Considérée depuis l’indépendance comme une wilaya avantagée et moderne, Oran aujourd’hui dépassée sur tous les plans par plusieurs wilayas du pays, n’a bénéficié d’aucun programme de développement structurant.
Elle reste la seule wilaya du pays qui tourne encore avec les mêmes infrastructures héritées du colonialisme : stades, gares, sièges de grandes administrations, 90% du parc logement, 100% des routes, des ponts, il y a même une des deux universités de la wilaya encore hébergée dans une ancienne caserne de l’armée française, a pourtant chaque fois à sa tête un wali médiatique, un grand wali, un bâtisseur !
Etonnants walis ! Le qualificatif M. le wali, l’habit de wali leur paraît toujours très étroit. L’un se faisait appeler M. le ministre (Kouidri), les autres Maalem, El Haj ou Cheikh. Le dernier a trouvé mieux, il se fait appeler docteur au lieu de M. le wali, et chaque matin, il prend de l’hélium au petit déjeuner. Il tchatche sec et multiplie les conférences de presse et les coups de gueule.
Il n’a pas encore réglé le problème de l’enlèvement des ordures, décidé du transfert du marché de la rue de la Bastille qui pourrit le centre-ville, relancé les projets à l’abandon (ex-Palais des congrès), inscrit une nouvelle université, ni changé ou sanctionné aucun des grands cadres analphabètes intouchables, inamovibles et multimilliardaires de la wilaya, de la commune ou de la daïra (téléguidés et protégés par d’autres centres de décision : hier Zerhouni, aujourd’hui Ould Kablia ou Guendil Moulay) mais il parle de transformer cette ville clochardisée et abandonnée en grande métropole méditerranéenne, évoque de grands projets, de nouvelles villes, de métro, de marina, de port de plaisance, d’investissements par dizaines de milliards de dollars.
Pourquoi tout ce cinéma ? Pourquoi Oran ? Simplement pour créer un écran de fumée, nécessaire pour cacher ce qui se fait derrière les rideaux. Oran, peut-être plus qu’Alger, plus que toutes les autres wilayas du pays, dispose d’un patrimoine foncier, d’un parc immobilier extraordinaires, hérités du colonialisme, des biens sans maître : terrains à bâtir, villas transformées en sièges d’administrations, logements luxueux, commerces au centre-ville qui n’appartiennent à personne dont une grande partie est encore gérée par l’Etat et son représentant local, le wali, donc faciles à détourner. Une petite signature sur un papier, un petit désistement d’un bien public, une affectation d’un terrain en ville, ni vu, ni connu et cela peut faire gagner facilement 100 milliards !
Un exemple : un wali s’est octroyé une coopérative immobilière de trois hectares dans un quartier résidentiel de la ville. Le mètre carré acquis auprès des domaines à 150 dinars a été revendu 50 000 dinars, cinq millions. Au vu et au su de tous. Personne n’a bougé. Faites le calcul du bénéfice : 30 000×45 500 dinars !
En plus, Oran est loin de la capitale. Personne ne la défend. Oran n’a ni député élu, ni maire instruit (parfois des repris de justice oui). Elle n’en a jamais eu. Ils sont ces derniers temps importés de Nédroma : Tou, Bensalah par exemple, et beaucoup d’autres inconnus affamés, voraces et sans pitié !
Même les responsables d’organismes de contrôle de l’Etat du lieu, IGF, Fonction publique, Cour des comptes, inamovibles eux aussi, protégés, mangent comme quatre. Ils se sont tous transformés en promoteurs immobiliers milliardaires. Le responsable de la chambre d’Oran de la Cour des comptes s’occupait au vu et au su de tous, même de son chef d’Alger qu’il arrosait, plus de sa coopérative immobilière géante et de trafics fonciers divers que de contrôle de deniers publics!
Ah s’il y avait une justice !
Kadda Zrégo