M. Nadir

Les faits remontent à octobre 2017 quand une altercation verbale a éclaté entre Abderrahmane et Mohamed sur la nécessité du respect de la file d’attente des voitures. Mohamed aurait ainsi ignoré la file de voitures en stationnement près d’un hôtel d’Aïn Türck et s’apprêtait à prendre en charge un client quand il a été interpellé par Abderrahmane peu disposé à se voir griller la politesse. Une dispute éclate entre les deux hommes et se solde par un coup porté par le premier au visage du second à l’aide du manche d’un couteau. Des passants interviennent pour séparer les deux hommes et Mohamed remonte dans sa voiture et démarre sans regarder derrière lui.
Une fois sa colère retombée, et ayant appris le décès de la victime, Abderrahmane se rendra de lui-même à la police et fera des aveux complets. Il sera inculpé d’homicide volontaire avec préméditation, selon les articles 254, 255, 256, 257 et 261 du code pénal, et encourt la peine de mort.
A la barre du tribunal criminel de première instance, B. Abderrahmane reconnaît les faits mais nie la préméditation : « je n’ai jamais voulu tuer », déclare-t-il en soutenant que le couteau se trouvait dans la voiture et qu’il n’est donc pas allé le chercher chez lui. Pour faire valoir sa bonne foi, il ajoute s’être déplacé à l’hôpital pour s’enquérir de l’état de santé de la victime et s’être rendu à la police dès qu’il a pris connaissance de sa mort. Etait-il en état d’ébriété au moment des faits? « J’avais bu, oui, mais je n’étais pas ivre», répond-il au président.
Imperméable aux arguments présentés et aux regrets exprimés par l’accusé, le représentant du ministère public requit la peine capitale pour meurtre prémédité : « le mis en cause est bien allé chercher le couteau à la maison. Il a attendu la victime et a frappé par deux fois au cœur. Il y a eu préméditation et volonté de tuer », dira-t-il dans son argumentaire en soulignant qu’Abderrahmane avait fait des aveux. Face à des preuves accablantes pour leur client, les deux avocats de la défense ont tenté de mettre en doute la préméditation et la volonté de tuer pour éviter la peine de mort : « Il ne suffit pas d’aller prendre une arme chez soi pour parler d’intention de tuer. La préméditation suppose du temps et de la réflexion. Notre client n’a pas agi froidement mais dans la panique », tentera l’un, alors que l’autre essaiera de faire accréditer la thèse d’une brouille accidentelle qui a mal tourné : « nous sommes ici face à un cas de coups et blessures ayant entraîné la mort, sans intention de la donner».
Après délibérations, les membres du tribunal se rendront aux arguments du ministère public et déclareront B.Abderrahmane coupable de meurtre avec préméditation. Toutefois, ils lui accorderont les circonstances atténuantes.