La capitale de l’Ouest, Oran, dispose aujourd’hui de tous les atouts pour prétendre à un statut de métropole méditerranéenne. La vie fait sa mue et ne cesse de s’étendre sur les communes d’Es-Sénia, El Kerma, Bir El Djir, Sidi Chahmi au point de constituer ce que les décideurs locaux et les urbanistes désignent par le Grand projet urbain (GPU) d’Oran.
Depuis le recouvrement de l’indépendance, des agglomérations situées dans la périphérie d’Oran connaissent une extension urbaine incessante et une somme de réalisations d’équipements publics et de réseaux de transport en pleine croissance.
La métamorphose du GPU est palpable avec la réalisation d’importants programmes d’habitats et autres équipements à travers tout le territoire de la wilaya s’étendant sur une superficie de 2.015 km² et comptant, au 31 décembre 2011, une population de l’ordre de 1.657.363 habitants, selon les données recueillies au niveau de la direction de la programmation et de suivi budgétaire (ex-DPAT).
La wilaya comptait en 1962 onze communes avant que ce nombre ne passe, quatre années plus tard, à 26 communes et 9 daïras. En 2014, la population serait de 1.734. 133 âmes, selon les estimations fournies par l’Office national des statistiques (ONS).
Un grand retard à rattraper
Oran sort petit à petit de sa léthargie. Dans les années 80, tout était encore figé dans une wilaya aux grands atouts industriel, agricole, touristique, culturel et sportif. De grands défis doivent être relevés pour donner à El Bahia son lustre et sa notoriété.
Un constat pas du tout reluisant. Un secteur de l’agriculture à l’abandon où des terres ont été détournées au profit de cités et quartiers le plus souvent sans viabilisation et sans accompagnements, un environnement agressé par différents aspects de pollution (décharges sauvages, absence d’exutoires et déversement d’eaux usées à ciel ouvert, …). Ce problème constituait jusqu’aux années 1998, ce qu’on appelait « la grande plaie » du secteur de l’hydraulique au niveau local.
Plusieurs agglomérations ne disposaient pas de réseaux. Celles qui en disposaient étaient jusqu’à une période relativement récente, confrontées aux défections permanentes et les quelques stations d’épuration qui existaient étaient à l’arrêt.
En matière d’AEP, la wilaya d’Oran, confrontée à une sécheresse sévissant depuis deux décennies, demeurait dépendante à plus de 90% des wilayas limitrophes.
La population était alimentée en eau potable à raison d’un jour sur quatre et 1 jour sur 7. La situation diffère d’une commune à l’autre. Toutes les actions préconisées étaient qualifiées de « replâtrage ».
Au niveau des cités d’habitation, la satisfaction aux besoins essentiels comme l’eau, l’électricité, la voirie, les espaces verts faisait cruellement défaut. D’autres problèmes se greffaient liés à la détérioration du cadre de vie et à l’insécurité notamment.
Cette situation était plus critique au niveau des sites d’habitats précaires où se concentraient plus de 202.000 habitants. Le secteur de l’éducation devait faire face au problème de surcharge et autres tensions dues à la croissance démographique et à l’exode rural. Selon des indications fournies par le secteur, les déperditions scolaires étaient de 15.000 élèves par an.
Un triple défi
Pour les responsables locaux, le défi à relever était triple compte tenu de l’immense retard à rattraper. Il fallait structurer, prioriser et en même temps veiller à un développement harmonieux. Ainsi, une enveloppe de 218 milliards de DA (tous programmes confondus) a été débloquée, au titre du chapitre équipements pour la période 1999-2008.
Cet important programme a permis la prise en charge des préoccupations liées aux besoins fondamentaux des citoyens et la réalisation et la réhabilitation d’infrastructures de base nécessaires à un développement économique, a rappelé un responsable de la wilaya.
Plusieurs projets inscrits durant cette période ont été achevés et réceptionnés dont notamment, en matière de ressources en eau, trois stations de dessalement d’eau de mer à Arzew, El Ançor et à Aïn El Turck, en plus d’une station de déminéralisation à Brédéah.
Des taux de raccordement aux réseaux d’AEP et d’assainissement ont été enregistrés passant respectivement de 81 à 90% (moyenne nationale 92%) et de 75 à 84% (moyenne nationale 87). Près de 602 kilomètres d’AEP et 17.544 km de réseau d’assainissement, 6 stations de relevage et 8 forages ont été concrétisés.
En matière d’agriculture et de forêts, il a été enregistré durant la période 1999-2008, la mise en valeur de 3.250 ha de terres agricoles, la réalisation de 2.345 bassins, 45 forages et 2.050 puits destinés à l’irrigation ainsi que la plantation d’arbres fruitiers sur une superficie de 13.172 ha.
En ce qui concerne les travaux publics, les actions concrétisées ont abouti au désenclavement de plusieurs localités, notamment par la réhabilitation d’un linéaire de 146 kilomètres sont 21,5 km de chemins communaux, la réalisation de la rocade Sud sur 30 km avec 14 ouvrages d’art, 53 km de chemins de wilaya, 21,5 km de chemins communaux, de l’échangeur d’El Bahia, l’échangeur Oran-ouest, trois trémies, ainsi que le confortement du port d’Arzew.
Des indicateurs satisfaisants
En matière d’habitat et d’urbanisme, une nette amélioration du taux d’occupation de logement (TOL) a été réalisée passant de 7,4 en 1999 à 5,1 en 2008.
Il a été enregistré, durant cette période, la réalisation de 35.592 logements dont 1.352 sociaux locatifs, 12.144 sociaux participatifs, 4.017 logements promotionnels, 211 logements entre FNPOS et d’astreinte et 1.940 logements ruraux.
Le parc de logements qui était de 42.564 unités en 1966 a atteint les 371.223 en 2011, tandis que le nombre de logements sociaux locatifs qui était de 9.114 unités en 1998 est passé à 29.125 en 2011, selon les mêmes sources.
Malgré les différentes contraintes auxquelles était confrontée la wilaya d’Oran, liées à l’outil de réalisation (absence d’entreprises capables de matérialiser l’ambitieux programme de développement local), à l’ingénierie (bureaux d’études), aux ruptures fréquentes de matériaux de construction etc…, beaucoup d’efforts ont été consentis pour livrer dans les délais impartis les différents projets de développement notamment, celui de l’habitat et partant la résorption de l’habitat précaire.
La situation de certains quartiers était alarmante en l’absence de services publics, transport, enseignement, formation professionnelle. Le plus grand quartier abritant ce type d’habitat est Haï Sanawbar (ex-Planteurs) pris en charge actuellement par la réalisation progressive de 9.000 logements. Cette opération concerne 72.000 habitants.
Pour ce qui est du secteur de l’énergie, le nombre de foyers raccordés au réseau électrique est passé de 193.064 en 1998 à 307.026 à fin 2011, celui des foyers raccordés au réseau de gaz de 87.887 à 220.449 à fin 2011. Ces réalisations ont permis d’augmenter le taux de raccordement d’électrification au niveau de la wilaya de 82% en 1998 à 96% en 2011 et du gaz de 46% en 1998 à 59% en 2011.
Au chapitre de l’Education, l’effort consenti par les pouvoirs publics a été consacré à l’amélioration du taux d’occupation des classes qui a baissé de 37% en 1998 à 31% pour le primaire en 2011, de 49% pour le moyen et de 33 à 27% pour le secondaire pour les mêmes périodes.
Le taux de scolarisation des enfants de 6 à 15 ans est passé de 56% en 1998 à 79% actuellement.
Les infrastructures réalisées pour l’enseignement supérieur s’avèrent suffisantes pour les besoins exprimés aussi bien pour les places pédagogiques que pour l’hébergement.
Ainsi, le nombre de places pédagogiques est passé de 39.564 en 1998 à 56.342 à l’université.
Le nombre de places d’hébergement est passé de 18.873 lits pour les résidences universitaires en 1998 à 23.296 en 2008 puis 27.152 en 2011, avec une prévision de 30.904 lits en 2014, selon les prévisions.
Le secteur de la formation professionnelle, qui a enregistré la réalisation notamment d’un institut de la pêche et aquaculture, a vu ses capacités quintupler passant de 3.750 places en 1998 à 15.000 en 2011.
Pour la Santé, les efforts consentis ont permis l’amélioration sensible du ratio-structure de santé/habitat qui a évolué avec la réalisation de l’EHU « 1er Novembre 1954 » à haï USTO, de 3 hôpitaux dont deux de 240 lits à Sidi Chahmi et Gdyel et un de 120 lits à Oued Tlélat, 5 polycliniques (2 à Bir El Djir, 2 à Sidi Chahmi et une à Es-Sénia). Un institut de cancer et un centre de grands brûlés sont en cours de réalisation, ainsi que 3 polycliniques, un centre de santé et 9 salles de soins. Le nombre de salles de soins est passé du simple au double pour cette même période, soit 107 salles en 2011, selon des sources médicales.
Le secteur de la jeunesse et sports a enregistré, quant à lui, d’importantes réalisations. A titre d’exemple, le nombre d’aires de jeux est passé de 130 en 1998 à 153 en 2011. Le bilan est plus satisfaisant avec la réalisation en cours d’un stade olympique de 40.000 places, de 4 piscines semi-olympiques à Gdyel, Boutlélis, Arzew et Oued Tlélat, 3 complexes sportifs de proximité, 3 salles omnisports et une maison de jeunes.
Pour ce qui est du commerce, le programme fait état de la réalisation d’un marché de gros de fruits et légumes, de 4 nouveaux marchés hebdomadaires depuis 1998 et de nombreux locaux dans le cadre du programme de 100 locaux par commune.
Sur le plan social, ont été réalisés un foyer pour personnes âgées et handicapés et un centre médico-padagogique pour enfants inadaptés mentaux.
S’agissant de l’emploi, 76.572 postes dont 20.711 permanents et 55.861 temporaires ont été créés de 1999 à 2004. La période allant de 2005 à 2008, a vu la création de 95.268 dont 14.323 permanents et 80.945 temporaires.
Le programme quinquennal 2005-2009 prévoit d’importants projets dont ceux de rénovation des réseaux d’AEP, de protection de 6 centres urbains contre les inondations (Braya, Sidi Chahmi, Hassi Ameur, Hassi Ben Okba, Hassi Bounif et Aïn El Turck, de réalisation de deux STEP à Aïn El Turck et El Kerma et d’équipement du centre d’enfouissement technique du groupe d’Oran.
Améliorer les prestations
Oran, ville au passé glorieux, se devait d’offrir des prestations de services pour répondre aux exigences des citoyens et des entreprises qui ont choisi de s’y implanter.
La densité téléphonique qui était de 40 lignes téléphoniques fixes pour 1.000 habitants en 1998 est passée à 141 en 2011 et le raccordement à l’Internet a « bondi » de 25 en 1998 à 207 en 2011.
Il va de soi pour les infrastructures de base (routes, aéroports, ports, réseaux de télécommunications) qui doivent offrir toutes les commodités permettant d’assurer les conditions pour un décollage économique et une modernisation longtemps souhaités, notamment avec les projets de tramway et de métro.
La réalisation d’un cyberparc pour héberger des entreprises innovantes à travers un réseau de transport, de communication et d’information contribuera également à asseoir les contours d’une métropole méditerranéenne. Compte tenu de son passé glorieux avec un patrimoine riche en sites et monuments historiques et ses joyaux architecturaux et autres atouts touristiques, Oran peut aspirer à un tel statut.