A cet endroit précis, on croise, M. Kaddour Benkaddour, le célèbre comédien qui a, des années durant, égayé nos soirées devant le petit écran, particulièrement durant le mois de ramadan. Selon les témoignages de beaucoup d’Oranais, c’est son endroit habituel, il est régulièrement là. Quand on approche le comédien, on découvre un homme digne, qui garde le sourire malgré sa situation déplorable. Il aime répéter qu’il ne tend pas la main et que le seul fait qu’il soit aimé et respecté par son public lui fait oublier les vicissitudes de la vie. Il dit être tout le temps à ce même endroit à la recherche d’un rôle à jouer et d’un cachet respectable qui le met hors du besoin. Malgré son âge, il se considère encore au plus fort de sa forme pour faire ce qu’il a toujours su bien faire : jouer dans des films de comédie. Selon ses dires, il est souvent sollicité par des privés activant dans la production cinématographique, mais « ils ne sont pas sérieux, pas possible de discuter à l’avance sur le cachet, sur la base d’un contrat juste, clair et précis…Ils me disent viens et puis on verra… », Note-t-il amèrement. Il raconte que depuis la fin de l’année dernière, il n’a pas touché le moindre petit centime. Il dit vivre grâce à la solidarité familiale. Il tient à préciser aussi qu’il n’a même pas un logement à lui pour loger sa petite famille. Il fait savoir également qu’il est encore hébergé par sa sœur. Il faut rappeler que ce comédien est dans le métier depuis les années 80, et a plus d’une soixantaine de films à son actif, dont «du douar au dollar », « Bila Houdoud », « Batimat hadj Lakhdar » etc. Son âge frôlant aujourd’hui la soixantaine, ce comédien aspire tout naturellement à une pension de retraite et à une couverture sociale pour pouvoir accéder enfin à un repos bien mérité. « Je suis en train de constituer mon dossier de retraite que je vais remettre bientôt à l’Office national des droits d’auteurs et des droits voisins (ONDA) », nous a-t-il dit. A l’ONDA (Oran), l’employée chargée des dossiers de retraite des artistes rassure que les artistes ne sont pas abandonnés à leurs sorts et que tous les dossiers déposés seront traités et ils auront tous droit à une retraite qui les mettra à l’abri du besoin et leur permettra de vivre dignement le restant de leurs jours. Pour étayer ses dires, elle cite le cas de quelques artistes qui, selon elle, perçoivent déjà leurs retraites et disposent également d’une carte de sécurité sociale comme tout le monde. Il y a lieu de souligner enfin que l’intérêt accordé par les pouvoirs publics à l’aspect social des artistes date seulement de quelques années. Précisément, depuis la promulgation du décret exécutif n°14-69 du 9 février 2014 relatif à la protection sociale des artistes.
A Oran, du côté du « Lycée Pasteur », à quelques mètres du jardin « Hasni Chekroun », un triste spectacle rappelle le passant à cette amère réalité, et l’interpelle sur le très peu enviable sort auquel est livré l’artiste, arrivé au bout de sa carrière professionnelle.
Mokhtar A.