Il y aurait environ entre 7 000 et 10 000 enfants qui pratiquent conjoncturellement la vente dans les marchés de la wilaya d’Oran.
Les familles nécessiteuses, dont les membres sont au chômage ou ne bénéficiant pas de protection sociale de l’Etat, doivent faire face aux dépenses particulières durant le mois de Ramadhan en faisant appel aux petits bras de leurs enfants. Les petits boulots sont répartis entre les enfants selon leur âge et leur sens de débrouillardise.
Dans la famille de Adda, un quinquagénaire au revenu modeste, c’est le système D qui est activé à chaque Ramadhan. Kamel, l’aîné, 14 ans, est scolarisé tout comme ses trois frères et sœurs. Ils aident leurs parents à supporter le poids de la dure vie des familles sans budget conséquent. “Les familles à faible revenu recourent à la vente de produits maison tels que les galettes, très prisées, le pain traditionnel et les herbes aromatiques. Mères et sœurs se chargent de les produire pour les remettre aux enfants qui les vendent dans les différents marchés de la ville”, affirme un cadre de la direction de l’action sociale (DAS).
La multitude des petits vendeurs sur les trottoirs vient rappeler le taux de paupérisation important dans la deuxième ville d’Algérie. Les statistiques semblent ignorer cette situation qui tend à se généraliser, notamment à l’approche des évènements ponctuels (Ramadhan, Aïd El-Fitr, Aïd El-Adha, rentrée scolaire…) Selon les informations fournies par un responsable d’une association de protection de l’enfance, il y aurait environ entre 7 000 et 10 000 enfants qui pratiquent conjoncturellement la vente dans les marchés de la wilaya d’Oran.
Selon lui, ce nombre, composé essentiellement d’enfants scolarisés, vient ainsi grossir les rangs d’enfants et autres adolescents exerçant cette activité durant toute l’année. Notre interlocuteur nous explique les facettes de ce phénomène qui prend des allures exponentielles. “Depuis une vingtaine d’années, le fonctionnement de plus en plus injuste du système économique en Algérie a entraîné une paupérisation de population sans cesse plus nombreuse à travers les wilayas du pays.
Pour subsister ou aider leur famille à subsister, les enfants de 6 à 14 ans sont contraints aujourd’hui à effectuer des travaux dangereux et nuisibles à leur développement”, selon lui, et contrairement à la situation dramatique qui prédomine à cet égard dans les autres régions du pays, le travail des enfants dans la wilaya d’Oran, du fait notamment de l’obligation scolaire, reste limité à certaines classes d’âge ou à certains moments, ou à certaines populations spécifiques. Mais cette situation se détériore, et de plus en plus d’enfants se livrent à de nombreuses activités rémunératrices.
Notre interlocuteur insiste lourdement sur le fait que plus de la moitié des enfants (55%) travaillent pour aider financièrement leurs familles, et trois quarts (75%) d’entre eux affirment avoir toujours donné de l’argent à leurs parents. Près de 60% des enfants ont bien arrêté l’école au primaire, la moitié d’entre eux soulignent aider leurs familles de leur plein gré. Cette étude dénote de l’esprit plus ou moins solidaire entre les parents et leurs enfants, un épiphénomène qui semble obéir à une logique délétère de l’exploitation des enfants-vendeurs par leurs propres parents.
K. R-I.