Oran: Les commerçants narguent Djellab

Oran: Les commerçants narguent Djellab

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Les chauffeurs des transports en commun se prélassent dans leurs domiciles, laissant des familles entières exposées au soleil brûlant d’hier et d’avant-hier.

Trois jours après la fête de l’Aïd El Fitr, la ville d’Oran est presque paralysée. A croire qu’il y a une opération ville morte. Les commerçants ont, dans leur majorité, ignoré la note ministérielle leur interdisant le baisser de rideau durant les fêtes. L’obligation d’ouvrir les portes est totalement renvoyée aux calendes grecques y compris par des commerçants ayant été désignés pour assumer la permanence de l’Aïd. Pourtant, à Oran ville, près d’une centaine de commerçants ont été, bien avant l’Aïd, destinataires de courriers officiels les sommant de répondre par leur présence durant les journées de l’Aïd. Tout le contraire s’est produit au grand dam des habitants du chef-lieu de la wilaya, impuissants, devant un état de fait se répétant chaque année. Le peu de boutiques, ayant jugé utile d’alléger la souffrance des ménages, sont passés au mode de mercenariat en haussant les tarifs des produits alimentaires frappés par la disette. D’autres, saisissant l’opportunité, se sont reconvertis en boulangers ambulants proposant la baguette dont le prix a, dans plusieurs coins du marché de la Bastille, été fixé à 20 da. Idem pour plusieurs autres «charognards» ayant investi, durant les deux jours de l’Aïd, dans le très sensible créneau du lait et de ses dérivés. Si le prix du sachet de ce liquide est soutenu par l’Etat, ces commerçants de la circonstance ont franchi les seuils de l’entendement en bafouant toutes les règles commerciales. Dans le tas, ils sont allés jusqu’à le proposer au tarif oscillant entre 40 et 50 DA/ le sachet. Dire? Quoi dire? À qui se plaindre? Les pères de familles ne trouvent rien de mieux à faire que de se résigner à leur triste sort, en abdiquant, sans rouspéter, à une situation qui continue à échapper à tout contrôle malgré les garanties annoncées par le département du commerce. Ironiques, sont, comme à leurs habitudes, les Oranais, ne trouvant rien de mieux pour surmonter une telle situation en se rabattant sur l’humour dans leurs lamentations. «Regardez autour de vous pour établir le constat irréfutablement net. Seuls les bars, les salons de thé et les cafés, pleins à craquer, sont ouverts», a ironisé un jeune en quête d’une baguette quitte à l’acquérir au prix de 100 da. Ce n’est pas tout. Le transport urbain n’a pas échappé à la règle, comme une taxe à payer sans résister, à l’occasion de chacune des fêtes religieuses. Les chauffeurs des transports en commun ont, majoritairement, préféré porter leurs gandouras blanches en se prélassant dans leurs domiciles, laissant des familles entières exposées au soleil brûlant dont la température a franchi, hier et avant-hier, les seuils des 32 degrés Celsius, d’où le bonheur des chauffeurs clandestins en faisant bonne affaire. La rue étant vidée par les habitants laissant place aux ressortissants chinois et turcs de déambuler en toute quiétude sillonnant les différentes artères de la ville en quête d’une rencontre «heureuse».