«Les héros ne meurent pas quand on les enterre, ils meurent quand on les oublie.»
L’administration locale a, contre toute attente, définitivement enterré le phénomène des omissions. Plus que ça, elle s’est soumise à la règle faisant sienne la célèbre réflexion: «La révolution est faite par des hommes, des femmes, et des vieux, moins âgés, des jeunes et même des Européens acquis à la cause nationale.» Oran, s’est imprégnée de cette citation soulignant que «les héros ne meurent pas quand on les enterre, ils meurent quand on les oublie».
C’est l’heureuse initiative prise par la wilaya d’Oran à l’égard de l’histoire contemporaine de l’Algérie en baptisant l’Ecole polytechnique d’Oran au nom du physicien martyr Maurice Audin.
La cérémonie a été rehaussée par la présence de plusieurs responsables locaux et centraux dont le secrétaire général du ministère de l’Intérieur et coïncidant avec la célébration annuelle de la Journée nationale du savoir, le 16 Avril.
«Nous sommes heureux que notre école prenne le nom d’un homme d’une telle envergure» dira un étudiant de l’Ecole polytechnique d’Oran. Et une autre étudiante d’enchérir en affirmant que «le meilleur hommage qu’on puisse rendre à ces hommes de sciences est de perpétuer leur mémoire en inscrivant leur parcours dans le manuel scolaire». Grosso modo, la satisfaction, perceptible, était aussi bien totale qu’à son comble tant chez les responsables locaux que les étudiants de l’école. Aussi, une telle initiative administrative constitue un hommage au combat libérateur de ce martyr pour la patrie qu’il a choisie, l’Algérie.
Maurice Audin est né le 14 février 1932 à Béja, en Tunisie. Malgré ses origines européennes, il s’est vite attaché à la cause de l’Algérie algérienne, libre et indépendante, tout en rejetant dans le fond et la forme le projet colonial de l’Algérie française. Maurice Audin n’est pas le personnage d’un livre de création littéraire.
Son combat pour la libération de l’Algérie a été d’une intensité à la hauteur de l’homme et tant d’autres de ses semblables comme Yveton, Henri Maillot, Taleb Salim Mourad et tant d’autres d’hommes de sciences qui ont consacré leur jeunesse et leur vie au profit de l’indépendance de l’Algérie révolutionnaire. Il fut un brillant assistant en mathématiques, à la faculté d’Alger et membre de la cellule Langevin des étudiants communistes. Maurice Audin, homme fédérateur, était en large connivence avec l’Association des étudiants musulmans.
En plus de son engagement patriotique pour le recouvrement total de la souveraineté nationale au sein du Parti communiste algérien, Maurice Audin a ouvert les portes de son domicile sis au centre d’Alger aux étudiants algériens leur dispensant à titre gratuit, des cours de soutien en mathématiques. Plusieurs de ces élèves témoignent de la bonté de l’homme assassiné par les parachutistes français, il y a 57 ans, le 21 juin 1957, dans un centre de torture dirigé alors par le sinistre sanguinaire et tortionnaire Paul Aussaresses. Comme les 3 024 disparus de la bataille d’Alger, le corps de Maurice Audin à ce jour n’a pas été retrouvé.
Dans le but d’immortaliser la mémoire d’un éminent mathématicien symbolisant l’engagement de l’intellectuel ayant sacrifié sa vie et sa jeunesse pour l’Algérie, reconnaissante, la République algérienne a trouvé juste de baptiser la Place centrale d’Alger au nom de Maurice Audin, symbole d’un brillant chercheur.
Une telle baptisation a suscité le contentement des populations locales, des étudiants mais aussi de la société civile qui prend acte d’un tel geste malgré la petite bévue perpétrée récemment contre la mémoire de Fernand Yveton suite à la débaptisation de la rue portant son nom. Cet acte a vite fait d’être réparé en remettant en place l’effigie commémorative de Fernand Yveton suite à la montée au créneau des membres de la société civile et plusieurs autres personnalités inscrites dans la protection du patrimoine historique de l’Algérie.