M. Nadir

Antécédents de violence conjugale
Lors de l’enquête, les policiers apprendront qu’en dépit du divorce, Abdennacer n’avait pas quitté le domicile conjugal et qu’il s’était établi dans le garage. Ils découvriront également que les deux ex-époux (après 30 ans de mariage et quatre enfants) se vouaient une haine farouche et que, du temps de leur union, Abdennacer s’était déjà distingué par des actes de violence envers Zohra. Par deux fois au moins, celle-ci avait porté plainte pour coups et blessures volontaires en présentant deux certificats médicaux de 18 et 16 jours d’incapacité. Après instruction, D. Djamel Abdennacer sera inculpé pour homicide volontaire selon l’article 254 et 263, alinéa 3 du code pénal et écroué en attendant son procès.
Le parquet veut la perpétuité
Dans sa plaidoirie, l’avocat de la partie civile rappellera les antécédents de violence de l’accusé contre la défunte et exhibera une expertise qui constate que Zohra présentait une «fragilité psychologique» provoquée par le comportement violent de son mari. Violences que confirmaient, par ailleurs, de nombreuses photos (montrées auparavant par le juge) sur lesquelles la victime apparait avec un visage tuméfié. L’avocat, qui rappellera que les charges retenues contre l’accusé sont soutenues par des aveux et des preuves matérielles, suggérera que les accès de violence de l’accusé étaient motivés par son désir de s’accaparer le domicile familial.
Arguments que le représentant du ministère public reprendra à son compte pour requérir la réclusion à perpétuité, peine maximale prévue par la loi. Le magistrat évoquera les aveux de l’accusé mais aussi la déposition d’un témoin oculaire (qui n’a pas assisté à l’audience) affirmant avoir vu l’accusé courir derrière la défunte, une arme blanche à la main : «La détermination de l’accusé à tuer la victime ne fait aucun doute», dira-t-il en abordant également l’expertise du médecin-légiste qui établit un lien direct entre les blessures et l’hémorragie massive qui a conduit au décès.
L’avocat de D. Djamel Abdennacer axera sa plaidoirie sur le «comportement dissolu» de la défunte, les sacrifices consentis par son client pour le bien de ses enfants et le principe de personnalisation des peines. Pour lui, ce sont les mauvaises mœurs de Zohra et sa conduite du 22 juillet 2017 qui amené Abdennacer à commettre l’irréparable : «Il avait peur pour ses enfants… Il a essayé de parler à son ex-femme et elle l’a accueilli avec des insultes et un couteau», dira-t-il en substance en rappelant que son client s’était rendu avec l’arme du crime et une plaie au bras, et que le fils était apparu, un peu plus tard, avec un second couteau à la main, «celui-là même que la victime avait utilisé contre notre client». En 30 ans de mariage, continuera l’avocat, Abdennacer a tout sacrifié pour ses enfants : «La preuve, deux filles aînés ont réussi dans leur vie : l’une est gendarme à Chlef et l’autre est infirmière à Aïn Témouchent. Il s’inquiétait pour l’avenir de ses deux derniers», poursuivra-t-il.
L’intervenant ne niera pas la culpabilité de son client -celui-là a fait des aveux et les preuves sont accablantes- mais il appellera les membres du jury à considérer les circonstances qui ont conduit au meurtre : «Tous les meurtres ne peuvent pas emporter la réclusion à perpétuité, chaque situation ayant ses particularités», indiquera-t-il en plaidant les circonstances atténuantes pour un homme qui a sacrifié une bonne partie de sa vie pour ses enfants : «Le fils, qui vit aujourd’hui chez sa sœur ainée à Aïn Témouchent, a certes perdu sa mère mais il a peut-être encore besoin de son père.» Après délibérations, le tribunal criminel de première instance déclarera l’accusé coupable des faits reprochés et le condamnera à la réclusion à perpétuité.