Oran : L’informel s’est “autoréquisitionné”

Oran : L’informel s’est “autoréquisitionné”

Aux quartiers des HLM, Es-Seddikia, Gambetta, par exemple, les revendeurs de pain trônaient dans la rue, sur les trottoirs, avec leurs baguettes de pain posées sur des étals crasseux, dans des cartons, soumis à la chaleur et à la poussière, avec en moyenne 10 DA de plus à débourser par rapport aux prix habituels.

A chaque célébration de l’Aïd el-Fitr, les Oranais ont droit à des annonces et des affirmations fracassantes concernant les réquisitions et permanences des commerçants qui seront, bien sûr, tenus d’ouvrir et assurer une sorte de service minimum pour leurs clients. Cette année n’a pas dérogé à la règle pour les deux jours fériés de cette fête importante, au cours de laquelle était annoncé tout simplement le chiffre de 240 commerçants réquisitionnés.

Parmi ceux-ci 115 boulangers, 104 commerces d’alimentation générale et 19 autres activités, selon les représentants de l’UGCAA. Mais, car il y a un mais, au final il fallait beaucoup tourner pour retrouver ces commerces ouverts, que ce soit le premier ou le second jour. Ceux qui ont respecté la consigne dans la plupart des cas ne disposaient plus des produits de base, évoquant des ruptures de stock, comme pour le lait, et leurs étals étaient bien clairsemés.

Par contre, nul n’aura échappé à cette autre règle qui consiste, contraints, à avoir recours aux vendeurs de l’informel. Les boulangers qui ont fait leur calcul ont bien pétri leur pain, qui a été écoulé aussitôt dans la rue et bien évidement à des prix prohibitifs. Aux quartiers des HLM, Es-Seddikia, Gambetta, par exemple, les revendeurs de pain trônaient dans la rue, sur les trottoirs, avec leurs baguettes de pain posées sur des étals crasseux, dans des cartons, soumis à la chaleur et à la poussière, avec en moyenne 10 DA de plus à débourser par rapport aux prix habituels.

A leurs côtés se faisaient remarquer aussi les vendeurs de menthe, de fruits, et surtout les étals de jouets de ballons gonflables et autres gadgets imparables pour tous les enfants. Il y avait même des vendeurs de “choua” sortis on ne sait d’où ! Pour ce qui est des pharmacies, en cas de pépin imprévu, les pauvres citoyens ont dû avoir recours au bouche-à-oreille pour trouver le pharmacien de permanence.

Heureusement que les Oranais ont, par expérience, un scepticisme à toute épreuve en ce qui concerne les annonces des pouvoirs publics, et ils se sont assuré leurs stocks d’avant-l’Aïd, mais pas contre cette désagréable sensation de ville morte, d’abandon et de morosité générale qui a régné durant ces deux jours de l’Aïd.

D. L.