des psychologues se heurtent au refus des malades ainsi que leurs familles qui n’admettent pas le diagnostic. Le tabou social impose le silence, de peur que le patient soit catalogué de malade mental ou tout simplement de «fou». Une telle conception sociale de l’acte, particulièrement lorsqu’il s’agit de la fille, fausse tous les calculs, d’où les difficultés rencontrées par les médecins spécialisés, les psychiatres. Or, un tel phénomène, ou encore le suicide, est à prendre en charge en brisant le mur du silence. Le médecin traitant est dans le besoin d’avoir tous les éléments lui facilitant sa mission pour pouvoir prescrire la bonne thérapie et sauver des dizaines d’hommes, de femmes, des jeunes et moins jeunes d’une mort prématurée.